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Santé - Marisol Touraine au chevet d'une "épidémie majeure" de chikungunya dans les Antilles

Le 16 juillet, Marisol Touraine s'envolera pour un déplacement de trois jours en Guadeloupe et en Martinique. Objectifs : "Suivre, sur le terrain, l'évolution de l'épidémie de chikungunya et rappeler la mobilisation totale du gouvernement, des autorités sanitaires et des services de l'Etat pour prévenir toute aggravation de la situation en ce début de période estivale".

Trente-trois décès depuis le début de l'année

Le chikungunya est une arbovirose, autrement dit une maladie virale transmise par un arthropode, en l'occurrence un moustique : Aedes albopictus ou moustique tigre. Celui-ci transmet le virus d'une personne à l'autre par simple piqûre. La durée d'incubation est de quatre à sept jours. La maladie se manifeste alors par une fièvre élevée, des maux de tête, des courbatures et des douleurs articulaires qui peuvent être intenses. Il n'existe ni vaccin, ni traitement spécifique (les symptômes étant traités isolément). En revanche, une fois guéries, les personnes atteintes ne sont plus exposées.
Qualifiée par la ministre des Affaires sociales et de la Santé d'"épidémie majeure", le chikungunya a déjà touché environ 100.000 personnes aux Antilles et donné lieu à un millier d'hospitalisations. Bien que le chikungunya soit une maladie à déclaration obligatoire depuis avril 2006 (en même temps que la dengue, également transmise par le moustique tigre), ce chiffre de 100.000 malades est sans doute largement sous-estimé, car les cas bénins ne donnent pas toujours lieu à consultation d'un médecin et certaines personnes, qui comptent déjà un malade dans leur entourage, pratiquent l'automédication, les symptômes de la maladie étant facilement identifiables.
Depuis l'apparition de l'épidémie en décembre dernier - et même si le chikungunya reste relativement bénin lorsqu'il touche des personnes en bonne santé -, la maladie a provoqué le décès de 33 personnes âgées fragilisées. Sa progression semble toutefois se ralentir légèrement depuis deux ou trois semaines, mais le nombre de nouveaux cas reste élevé : entre 2.500 et 3.000 nouveaux cas déclarés par semaine en Martinique et entre 5.000 et 5.500 en Guadeloupe. En outre, le communiqué de la ministre de la Santé précise que "le début de la période estivale et de la saison des pluies, propices à la reproduction du moustique vecteur, fait craindre une augmentation du nombre de cas".

Tourisme : le précédent de La Réunion

Au-delà de son impact sanitaire et de ses effets sur l'activité (journées de travail perdues), le chikungunya pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le tourisme antillais, déjà fragilisé par la crise sociale de 2009, une image de marque dégradée et une politique de promotion récemment jugée inefficace par la Cour des comptes (voir notre article ci-contre du 11 février 2014).
L'exemple de l'épidémie de chikungunya à La Réunion, en 2005 (266.000 personnes atteintes et 250 décès), montre que les conséquences en la matière peuvent être lourdes et durables, malgré les efforts de relance de la destination (voir notre article ci-contre du 20 septembre 2006). En évoquant "le début de la saison estivale" dans son communiqué, Marisol Touraine a elle aussi en tête cette dimension touristique, essentielle pour l'économie antillaise.

La métropole aussi...

Enfin, il faut rappeler que la métropole n'est pas épargnée par la présence du moustique tigre, même si les cas avérés de chikungunya demeurent des cas d'importation. Depuis la première colonisation identifiée dans les Alpes-Maritimes, en 2004, Aedes albopictus est présent désormais dans 18 départements métropolitains (vigilance rouge), en Paca, en Languedoc-Roussillon, le long de la Garonne et jusqu'au département du Rhône (voir notre article ci-contre du 21 mai 2014). S'y ajoutent 11 départements en vigilance orange et, au total, 52 départements en situation de veille entomologique.
Depuis le mois de mai, 47 cas de chikungunya et 15 cas de dengue ont été identifiés en métropole mais, selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), ils proviennent "à 95% de personnes revenant des Antilles". Or, entre les vacanciers venant de métropole et les Antillais travaillant en métropole et qui rentrent pour quelques semaines dans leur famille, près de 400.000 personnes devraient faire un aller-retour durant cet été...

 

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