Logement - Huit maires sur dix veulent que l'Etat mette des terrains à disposition
A l'occasion de la campagne présidentielle, le Forum pour la gestion des villes et des collectivités territoriales a commandé à l'institut CSA une nouvelle vague de son enquête intitulée "Les maires et la préoccupation pour le logement et l'habitat". Réalisée du 1er au 15 mars auprès d'un échantillon représentatif de 250 maires, adjoints au maire ou adjoints au logement de communes de plus de 10.000 habitants, l'étude apporte un éclairage intéressant sur l'état d'esprit et les attentes des maires en la matière.
On ne s'étonnera pas que 76% d'entre eux placent le logement parmi les problèmes dont il faudrait s'occuper en priorité, juste derrière l'emploi (77%) et loin devant l'éducation, la santé et les transports en commun (30% chacun). Par rapport à la précédente vague de cette enquête, réalisée en mars 2007, la préoccupation relative au logement progresse de 15 points. Les principales préoccupations exprimées par les maires en la matière portent d'abord sur les coûts d'accès au logement - prix des logements neufs (81% de citations), montant des loyers (78%) et prix des logements anciens (68%) - avant les considérations relatives au nombre de logements sociaux (67%), au nombre d'ensemble des logements disponibles (65%) et au foncier disponible (64%).
Interrogés sur les principaux obstacles qu'ils rencontrent en matière de logement, les maires citent la disponibilité du foncier (63%), le désengagement de l'Etat (58%, soit une hausse de 24 points par rapport à 2007), la capacité financière de la commune (48%), la complexité des procédures (33%) et leur durée (28%). Parmi les solutions jugées efficaces pour surmonter les difficultés du logement, deux se détachent nettement aux yeux des maires : la mise à disposition par l'Etat de terrains dont il est propriétaire (83% de citations) et l'abaissement de la fiscalité à 7% pour la construction de la résidence principale (82%). En revanche, la réduction des droits de mutation et l'augmentation de 30% des droits à construire ne recueillent respectivement que 52% et 32% de citations favorables.
Oui à l'hébergement d'urgence, non à la densification
Les maires sont toutefois conscients que la réponse ne peut pas être uniquement publique. En effet, 89% d'entre eux considèrent que les investisseurs privés, personnes physiques, doivent être présents pour augmenter l'offre locative de leur commune. La réponse n'est toutefois pas très discriminante, puisque 90% des répondants considèrent également que les investisseurs institutionnels doivent contribuer à augmenter l'offre locative de leur commune.
Interrogés sur les publics prioritaires en matière de logement, les maires citent en premier lieu les familles en général (66% de citations), les familles monoparentales (55%), loin devant les personnes âgées (34%), les personnes seules et les étudiants (17% chacun). Plus de huit élus sur dix (81%) se disent par ailleurs prêts à réserver ou préempter du foncier disponible avec les moyens d'un établissement public foncier (EPF). Parmi les autres mesures envisagées viennent ensuite la réservation ou la préemption sur les seuls moyens de la commune (54%) ou la création de nouveaux quartiers en périphérie (50%). Près des deux tiers des répondants (65%) se disent par ailleurs prêts à ouvrir les bâtiments publics de leur commune pour l'hébergement d'urgence des personnes SDF, tandis que 60% se déclarent prêts à libérer un terrain communal ou un stade pour le logement provisoire de familles de leur commune en grande précarité pendant la période de grand froid.
Une très grande majorité de maires (89%) se dit également prête à investir davantage dans la construction de logements durables. Cette proportion est toutefois en léger recul par rapport à 2007 (93%).
Enfin, les maires s'attendent à une progression de la population de leur commune dans les dix prochaines années, qu'ils évaluent à environ 10%. Malgré ces nouveaux besoins attendus, ils restent cependant très hostiles à la création de villes nouvelles (80% de réponses négatives) et plus encore à la construction d'immeubles de grande hauteur (91%). Les deux tiers d'entre eux pensent d'ailleurs que leurs administrés ne sont pas favorables à une densification de leur commune, sauf si celle-ci permettait de maîtriser efficacement le prix des logements.