Santé - Huit nouveaux départements menacés par le chikungunya et la dengue
Un arrêté du 20 novembre 2015 rajoute huit nouveaux noms à la "liste des départements où les moustiques constituent une menace pour la santé de la population". Cinq d'entre eux sont situés dans la partie Sud de la France : Dordogne, Landes, Lot, Pyrénées-Atlantiques et Tarn-et-Garonne. Les trois autres sont nettement plus septentrionaux, puisqu'il s'agit de l'Ain, du Bas-Rhin et du Val-de-Marne, aux portes de Paris.
Un quart des départements concerné
Cet ajout de huit départements porte à 28 le nombre total de départements inscrits sur la liste. Outre le Tarn et la Vendée, récemment ajoutés par un arrêté du 19 août 2015, celle-ci comprend également les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, l'Ardèche, l'Aude, les Bouches-du-Rhône, la Drôme, le Gard, la Gironde, la Haute-Garonne, l'Hérault, l'Isère, le Lot-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales, le Rhône, la Saône-et-Loire, la Savoie, le Vaucluse et le Var.
Le moustique visé par l'arrêté est le "moustique tigre" (Aedes albopictus), principal vecteur du chikungunya et de la dengue et repéré pour la première fois en 2004 dans les Alpes-Maritimes. Un temps cantonnées aux départements d'outre-mer - d'abord La Réunion, puis les Antilles qui ont connu une violente épidémie de chikungunya, il y a dix-huit moins (voir notre article ci-contre du 15 juillet 2014) -, ces deux maladies sont désormais bien présentes en métropole.
Entre le 1er mai et le 27 novembre 2015, l'Institut de veille sanitaire (InVS) a ainsi recensé 127 cas importés et confirmés de dengue, 30 cas importés et confirmés de chikungunya et 6 cas autochtones de dengue (à Nîmes).
Si on raisonne par "régions de surveillance renforcée", la région Paca compte 72 cas (60 cas de dengue et 12 cas de chikungunya), Rhône-Alpes 38 (30+8), Midi-Pyrénées 18 (16+2), Languedoc-Roussillon 14 (12+2, dont les 6 cas autochtones de dengue), Aquitaine 14 (9+5) et Corse 1 (0+1). Deux autres régions placées en surveillance renforcée n'ont encore enregistré aucun cas à ce jour : la Bourgogne et les Pays de la Loire.
Un dispositif à plusieurs volets
Face à Aedes albopictus et à ces deux maladies, le dispositif mis en place comporte plusieurs volets. Le premier concerne la surveillance entomologique, autrement dit la surveillance de la dissémination du moustique tigre. Cette surveillance est renforcée chaque année à compter du 1er mai, période à partir de laquelle le moustique devient actif.
Le second volet concerne la surveillance des cas humains, jusqu'alors exclusivement des cas importés, auxquels s'ajoutent aujourd'hui des cas autochtones. Ce suivi épidémiologique est assuré par l'InVS.
Enfin, le troisième volet implique les collectivités territoriales, puisqu'il concerne la prévention de la dissémination du moustique et l'information du public. Il s'agit notamment d'éliminer les zones d'habitat et de reproduction d'Aedes albopictus, qui correspondent aux eaux stagnantes : soucoupes des pots de fleurs, arrosoirs pleins et non utilisés, vases, gouttières mal entretenues, pneus usagés...
Des actions d'information sont également menées à destination des particuliers pour les inciter à traiter ou éliminer ces eaux stagnantes. De même, et si nécessaire, des messages d'information peuvent être diffusés sur les mesures personnelles de protection contre les piqûres d'Aedes albopictus : utilisation de répulsifs, port de vêtements longs et amples, utilisation d'une moustiquaire pendant la nuit... Toutes ces mesures sont coordonnées par les préfets, en liaison avec les départements et les communes concernées.
Jean-Noël Escudié / PCA
Références : Arrêté du 20 novembre 2015 modifiant l'arrêté du 26 août 2008 fixant la liste des départements où les moustiques constituent une menace pour la santé de la population (Journal officiel du 1er décembre 2015).