Santé - Dengue et chikungunya : le vecteur désormais présent dans 37 départements métropolitains
Une instruction ministérielle du 16 avril 2015, émanant de la direction générale de la santé, alerte sur l'extension de la dengue et du chikungunya en métropole, ou plus précisément sur la dissémination de son vecteur Aedes albopictus, souvent appelé communément moustique tigre. Par la même occasion, l'instruction de la DGS livre, en annexe, une nouvelle version du "Guide relatif aux modalités de mise en œuvre du plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole". La parution de cette circulaire ne doit rien au hasard, puisque la période d'activité d'Aedes albopictus s'étend en principe de début mai à fin novembre.
Le moustique tigre gagne le Nord
Implanté depuis de nombreuses années dans les départements français de l'Océan indien - puis aux Antilles où il a été l'an dernier à l'origine d'une sérieuse crise sanitaire (voir notre article ci-contre du 15 juillet 2014) -, Aedes albopictus est arrivé en métropole en 2004. Il s'est d'abord développé "de manière significative" dans vingt départements du sud de la France. En 2014, il a été repéré à Paris et dans seize autres départements, y compris au Nord du pays : Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Loir-et-Cher, Vendée, Deux-Sèvres, Charente-Maritime, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Côte d'Or, Yonne, Tarn, Haute-Loire, Lozère et Hautes-Alpes. Le moustique tigre "continue ainsi à s'implanter durablement".
Face à cette dissémination, l'instruction rappelle le plan national anti-dissémination du chikungunya et de la dengue, adopté en 2006, et qui prévoit, pour la métropole, la mise en place d'une surveillance entomologique et épidémiologique afin de prévenir et évaluer les risques de dissémination, renforcer la lutte contre les moustiques vecteurs, informer et mobiliser la population et les professionnels de santé et développer la recherche et les connaissances.
L'importance d'une "chaîne de commandement claire et structurée"
L'instruction insiste particulièrement sur l'attention à porter aux moyens de lutte anti-vectorielle. Les arrêtés préfectoraux prévus par la loi du 16 décembre 1964 relative à la lutte contre les moustiques prescrivent notamment "l'intervention des départements ou de leurs opérateurs publics de démoustication autour des cas virémiques importés et des cas autochtones".
Elle souligne également la nécessité "de disposer d'une chaîne de commandement claire et structurée, notamment dans un contexte de maladie émergente et de difficulté d'anticipation de la durée, de l'intensité ou de la dynamique d'une épidémie". A l'échelon départemental, il appartient au préfet d'animer et de piloter l'action, "à travers la mise en place d'une cellule départementale de gestion".
Au niveau régional, l'agence régionale de santé (ARS) vient en appui du préfet et coordonne les mesures sanitaires. Il est prévu que le rôle de l'ARS monte en puissance en cas de situation sanitaire exceptionnelle. Enfin, à l'échelon national, la DGS "définit la stratégie de gestion en fonction de la situation épidémiologique et entomologique à chaque niveau de plan et coordonne l'ensemble des acteurs, notamment en lien avec la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, en cas de mise en place d'un dispositif de renforts exceptionnels".
La circulaire propose en annexe une version actualisée d'une centaine de pages du guide relatif aux modalités de mise en œuvre du plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole.
Références : instruction DGS/RI1/2015/125 du 16 avril 2015 mettant à jour le guide relatif aux modalités de mise en œuvre du plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole.