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Industrie - François Hollande déflore la répartition du troisième programme d"investissements d'avenir

A l'occasion d'un bilan de la Nouvelle France industrielle, le président de la République a dévoilé la répartition des 10 milliards d'euros du troisième programme d'investissements d'avenir. La moitié de l'enveloppe ira à la recherche et l'enseignement supérieur, l'autre à la montée en gamme des entreprises. Par ailleurs, selon le bilan de la Nouvelle France industrielle, 1.000 projets ont été financés en trois ans.

François Hollande persiste et signe : "L'économie va mieux (…) ça va mieux pour les entreprises (…), pour les salariés (…) ça va mieux pour la France parce que la croissance revient", a-t-il une nouvelle fois martelé, lundi 23 mai, à l'occasion de l'anniversaire de la Nouvelle France industrielle. "Nous avons à en faire valoir, notamment auprès de nos amis allemands", en termes de capacité d'innovation, a-t-il ajouté, entouré du ministre de l'Economie Emmanuel Macron, du secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche Thierry Mandon et de la secrétaire d'Etat chargée du numérique Axelle Lemaire, devant un parterre de chefs d'entreprises réunis à l'Elysée. Un ton en net décalage avec le dernier baromètre d'Ernst & Young sur l'attractivité de la France, qui enregistre la seule baisse parmi 15 pays européens en nombre d'inverstissements étrangers. "Il nous faut accélérer encore, a poursuivi le président de la République. C'est quand ça va mieux qu'il faut aller encore plus vite." Pour s'en convaincre, François Hollande a insisté sur le rôle que le prochain programme d'investissements d'avenir (PIA) jouera dans la modernisation de l'appareil productif. "Nous avons voulu qu'il y ait un financement particulier pour l'industrie du futur. Ce sera encore le cas avec le programme d'investissements d'avenir (PIA3) qui va représenter 10 milliards d'euros", a-t-il dit. Plus de la moitié de ce programme ira vers "l'enseignement supérieur et la recherche" et l'autre moitié vers "la montée en gamme de nos entreprises et l'innovation".
Les deux premiers PIA lancés depuis 2010 avaient été dotés au total de 47 milliards d'euros. Le nouveau programme comprendra "une enveloppe en fonds propres" de 4 milliards d'euros afin de "continuer à soutenir le capital risque, à appuyer les sociétés de projets et à accompagner l'internationalisation des entreprises", a précisé le chef de l'Etat. Ces 4 milliards viendront ainsi abonder ou lancer de nouveaux fonds destinés à financer des "grands défis", aider à l'internationalisation des PME, et commercialiser des innovations dans les infrastructures énergétiques et urbaines. "Notre volonté, c'est de pouvoir faire en sorte que les entreprises qui ont des projets ambitieux puissent dès leur naissance avoir l'appui nécessaire", a affirmé le président. Par ailleurs, François Hollande souhaite faciliter la capacité d'invention de l'industrie, en encourageant l'expérimentation réglementaire pour le développement de certaines innovations (avion électrique, drones, voiture autonome…). Les industriels ont ainsi jusqu'à juillet pour proposer leurs projets devant le conseil de la simplification et demander des expérimentations. "L'expérimentation réglementaire doit être encouragée, l'industrie du futur renvoie à l'administration du futur", a insisté François Hollande.

