Emploi des jeunes - François Hollande souhaite étendre les emplois d'avenir à certaines entreprises
"On a souri sur la boîte à outils, encore que quand vous tombez en panne, mieux vaut trouver des outils que rien du tout." François Hollande a choisi le ton de la plaisanterie, mardi, pour présenter la panoplie déployée depuis son arrivée pour combattre le chômage des jeunes qui atteint des records dans les quartiers : pacte de compétitivité, réforme du marché du travail, création des emplois d'avenir, contrats de génération, banque publique d'investissement, loi bancaire… Il en a profité pour annoncer quelques aménagements. Et contrairement à ce que laissait entendre le ministre du Travail, Michel Sapin, ces deniers jours, François Hollande a ouvert la voie à une extension des emplois d'avenir au privé. Il faut "dans certaines conditions, que les entreprises, pas seulement de l'économie sociale et solidaire, mais aussi celles qui font un effort exceptionnel de formation et de qualification, puissent accéder aux emplois d'avenir", a-t-il déclaré, lors d'un déplacement aux Mureaux (Yvelines), accompagné de deux ministres, François Lamy (Ville) et Benoît Hamon (Economie sociale et solidaire). Mais le président de la République a bien maintenu la cible prioritaire de ce dispositif phare du quinquennat, dénonçant le "paradoxe que les jeunes des quartiers qui sont les plus touchés par le chômage ont le plus de mal à accéder à ce dispositif faute d'information, faute de présence du service public de l'emploi et à cause de nombreuses barrières". Les jeunes des quartiers ne représentent en effet que 17% des 20.000 emplois pourvus à ce jour. Le gouvernement souhaite aboutir à 30% d'ici à 2015, quitte à élargir le dispositif aux jeunes diplômés issus de ces quartiers .
Généralisation des clauses d'insertion
Reconnaissant les difficultés à recruter des jeunes très éloignés du marché de l'emploi sur des périodes longues (deux ou trois ans), il a demandé aux collectivités et aux associations de faire un effort. "Pour beaucoup de collectivités, c'est difficile de faire ce choix, pas seulement parce que nous sommes à la veille des élections municipales ; nous connaissons les contraintes qui pèsent sur les collectivités locales", a-t-il reconnu. Le chef de l'Etat a également indiqué que de nouveaux emplois d'avenir seraient attribués à l'Education nationale.
Par ailleurs, François Hollande a annoncé une "généralisation des clauses d'insertion pour l'ensemble des marchés publics", à travers le projet de loi sur l'Economie sociale et solidaire qui sera présenté en Conseil des ministres début juillet (voir ci-contre notre article du 30 avril 2013).
Enfin, il est revenu sur les annonces de Michel Sapin et François Lamy dans le cadre de la convention d'objectifs pour les quartiers prioritaires en matière d'emploi, signée à Créteil la semaine dernière. Ainsi, la présence de Pôle emploi sera renforcée dans les quartiers dans le cadre d'une convention-cadre. 20% des 2.000 nouveaux CDI créés chez l'opérateur seront affectés à ces quartiers. Il ne s'agit "pas de résorber le chômage en créant des postes à Pôle emploi" mais de "faire en sorte de répondre aux besoins des entreprises et des demandeurs d'emploi", a-t-il pris soin de préciser. Par ailleurs, 2.000 "emplois francs" seront créés cette année à partir du mois de juin, sur un total de 10.000 prévus sur trois ans.
Enfin, le président a confirmé que la banque publique d'investissement (bpifrance) créerait un fonds spécifique pour la création d'entreprises dans les quartiers. Comme il l'avait fait la veille en clôturant les Assises de l'entrepreneuriat, François Hollande a dit vouloir développer l'esprit d'entreprise dans les écoles, prenant exemple sur le collège Jean Vilar des Mureaux qui propose une "école ouverte" (fonctionnant en période de vacances scolaires) et permet aux élèves de développer des micro-activités.