Lutte contre l'exclusion - Hébergement : les associations déçues malgré l'enveloppe de 75 millions d'euros
Comme annoncé en juillet dernier après le choc créé par la démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social (voir notre article ci-contre du 22 juillet 2011), François Fillon a reçu, le 26 septembre, le "Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement des personnes sans abri et mal-logées". Celui-ci se déclare cependant déçu par cette rencontre. Pour les 31 associations regroupées au sein du collectif, "le gouvernement français n'a pas conscience de l'état de précarité de certaines personnes. L'Etat et nous, les associations, ne voyons pas la même France !". De façon plus large, les acteurs de l'hébergement "tirent un bilan peu positif des mesures prises depuis 2008 pour la refondation du secteur du logement et de l'hébergement et demandent une mobilisation plus forte du gouvernement : établissement d'un cadre de réformes pérenne, mise à l'abri inconditionnelle, arrêt des expulsions sans proposition de relogement". Au final, "le bilan n'est pas inexistant, mais il est faible". Le collectif demande donc, sans attendre les présidentielles, "des mesures d'urgence et des mesures structurelles".
Le Premier ministre a pourtant annoncé une enveloppe de 75 millions d'euros supplémentaires pour l'hébergement d'urgence et l'accès au logement. Répartis sur 2011 et 2012, ces crédits "permettront de conforter les structures existantes et de renforcer les dispositifs visant à faciliter la sortie de l'hébergement et l'accompagnement vers le logement, tels que les pensions de famille et l'intermédiation locative". Cette enveloppe se traduit par un solde net de 35 millions d'euros, compte tenu des 40 millions d'euros de crédits supprimés sur le budget 2011. François Fillon a également annoncé son intention de réunir les préfets et demandé à Nathalie Kosciusko-Morizet et à Benoist Apparu "de lui rendre compte à intervalles réguliers de l'état d'avancement de cette politique au cours des mois à venir". De son côté, Benoist Apparu a indiqué que "les dotations budgétaires pour le monde associatif pour les années 2011 et 2012 seraient équivalentes à celles de 2010".
Défendant le bilan du gouvernement en la matière, François Fillon a rappelé que la politique mise en œuvre par le gouvernement a permis, depuis 2007, la création de 25.000 places d'hébergement (+27%), portant la capacité totale à 116.000 places. Par ailleurs, 17.000 places sont en cours de rénovation ou de construction. Du côté budgétaire, l'enveloppe affectée aux dispositifs de veille sociale, d'hébergement et de logement adapté a progressé de 30% en trois ans, passant ainsi de 874 millions d'euros en 2007 à 1.130 millions en 2010.
Ces arguments n'ont pas suffi à emporter l'adhésion des associations. Au-delà de la question des crédits, le différend porte sur la mise en œuvre, par le gouvernement, de la politique du "logement d'abord", consistant à privilégier les solutions plus durables plutôt que l'hébergement d'urgence (voir notre article ci-contre du 26 avril 2011). Si les associations ne contestent pas le principe d'une telle évolution, elles considèrent en revanche que relâcher l'effort sur l'hébergement d'urgence, alors que l'accès au logement est loin d'être acquis - comme le montrent les résultats mitigés du droit au logement opposable (Dalo) - revient en quelque sorte à mettre la charrue avant les boeufs.