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Emploi - Emploi des jeunes : face aux critiques, le gouvernement maintient le cap

Alors qu'une étude du Conseil d'analyse économique (CAE) plaide pour une réorientation des emplois d'avenir et des contrats de génération, le gouvernement maintient le cap et se refuse à une ouverture au privé des emplois d'avenir.

Le président de la République devrait se rendre aux Mureaux (Yvelines), mardi 30 avril, accompagné de nombreux ministres, lors d'un déplacement consacré à l'emploi des jeunes, quelques jours après la publication des chiffres du chômage qui ont progressé de 11,5% sur un an, dépassant le record de 1997. Face aux critiques, le gouvernement maintient le cap de ses deux dispositifs phares : les contrats de génération et les emplois d'avenir. Des dispositifs qui, selon une étude du Conseil d'analyse économique (CAE) sur "l'emploi des jeunes peu qualifiés en France", présentée le 23 avril au Premier ministre, sont mal orientés.
Alors que près de deux millions des 15-29 ans ne sont ni à l'école, ni en emploi, ni en formation, soit 17% de cette classe d'âge, et que 900.000 jeunes ne cherchent plus d'emploi, selon l'OCDE, le CAE propose de réorienter les 150.000 emplois d'avenir aujourdhui réservés au secteur public. "La solution n'est pas de les placer dans des emplois du secteur public ou associatif dont toutes les études démontrent l'inefficacité du point de vue du retour à l'emploi", martèle le CAE. L'idée serait de réorienter 120.000 de ces emplois vers le secteur privé et de les financer à 50% au lieu de 75% dans le dispositif actuel, tout en prévoyant des formations en alternance. Le CAE propose parallèlement 75.000 formations d'avenir à temps plein dans les programmes de la deuxième chance. D'après le CAE, ces deux modes de formation, alternance et programmes de la deuxième chance, offrent davantage de chances de transition vers l'emploi pour les jeunes. "Pour les adolescents ou les jeunes adultes qui ont décroché du système scolaire, seuls des programmes longs et intensifs sont efficaces", signale ainsi le CAE dans son étude, soulignant aussi l'impact de la formation en alternance. "De nombreuses études, en France comme à l'étranger, démontrent que l'apprentissage augmente les chances de transition vers l'emploi dès la sortie du système éducatif."
Vendredi dernier, une autre voix a abondé dans le sens du CAE, et non des moindres puisqu'il s'agit de l'ancien directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy. "Ce qu’on voit bien, c’est que pour créer de l’emploi, il faut aller dans le secteur marchand et pas dans le non-marchand", a-t-il dit sur Europe 1.
S'évertuant depuis quelques jours à faire taire les critiques, le ministre du Travail, Michel Sapin, a défendu les choix du gouvernement. La convention d'objectifs signée jeudi avec le ministre délégué à la Ville, François Lamy, vise ainsi à porter à 30% la part des bénéficiaires des emplois d'avenir issus des quartiers prioritaires. Mais le ministre est opposé à toute idée d'ouverture au privé. "Ces jeunes sont très très loin de l'emploi, ils sont très peu formés, est-ce que c'est dans le privé qu'on va les accueillir le plus facilement ?", a-t-il fait valoir sur BFM-TV et RMC, le 26 avril.
Le ministre a également défendu le deuxième dispositif gouvernemental : les contrats de génération, dont une centaine ont été signés depuis leur lancement le mois dernier. "C'est une idée extrêmement efficace", elle "va marcher très fort", a-t-il assuré,  alors que, là aussi, le CAE émet des réserves.

Un RSA jeune

Le CAE considère que la disposition consistant à verser l'aide (4.000 euros au total) pour tous les jeunes, quel que soit leur salaire d'embauche, n'est pas efficace. Pour limiter les effets d'aubaine, il préconise de réserver cette aide aux salaires inférieurs à 1,6 Smic. "Ainsi, l'aide de 4.000 euros bénéficiera en priorité à l'embauche (actuellement très difficile) de jeunes peu qualifiés en CDI, en plus du maintien dans l'emploi d'un senior", explique l'étude. Et cette démarche permettrait en outre d'économiser 500 millions d'euros, qui pourraient être consacrés à l'accompagnement vers l'emploi des jeunes les moins diplômés.
Au-delà de ses préconisations sur ces deux mesures, le CAE propose d'ouvrir le RSA socle (soit environ 480 euros) dès 18 ans, mais sous conditions. Les jeunes devraient ainsi être obligés de rechercher un emploi, avec contrôle, et d'avoir un accompagnement personnalisé, voire de suivre une formation qualifiante. Actuellement, un jeune de moins de 25 ans doit avoir travaillé deux ans pour prétendre au RSA et cela exclut la majorité d'entre eux. Le gouvernement a déjà pensé à une mesure de ce type. Dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, présenté le 11 décembre 2012 par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, une "garantie jeunes" avait ainsi été annoncée. Ce dispositif, qui doit être expérimenté dès septembre 2013, permettrait à un jeune en difficulté d'insertion de recevoir une allocation du montant du RSA, et d'être accompagné par une mission locale, qui lui proposerait formations ou emplois adaptés.
Enfin, dans sa note, le CAE propose de rééquilibrer les dépenses pour l'apprentissage en faveur des jeunes non diplômés et de renforcer de manière ciblée les moyens du service public de l'emploi sur les jeunes les moins diplômés, en s'appuyant notamment sur les missions locales et des prestataires extérieurs "dont les interventions seraient coordonnées par une unique entité administrative".
Fin mars, la France comptait 3.224.600 demandeurs d'emplois de catégorie A (sans activité, soit une augmentation de 36.900 en un mois.

 

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