France Travail : les missions locales devront s’organiser pour siéger dans les comités du réseau pour l’emploi

Mardi 12 décembre, l’Union nationale des missions locales a tenu son assemblée générale à Paris, moins d’un mois après l’adoption du projet de loi "plein emploi". Une réforme qui nécessitera d’ajuster la représentation des missions locales à la future carte des comités territoriaux du réseau pour l’emploi.

Quelle sera la vraie place des missions locales dans le futur service public de l’emploi ? Sans surprise, la question s’est posée à l’occasion de l’assemblée générale de l’Union nationale des missions locales, mardi 12 décembre à Paris. Ces derniers mois, les débats ont été tendus sur ce point à l’occasion du projet de loi pour le plein emploi, entre des missions locales attentives à leur autonomie et un gouvernement déterminé à améliorer l’efficacité globale des politiques de l’emploi, de l’insertion et de la formation.

"Parfois, la concertation a été rugueuse, a reconnu Olivier Dussopt, le ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion. Mais ce n’est pas parce qu’elle a été rugueuse qu’elle a été mauvaise", a-t-il déclaré en clôture de l’événement. Il rappelle que finalement, le rôle des missions locales a été conforté avec la reconnaissance de leur qualité d’opérateur spécialisé sur le public jeune ou encore la non-inscription automatique à France Travail pour l’accompagnement des jeunes n’étant pas en recherche d’emploi.

Sortir de la concurrence

Partenariat : voilà le maître-mot de Thibaut Guilluy, nommé ce même jour de manière officielle directeur général de Pôle emploi, le futur France Travail. Ce spécialiste de l’insertion par l’activité économique indique vouloir tourner la page de la compétition entre Pôle emploi et les missions locales, ravivée lors du lancement du contrat d’engagement jeune (lire notre article) "C’est notre système qui fabrique cette concurrence", a-t-il reconnu en faisant référence aux signatures de ce même contrat, qui font l’objet d’un reporting serré.

Démontrer l’efficacité des politiques d’insertion et de l’emploi, dans un contexte où Bercy travaille à des pistes d’économies budgétaires dès 2025, s’avère déterminant selon Thibaut Guilluy. "Il faut se poser la question des endroits où la coopération peut être fertile. Il y a des offres de services dans les missions locales qui n’existent pas à France Travail, et vice-versa", souligne l’auteur du rapport de préfiguration de France Travail.

Le comité national du réseau pour l’emploi installé début 2024

Si les missions locales seront bel et bien représentées dans le réseau pour l’emploi, elles devront mettre au point leur représentation aux différents échelons compte tenu de leur structuration, communale ou intercommunale, très différente de Pôle emploi notamment. "On a des missions locales à cheval sur trois départements et deux régions", souligne Jean-Raymond Lépinay, vice-président de l’UNML. La représentation des missions locales devra également s’adapter au découpage territorial des comités locaux du réseau pour l’emploi dont décidera le représentant de l’État dans le département, d’après le texte adopté par le Parlement (lire notre article du 17/11). C’est dans ce contexte que l’UNML a, d’ailleurs, adopté une résolution relative à la structuration du réseau des missions locales et au mandat de ses différentes composantes, de la tête de réseau aux associations régionales. Une réflexion sur les modalités de la représentation départementale est également prévue.

Lundi 18 décembre, le comité des parties prenantes du projet "France Travail" se réunira à nouveau. Le comité national du réseau pour l’emploi, qui prendra son relais, devrait être installé en janvier/février 2024, a annoncé le ministre Olivier Dussopt. "Nous aurons dès ce premier trimestre 2024 à conduire des chantiers très opérationnels sur la définition des critères communs d’orientation, les indicateurs de pilotage et les outils numériques", a-t-il déclaré. Le partage des données entre acteurs de l’emploi constitue une autre priorité du ministre. Les conseillers en mission locale sauront ainsi "de quelles formations et accompagnements a bénéficié un jeune au moment où il rejoint la mission locale". Inversement, les actions des missions locales seront elles aussi rapportées aux autres acteurs de l’emploi.

"Nous souhaitons absolument être associés au pilotage du système d’information et des communs numériques que nous partagerons", a insisté le président de l’UNML, Stéphane Valli. Pour l’UNML, il s’agit aussi de sortir par le haut du système d’information I-Milo qui génère une forte charge administrative : 30% du temps de travail des conseillers est consacré à ce type de tâches, selon une étude commandée par l’UNML.

CEJ "jeunes en rupture" : les collectivités mieux associées

Au-delà des chantiers de la gouvernance et du système d’information, le gouvernement publiera une nouvelle feuille de route pour le CEJ en 2024 qui devrait tenir compte des différents rapports publiés ces derniers mois, par l’Igas ou le conseil d’orientation des politiques de jeunesse. Olivier Dussopt souhaite un meilleur ciblage de certains publics comme les jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance ou ceux qui sortent de détention. Le CEJ "jeunes en rupture" qui s’adresse aussi aux 16-25 ans dans une modalité d’accompagnement plus souple (lire notre article du 17/11) sera aussi retravaillé car certains freins périphériques ne sont pas traités "par manque de partenaires". "Nous allons veiller à ce que les collectivités locales soient mieux intégrées dans les consortiums", a aussi indiqué le ministre. Le développement des immersions professionnelles auprès des jeunes en mission locale sera également au menu de la future feuille de route.

Les missions locales seront, enfin, associées à la prolongation de l’expérimentation "AvenirPro", lancée en 2022. Jusqu’ici, seules les agences Pôle emploi étaient associées à ce pilote où des conseillers spécialisés sont accueillis dans des lycées professionnels afin de conseiller les élèves au niveau CAP et Bac pro dans la recherche d’un emploi ou pour une poursuite d’études en alternance. Pour rappel, les missions locales sont également appelées à s’impliquer davantage dans la lutte contre le décrochage scolaire qui concerne souvent - ces mêmes établissements - avec le dispositif "Ambition emploi" en train d’être développé depuis cette année dans le cadre de la réforme des lycées professionnels (lire notre article du 13/11). Le mentorat devra être davantage mobilisé auprès des élèves des lycées professionnels et plus généralement dans les QPV ou zones de revitalisation rurale, a aussi rappelé Olivier Dussopt.

 

 

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