Industrie - Nouvelle France industrielle : les 34 plans laissent place à 9 priorités
De 34 plans industriels à un projet central "Industrie du futur" entouré de 9 solutions industrielles. Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, a lancé à Nantes, lundi 18 mai, la deuxième phase de la Nouvelle France industrielle. Objectif : créer une nouvelle dynamique chez les industriels français en insistant sur le numérique et l'international. "Les 34 plans lancés en 2013 ont montré le chemin à suivre pour réindustrialiser notre pays, signale le ministre dans son dossier de presse. Mais pour accélérer la reconquête industrielle, il était indispensable de les rendre plus lisibles, plus en phase avec les attentes des consommateurs et de les tourner vers l'international."
Depuis le lancement des plans, plus de 330 projets ont été soutenus à hauteur d'1,5 milliard d'euros par l'Etat, pour un investissement total de 3,7 milliards d'euros. Comme annoncé il y a quelques semaines, il s'agit d'une version resserrée, organisée autour du plan "Industrie du futur", qui est la prolongation de l'ancien plan "Usine du futur". En avril 2015, François Hollande avait renommé ce plan et fait évoluer sa gouvernance, avec la création d'une association regroupant plusieurs fédérations, l'Alliance de l'industrie du futur*, chargée de la mise en œuvre opérationnelle du plan.
Ce plan "Industrie du futur", considéré par le ministre de l'Economie comme la "priorité des priorités", devient la matrice de la Nouvelle France industrielle. "Concrètement, il s'agira d'investir plus et mieux en amenant chaque entreprise à moderniser son outil industriel et à transformer son modèle d'affaires par le numérique", détaille Emmanuel Macron. Des diagnostics seront proposés aux PME et aux ETI industrielles par les régions avec l'appui de l'Alliance pour l'industrie du futur et 15.000 entreprises seront sensibilisées, à partir d'un référentiel partagé. L'objectif est d'atteindre plus de 500 PME et ETI ainsi accompagnées d'ici fin 2015, et plus de 2.000 d'ici fin 2016. Les deux mesures exceptionnelles annoncées par le Premier ministre permettront de financer le dispositif, à savoir 2,5 milliards d'euros d'avantage fiscal pour toutes les entreprises investissant dans leur outil productif au cours des douze prochains mois, et 2,1 milliards d'euros de prêts de développement distribués par Bpifrance aux PME et ETI dans les deux prochaines années, qui s'ajouteront au 1,2 milliard déjà mis à disposition des entreprises investissant dans l'industrie du futur. Un appel à projets sur les technologies de l'industrie du futur sera lancé en septembre 2015 et une plateforme technologique, ouverte aux entreprises industrielles, pour tester et valider des technologies, sera mise en place. Au sein du programme d'investissements d'avenir, 305 millions d'euros de subventions et d'avances remboursables de l'action Piave (projets industriels d'avenir) et 425 millions d'euros du fonds SPI (sociétés de projets industriels) viendront soutenir en partie ces dispositifs.
Un grand événement à l'été 2016
Afin de mobiliser les acteurs du secteur, le ministre prévoit aussi un volet promotion de l'industrie du futur, avec le lancement d'au moins quinze projets vitrines d'ici la fin de l'année 2016, et la création en décembre 2015, avec l'appui de Business France, d'une bannière commune de l'industrie du futur destinée à rassembler les entreprises industrielles derrière cette ambition. Un grand événement international, sur le modèle de la Foire de Hanovre, devrait aussi être organisé à l'été 2016 à Paris. Il sera porté par l'Alliance pour l'industrie du futur.
Un volet formation des salariés est également prévu. Il comporte une partie prospective, avec le lancement de programmes de recherche pluridisciplinaires et de chaires sur l'industrie du futur et la place de l'homme dans ce projet (une première chaire doit être lancée d'ici la fin de l'année 2015) et une partie opérationnelle, avec la conception et la mise en place de formations initiales et continues adaptées aux enjeux de l'industrie du futur.
Côté gouvernance, le comité de pilotage de l'Industrie du futur est présidé par le ministre de l'Economie. Réuni tous les deux mois, il associe les représentants de l'Alliance pour l'industrie du futur, le Conseil national de l'industrie (CNI) et les cinq organisations syndicales représentatives des salariés, les pouvoirs publics, avec l'Association des régions de France (ARF) et les services et opérateurs de l'Etat, et plusieurs personnalités qualifiées.
Les neufs solutions industrielles
Autour de ce projet, neuf solutions industrielles devront être déployées. Parmi elles, la solution "Nouvelles ressources", correspondant aux nouveaux matériaux biosourcés et recyclés pour toutes les industries, qui devrait permettre de créer 5.000 emplois directs à l'horizon 2020 au sein des nouvelles filières de la chimie verte et des biocarburants, "Ville durable", avec un objectif de chiffre d'affaires de 100 milliards d'euros et de 110.000 emplois territorialisés et non délocalisables d'ici 2020, et "Mobilité écologique" (20.000 points de charge supplémentaires ouverts au public d'ici fin 2016, la création de deux sites industriels d'ici 2017 pour la filière batterie et hydrogène, et la création de 8.000 à 25.000 emplois à l'horizon 2030 dans le secteur du stockage de l'énergie). Les autres solutions sont les suivantes : "Transports de demain", "Médecine du futur", "Economie des données" (objectif : consolider près de 137.000 emplois grâce au Big Data d'ici 2020), "Objets intelligents", "Confiance numérique" et "Alimentation intelligente" (90.000 personnes recrutées à l'horizon 2017).
Trois anciens plans seront aussi repris dans d'autres cadres : les drones civils seront ainsi probablement intégrés à la solution "Objets intelligents" et l'e-éduction dans le plan numérique pour l'école annoncé en septembre 2014. Les travaux autour des énergies renouvelables seront quant à eux poursuivis au sein du comité stratégique de filière Eco-Industries.
Emilie Zapalski
* Elle est coprésidée par Frédéric Sanchez, président du directoire de Fives, et Bernard Charles, directeur général de Dassault Systèmes, fondée autour d'un noyau dur d'acteurs de l'industrie et du numérique, de la participation d'acteurs de la recherche (CEA, Cetim) et de la formation initiale et continue (Arts et Métiers Paristech et Institut Mines-Télécom). L'alliance est ouverte à l'ensemble des syndicats, fédérations et organisations professionnelles qui souhaitent s'engager dans la démarche de promotion de l'industrie du futur.