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Grenelle de l'environnement - Les groupes de travail à pied d'oeuvre

Les présidents et vice-présidents des six groupes de travail thématiques chargés de préparer les propositions du Grenelle de l'environnement se sont réunis pour la première fois le 6 juillet. Les collectivités sont représentées dans ces groupes.

Le coup d'envoi officiel des travaux préparatoires du "Grenelle de l'environnement" a été donné ce 6 juillet avec la première réunion entre Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'Ecologie et les présidents et vice-présidents des six groupes de travail thématiques chargés d'ouvrir le débat et d'élaborer des propositions pour le grand rendez-vous d'octobre entre parties prenantes.
"Ces groupes sont présidés par des personnalités dont la caractéristique première est leur grande indépendance d'esprit, a justifié Jean-Louis Borloo lors de leur présentation. Ils ont été conçus pour offrir une grande concentration de savoirs mais aussi de confrontations. Certains sujets feront l'objet d'arbitrages démocratiques en cas de désaccord." "Il n'y aura pas de sujets tabous lors des discussions", a confirmé Nathalie Kosciusko-Morizet.

 

Des ateliers dédiés aux transports, au bâtiment et à l'énergie

Le premier groupe, consacré à la lutte contre les changements climatiques et la maîtrise de l'énergie est coprésidé par l'économiste Nicholas Stern, auteur d'un rapport de référence pour le gouvernement britannique sur l'impact économique du réchauffement climatique, et par Jean Jouzel, directeur de recherche au CEA et représentant français au sein du Giec, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Le climatologue Edouard Bard et l'architecte et urbaniste Yves Lion assurent la vice-présidence du groupe qui sera subdivisé en trois ateliers. L'un sera dédié aux transports et aux déplacements (déplacements urbains et transports collectifs, infrastructures, report modal et fret, véhicules individuels), un autre au bâtiment et à l'urbanisme (étalement urbain, rénovation, nature des constructions et isolation, règles d'urbanisme) et un troisième à l'énergie et au stockage du carbone (maîtrise de la demande, filières nucléaire, thermique et renouvelable, stockage du carbone, biocarburants).
Le deuxième groupe de travail, consacré à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, est le seul à être dirigé par des élus. Son président est Jean-François Legrand, sénateur et président du conseil général de la Manche, président de l'Association nationale des élus des zones humides, et sa vice-présidente Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord, membre de l'office parlementaire des choix scientifiques et technologiques et ancienne présidente du conseil régional Nord-Pas-de-Calais. Un atelier sera consacré au patrimoine naturel (conservation des espèces, forêts, paysages, aménagement rural et biodiversité ordinaire, mer, littoral, montagne, zones humides) et un second aux ressources naturelles (eau, ressources halieutiques, biodiversité ultramarine, sols).
Le troisième groupe de travail, présidé par Dominique Maraninchi, président du conseil d'administration de l'Institut national du cancer, traitera des rapports entre environnement et santé (réduction des substances toxiques, qualité de l'air, déchets, réduction des pollutions agricoles, industrielles et urbaines, qualité de l'alimentation, OGM).
Le quatrième groupe a pour thème de travail l'adoption de modes de production et de consommation durables (agriculture, pêche, agroalimentaire, distribution, forêts et usages durables des territoires). Coprésidé par Jean-Robert Pitte, président de l'Université Paris-Sorbonne, et l'écrivain Denis Tilinac, il bénéficie aussi de la participation du philosophe Michel Serres. Laurence Tubiana, inspectrice générale de l'agriculture et directrice de la chaire de développement durable à l'Institut d'études politiques de Paris assure la vice-présidence de ce groupe.
Le cinquième groupe de travail va traiter des institutions et de la gouvernance pour "construire une démocratie écologique". Sa présidente est l'ancienne secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat, aujourd'hui présidente de Vigeo, agence de notation sur la responsabilité sociale des entreprises. Enfin, le sixième groupe planchera sur la manière de promouvoir des modes de développement écologiques "favorables à la compétitivité et à l'emploi". Présidé par Roger Guesnerie,  président de l'Ecole d'économie de Paris, il abordera notamment les thèmes de la recherche et de l'innovation, de la fiscalité écologique et de la modification des comportements, de l'"économie de la fonctionnalité" et de la publicité responsable.

 

Premières propositions en septembre

Les groupes de travail sont composés de 40 membres répartis en 5 collèges - Etat, collectivités territoriales (via les associations d'élus), ONG, employeurs et salariés. Ils vont démarrer leurs travaux le 16 juillet, a précisé Jean-Louis Borloo pour aboutir à une première mouture de propositions autour du 22 septembre. Celles-ci seront alors soumises à un débat public sur internet et lors de réunions interrégionales, en métropole et outre-mer. Pour chaque proposition d'action, les groupes de travail devront remettre une "fiche action précisant les obstacles (juridiques, sociaux ou budgétaires), le financement, le calendrier et le plan de suivi", a détaillé le ministre qui a estimé que 15 à 20 programmes prioritaires devraient résulter de ces travaux.
Cependant, malgré l'ambition du chantier, certaines ONG ont exprimé leur inquiétude concernant l'issue de ces travaux car le ministre, en détaillant le calendrier, a glissé rapidement sur le cadre formel d'adoption du futur "plan d'action". "Il y a une inquiétude sur le moment final : y a-t-il encore un Grenelle en vue, une table-ronde qui négociera les engagements ?", s'interroge Christophe Aubel, de la Ligue Roc, associée aux travaux sur la biodiversité et la gouvernance. Le président de la République "a pris un engagement extrêmement clair sur la tenue de négociations", rappelle Yannick Jadot, de Greenpeace, au nom de l'Alliance pour la planète. "Pour nous, sans négociations, il n'y aurait plus de Grenelle". Pour la Fédération France Nature Environnement (FNE), Arnaud Gossement s'est voulu plus rassurant : "Pour nous, il y aura bien un Grenelle. Mais personne ne sait encore dire comment il fonctionnera." Selon le ministère, "certains calages", précisant la dernière étape du Grenelle de l'environnement, devraient être annoncés lors du prochain Conseil des ministres.

 

Anne Lenormand avec AFP

 

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