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Conférence sociale - François Hollande veut mieux former les chômeurs aux métiers sans candidat

En ouvrant la deuxième conférence sociale du quinquennat, jeudi 20 juin, le président de la République a confirmé son intention de lancer un plan d'action sur les emplois qui ne trouvent pas preneur et sur la formation des chômeurs. Il a par ailleurs proposé de lier "contrat d'apprentissage" et "engagement d'embauche". Mais pour parvenir à une inversion de la courbe du chômage à la fin de l'année, il compte aussi sur un recours massif aux emplois aidés.

"Si je ne devais retenir qu'un seul enjeu, c'est celui de l'emploi." En ouvrant la conférence sociale des 20 et 21 juin au Palais d'Iéna, François Hollande n'a pas minimisé les difficultés : "Plus de 10% de la population active privée d'emploi, 3 millions de demandeurs (d'emploi), 5 millions si on inclut toutes les catégories, c'est un gâchis pour l'économie", a-t-il déclaré. Le président de la République a cependant maintenu son engagement d'une inversion de la courbe du chômage à partir de la fin de l'année.

Plan d'action pour les emplois sans candidat

Pour y parvenir, François Hollande a tout d'abord confirmé qu'il souhaite mettre en place un plan d'action pour les emplois sans candidat, en mettant l'accent sur la formation des demandeurs d'emploi.
Relevant, comme il l'avait fait lors de son déplacement à Blois début mars, qu'il y a "200.000 à 300.000 recrutements" pour lesquels il n'y a pas de candidat, par exemple dans l'aéronautique, le chef de l'Etat a proposé "une action conjointe Etat, Pôle emploi, régions, partenaires sociaux, organismes de formation et entreprises", pour former "massivement et rapidement" les demandeurs d'emploi. Ce plan s'appuierait sur une évaluation des besoins "territoire par territoire". 
Le président n'a pas exclu des incitations financières et des facilités de logement pour régler les problèmes de mobilité et les problèmes d'écarts de salaires.
Lundi sur RTL, le leader de la CFDT Laurent Berger avait évalué à 45.000 emplois par an les besoins en main d'œuvre dans l'industrie, sur cinq ans.
Quant aux régions, qui financent plus de la moitié de la formation des chômeurs, elles se disent prêtes à relever le défi, notamment en prenant des avenants à leurs gros marchés de formation.

Emplois aidés

Pour inverser la courbe du chômage, François Hollande compte également sur la montée en puissance des emplois aidés pour atteindre 440.000 contrats (une réserve de deux milliards d'euros avait d'ailleurs été prévue dans le budget 2013). Il a par ailleurs une nouvelle fois lancé "un appel" aux collectivités, entreprises et partenaires sociaux pour que les deux dispositifs destinés aux jeunes, que sont les emplois d'avenir et les contrats de génération, décollent. Selon lui, 33.000 emplois d'avenir seront signés fin juin, sur un objectif de 100.000 à la fin de l'année. Là encore, les régions se mobilisent et se disent prêtes à soutenir les associations et les petites collectivités, qui n'en auraient pas les moyens, à recourir aux emplois d'avenir.
Le président de la République a aussi rappelé avoir demandé au ministre du Travail, Michel Sapin, d'user de "toutes les souplesses" permises par la réglementation et d'étendre davantage le dispositif au secteur privé.

Prime pour l'emploi et RSA-activité

Comme le préconise le rapport Sirugue, le chef de l'Etat a appelé le gouvernement à décider "d'une nouvelle articulation entre la prime pour l'emploi et le RSA-activité, pour favoriser autant que possible l'incitation à l'emploi". Il a souhaité que la prochaine réforme menée par les partenaires sociaux à l'automne soit l'occasion "de simplifier les mécanismes, de mettre en oeuvre les droits rechargeables prévus par la loi de sécurisation de l'emploi, de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'inquiétudes nouvelles pour les demandeurs d'emploi".

Apprentissage

Le président a enfin fixé l'objectif d'atteindre, au moins, "500.000 apprentis dans les trois prochaines années", contre 435.000 aujourd'hui (1,5 million en Allemagne). Il a proposé une "idée" : les PME qui accueillent des alternants pourront être mieux associées à la définition des contenus des formations comme elles le réclament. En contrepartie, l'entreprise qui participera à la formation du jeune et à son accompagnement en alternance devra s'engager à lui signer un contrat d'embauche au terme du parcours.
Il y a deux jours, la vice-présidente de la commission formation à l'Association des régions de France (ARF), Pascale Gérard, avait appelé les entreprises, notamment les grandes, à respecter les quotas. "Les grandes entreprises doivent s'y mettre", avait-elle lancé.
L'apprentissage, et notamment la réforme de la taxe d'apprentissage, fera partie du projet de loi sur la formation professionnelle préparé par Michel Sapin, attendu pour la fin de l'année. Lundi, le ministre a fait savoir à l'agence AEF que les dispositions actuellement contenues dans le deuxième texte sur la décentralisation concernant les compétences des régions en matière de formation et d'orientation pourraient, en fin de compte, figurer dans le projet de loi sur la formation professionnelle.

Feuille de route

A l'issue de cette "grande conférence sociale pour l'emploi", composée de six tables rondes, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dressera un premier bilan, vendredi, et précisera les orientations retenues par le gouvernement. Dans la foulée, une feuille de route listera les chantiers de réforme que l'exécutif souhaite voir aboutir d'ici la prochaine conférence sociale, dans un an.