Archives

Métropolisation - Grand Alès et Nîmes Métropole : l'émergence d'une grande métropole du Sud

Les deux communautés d'agglomération Grand Alès et Nîmes Métropole ont décidé de s'unir pour travailler sur des projets communs relatifs à la culture, au tourisme, à l'urbanisme, à l'habitat ou encore au développement économique. Le projet a été initié en 2005, quand la Datar, aujourd'hui Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité (Diact), a lancé un appel à projets aux communautés urbaines pour encourager les regroupements. Grand Alès et Nîmes Métropole y répondent ensemble pour créer ce que Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de Nîmes, qualifie de "sas de métropolisation". Le 1er mars 2007 naît ainsi l'Association pour l'émergence d'un projet commun de développement des agglomérations d'Alès et de Nîmes, co-présidé par Max Roustan, député-maire d'Alès, et Jean-Paul Fournier. Un nouveau territoire de 530.000 habitants est alors créé autour de trois Scot (schémas de cohérence territoriale) : Pays des Cévennes, Sud du Gard et Uzège-Pont du Gard. Quelques dossiers prioritaires émergent, comme l'achèvement de la 2x2 voies, le raccordement à l'autoroute A9, la modernisation de la ligne SNCF Nîmes-Alès, et la mise en place d'une politique commune de l'eau et des risques. "S'associer, beaucoup y pensent. Nous, nous l'avons fait", a expliqué Jean-Paul Fournier, lors d'une conférence organisée à l'occasion du Salon des entrepreneurs, le 4 février 2009. Le sénateur du Gard mise beaucoup sur la "métropolisation". "Il faudra qu'on arrive à élargir notre démarche à Montpellier, Sète, Avignon pour concurrencer des villes comme Barcelone", explique-t-il. L'association entre les deux villes assure ainsi au territoire un meilleur rayonnement mais elle permet aussi aux municipalités d'avancer ensemble sur certains projets. Un cluster dédié à la gestion des risques devrait ainsi bientôt être créé et un institut méditerranéen des métiers de la longévité (L2ML) devrait aussi émerger de ce rapprochement. Dernièrement, le 29 janvier 2009, un grand projet de développement urbain a été accepté et validé par le comité régional de programmation. Un projet qui concerne plus particulièrement les zones en mutation de l'est nîmois et du centre d'Alès et qui bénéficie d'un budget prévisionnel de 15 millions d'euros, dont 5 millions issus du Fonds européen de développement régional (Feder). Autre intérêt de la démarche : mutualiser les moyens. "Si les municipalités s'allient, elles sont plus efficaces que les départements", assure ainsi Max Roustan, qui avoue que si ce type de rapprochement a lieu, "c'est aussi parce qu'il y a des lacunes et que certaines collectivités n'assument pas totalement leurs compétences". Une manière aussi de dépasser les frontières administratives. "Le pôle de compétitivité Orphem par exemple s'étend de Montpellier à Marseille en passant par Nîmes ; dans ce projet, on voit bien que les frontières administratives ne veulent plus rien dire", explique Franck Proust, deuxième adjoint au maire de Nîmes, qui estime qu'on assiste à "une véritable révolution culturelle". "Le comité Balladur réfléchit au phénomène émergent de métropolisation, analyse Franck Proust, c'est donc qu'il y a quelque chose d'intéressant là-dedans."

 

Emilie Zapalski

 

Désenclavement numérique

Les technologies de l'information et de la communication ne sont pas oubliées dans le projet Grand Alès et Nîmes Métropole. "Pour simplifier, la ville de Nîmes était surtout mobilisée jusqu'ici sur le déploiement des infrastructures à haut débit, tandis qu'Alès avait pris plus d'avance dans le domaine des services", résume Jacques Mounis, directeur général adjoint de la ville de Nîmes et un des deux animateurs du rapprochement. Afin d'harmoniser la stratégie de développement numérique du territoire élargi, un nouveau directeur des systèmes d'information devra notamment mener à bien le déploiement de cyber-bases emploi dans l'agglomération nîmoise. Pour sa part, Alès compte déjà 36 cyber-bases : une par commune à l'échelle de l'agglomération et une par EPCI à l'échelle du Pays des Cévennes. "Elles servent à la fois d'espace pour le télétravail et pour la sensibilisation du grand public. Nous allons les réorienter progressivement vers les usages des demandeurs d'emploi en lien avec l'ANPE", confie Stéphanie Feybesse, en charge du développement économique.
Par ailleurs, le député-maire d'Alès, Max Roustan, rappelle avoir signé récemment un marché de fourniture et une délégation de service public pour dix ans afin d'accélérer l'arrivée du haut débit pour 90% de la population et 88 communes situées en zone blanche ADSL. La population devrait disposer dans 59 semaines d'un accès internet sans fil grâce à un raccordement par voie hertzienne (Wifi dans la bande 5,4 GHz). L'affermage et la construction des infrastructures ont été confiés à l'opérateur Escot-MeshNet.
Autre projet, côté culture, le rapprochement des bases de données des médiathèques des deux villes est déjà à l'étude. Côté innovation, l'incubateur d'entreprises de l'Ecole des mines d'Alès prouve que les deux métropoles ont déjà su construire les passerelles nécessaires "pour bien guider les chefs d'entreprises selon leurs besoins". Gilles Cavallucci, président du directoire de h2I Technologies, est venu témoigner du parcours de sa société, née au sein de l'incubateur puis accompagnée par Innov'up Nîmes, et aujourd'hui leader européen des périphériques sans fil pour téléphones mobiles.

Luc Derriano / EVS