1.000 projets soutenus en trois ans

A l'occasion de cette rencontre, Emmanuel Macron a vanté les mérites de la politique de la Nouvelle France industrielle dont il a pris le témoin à Arnaud Montebourg. Il a ainsi égrainé quelques-uns des projets très prometteurs qui en sont sortis comme la Cité de l'objet connecté à Angers, le supercalculateur Sequana de Bull, le véhicule autonome…
Emmanuel Macron avait lancé, le 18 mai 2015, la deuxième phase du programme de la NFI. A cette occasion, les 34 plans lancés en 2013 par son prédecesseur Arnaud Montebourg avaient été resserés au sein de "neuf grandes solutions industrielles". Au total, en trois ans, 1.000 projets innovants ont été soutenus, 1,9 milliard d'euros d'aides publiques (subventions ou avances remboursables) ont été débloqués pour les projets par le programme d'investissements d'avenir (PIA), et 1.500 PME ont été accompagnées dans leur modernisation, selon le bilan présenté par Bercy.
Pour l'Industrie du futur, qui correspond à la trame de la Nouvelle France industrielle, et qui vise à moderniser notre appareil productif, l'ensemble des acteurs est fédéré au sein de l'Alliance Industrie du futur, avec l'appui des pouvoirs publics (Etat et régions). Le projet s'organise en cinq piliers : développer l'offre technologique, accompagner les entreprises, former les salariés, promouvoir l'industrie du futur et renforcer la coopération européenne et internationale.
Sur le premier pilier, un appel à projets "Industrie du futur" a été lancé en octobre 2015, doté de 100 millions d'euros issus du PIA. Prenant fin le 30 juin 2016, il vise à soutenir des projets de recherche et développement et d'investissement de pointe pour accélérer le déploiement des technologiques de l'Industrie du futur. Il est ouvert à des projets d'au moins 1,5 million d'euros et vise à mettre sur le marché des produits, procédés et services à forte valeur ajoutée et à fort potentiel de croissance.
Côté accompagnement des entreprises, l'ensemble des régions ont lancé un programme depuis mai 2015, l'objectif étant d'accompagner 2.000 PME et ETI d'ici fin 2016, contre 1.500 aujourd'hui. Mis en place par les conseils régionaux, cet accompagnement comprend des diagnostics personnalisés, et permet aux chefs d'entreprises de connaître les technologies disponibles et d'intégrer les nouveaux concepts.

719 millions d'euros de prêts "Industrie du futur" distribués

Dans ce cadre, 851 prêts "Industrie du futur" ont déjà été distribués par Bpifrance pour un montant de 719 millions d'euros, sur une enveloppe de 1,2 milliard d'euros. Il s'agit de prêts sans garantie qui permettent de financer les investissements innovants et performants du tissu productif. De nombreux projets ont notamment été soutenus en Auvergne-Rhône-Alpes (157 projets pour un montant de 124 millions d'euros), en Ile-de-France (124 projets, 132 millions d'euros), Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (90 projets, 63 millions d'euros), Hauts-de-France (85 projets, 65 millions d'euros), et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (80 projets, 62 millions d'euros). Les autres régions cumulent entre 66 projets pour l'Alsace-Champagne-Ardenne et 20 pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cinq projets ont été soutenus en Corse, à hauteur de 5 millions d'euros, et un projet (un million d'euros) pour les départements, régions et collectivités d'outre-mer.
Une "caravane" Industrie du futur sera organisée fin 2016 par l'Alliance pour faire le tour des régions, échanger avec les acteurs et faire connaître les outils disponibles.
Dans le domaine de la formation des salariés, un projet de portail internet "Osons l'industrie" a été lancé. Il permettra d'informer les élèves et familles sur les métiers, les formations, et les besoins de recrutement de l'Industrie du futur, en lien avec les entreprises. Enfin, en matière de promotion, six projets de vitrines de l'Industrie du futur, sur un total de quinze ont été labellisés.

47 technologies clés 2020

Concernant les neufs solutions industrielles, Emmanuel Macron a réuni les comités de pilotage depuis le mois de mars. Les feuilles de route n'en sont pas toutes au même niveau : certaines démarrent à peine, et il est encore trop tôt pour tirer un bilan de l'ensemble, d'après le ministre de l'Economie. Ces feuilles de route courent jusqu'en 2017 pour la plupart. Au-delà de cette date, une phase suivante sera lancée. Et l'étude "Technologies clés 2020, préparer l'Industrie du futur", remise le 23 mai à Emmanuel Macron par Philippe Varin, président du comité stratégique des Technologies clés propose des premières pistes pour cette nouvelle étape. L'étude prospective, qui est réalisée tous les cinq ans et pilotée par la Direction générale des entreprises (DGE), identifie ainsi 47 technologies stratégiques (contre 85 lors de la précédente édition) pour la compétitivité et l'attractivité de la France dans les cinq à dix ans à venir. L'étude révèle les technologies qui auront le vent en poupe, parmi lesquelles celles du numérique (nanoélectronique, robotique, technologies de la réalité augmentée, logiciel embarqué, technologies 3D…), du vivant (ingénierie cellulaire et tissulaire, système immunitaire, imagerie du vivant) et les technologies de la mobilité, de l'énergie, de l'environnement et de l'habitat.

E.Z. et M.T.


 

 

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