Développement durable - Grenelle de l'environnement : les préparatifs reprennent
Après une courte trêve estivale, les six groupes de travail chargés de préparer le "Grenelle de l'environnement" reprendront leurs réunions en séances plénières à partir du 3 septembre. En outre, au cours d'un séminaire gouvernemental également consacré à la préparation du Grenelle de l'environnement le 30 août à Matignon, François Fillon a demandé à tous les ministres de fournir un bilan carbone de leurs administrations avant le 1er janvier 2008.
Fin septembre, les conclusions des groupes de travail devront être publiées. Elles seront enrichies par la consultation du grand public via internet et lors de réunions en régions au cours de la première quinzaine d'octobre. Fin octobre, organisations de défense de l'environnement, patronat, collectivités territoriales, syndicats, représentants de l'Etat et de la société civile se réuniront autour d'une même table pour tenter de se mettre d'accord sur 15 à 20 mesures concrètes en faveur du développement durable.
De nombreuses propositions ont été faites depuis la mi-juillet. "On a été submergés de contributions volontaires. On est à un moment historique où il peut se passer quelque chose de fort", a assuré Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'Ecologie. "Le Grenelle représente peut-être une opportunité pour passer des beaux discours aux actes", a estimé de son côté Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement (FNE).
Sujets épineux
Le consensus risque pourtant d'être difficile à atteindre dans certains domaines comme le nucléaire. Si la secrétaire d'Etat à l'Ecologie a annoncé qu'il ne constituait pas "un sujet tabou", le gouvernement ne tient pas à revenir sur les décisions déjà prises comme celle de la construction du réacteur nucléaire de 3e génération EPR, qui suscite la colère des écologistes. En revanche, les participants au Grenelle ont a priori plus de chances d'être entendus sur les OGM. Alors qu'une directive européenne sur les OGM avait été hâtivement transposée par décrets en mars, escamotant ainsi un débat au Parlement, le gouvernement a finalement annoncé le 23 août qu'une loi serait élaborée pour réglementer les cultures transgéniques et leur coexistence avec les cultures traditionnelles. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durable a en outre précisé le 28 août qu'à l'issue du Grenelle de l'environnement, une "Haute Autorité" sur les OGM, qu'il souhaite "indiscutable", serait mise en place.
La question des transports donne aussi matière à débats. Dans une interview parue le 30 août dans Libération, Jean-Michel Bodin, vice-président de la région Centre mandaté par l'Association des régions de France (ARF) pour siéger au Grenelle de l'environnement, s'inquiète de la décision de la SNCF d'arrêter l'activité fret de 260 gares à compter du 30 novembre. "Avec ces fermetures massives, le chemin de fer se trouverait affaibli au moment où tous les experts nous expliquent, à juste titre, qu'il faudrait favoriser le ferroutage au détriment du transport routier, jugé plus polluant. Avant de poursuivre sur cette voie, nous demandons un moratoire." Du côté des transports de voyageurs, le Groupement des autorités responsables de transports (Gart), espère que le Grenelle de l'environnement sera l'occasion pour l'Etat de confirmer de nouveaux financements pour les transports collectifs. Car pour le Gart, la suppression depuis 2003 des subventions de l'Etat aux transports collectifs a enrayé la dynamique "mobilité durable".
Parmi les autres sujets phares qui devraient figurer au menu du Grenelle de l'environnement figurent aussi les économies d'énergie, avec la question de la rénovation de l'habitat ancien, la réorientation de la fiscalité environnementale, la création d'un "réseau écologique national" en consolidant le réseau Natura 2000, et la transformation du Conseil économique et social en "Conseil économique, social et environnemental".
Anne Lenormand avec AFP