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Energie - Fort rebond des coupures d'électricité en 2013

Le temps moyen des coupures de courant par client s'est élevé l'an passé à 97 minutes contre 75 minutes en 2012. La faute selon ERDF à de fortes intempéries alors même que le gestionnaire du réseau augmente ses investissements.

La durée des coupures d'électricité a rebondi de près d'un tiers en 2013 en France après trois ans de baisse, selon des statistiques publiées le 27 janvier par ERDF, en charge de la quasi-totalité du réseau électrique de proximité (hors Corse et DOM), soit 1,3 million de kilomètres de lignes électriques. Le temps moyen des coupures de courant par client s'est élevé l'an passé à 97 minutes, contre 75 minutes en 2012. "Cela s'explique par la recrudescence des aléas climatiques, avec des événements de grande ampleur", comme la tempête Dirk en décembre, avance la filiale d'EDF.
En 2012, le nombre de ces épisodes (tempêtes, vagues de froid) avait déjà quadruplé, avec huit évènements majeurs recensés. En 2013, il y en a eu neuf, mais quatre de très grande ampleur, a souligné Gilles Galléan, le directeur technique du groupe. Mi-mars, les agents ERDF ont en effet dû gérer les conséquences des très fortes chutes de neige qui avaient complètement paralysé le Nord et la Normandie, ce qui a alourdi de 8 minutes le temps moyen de coupure. Puis fin juillet et début août, des orages très violents ont frappé notamment le sud-ouest, avec même une journée record de coups de foudre (10 minutes). Fin novembre, de fortes chutes de neige sont tombées en Auvergne et dans la région Centre (8 minutes). Et enfin, la tempête Dirk a balayé le pays durant la semaine de Noël (11 minutes), a-t-il énuméré. "A eux seuls, ces quatre (événements) là ont pesé pour la moitié du temps moyen de coupure", a expliqué Gilles Galléan à l'AFP.
ERDF estime pourtant avoir "maintenu la qualité de service" l'an dernier et souligne que le niveau du temps moyen de coupure, qu'elle appelle le "critère B", reste nettement meilleur qu'en 2009 ou 2010. "On considère que l'année 2013 est assez atypique du fait de la météo qu'a subi la France mais que ce qu'on poursuit, c'est bien la stabilisation et la baisse", a souligné Gilles Galléan. Du fait d'investissements insuffisants, une nette dégradation du temps de coupure avait été observée lors de la décennie 2000. Celle-ci avait atteint quelque 198 minutes par tête en 2009. Après le lancement en 2010 d'un grand plan d'investissement, elle avait ensuite baissé à 119 minutes l'année suivante, puis 73 et 75 minutes en 2011 et 2012.

Des clients mieux indemnisés

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) vient par ailleurs de durcir les pénalités d'ERDF en cas de coupures. ERDF doit désormais payer 10 euros d'indemnités au client final, contre 1 euro jusqu'à présent, au-delà de six heures de coupure, puis 10 euros par tranche supplémentaire de six heures sans courant. Le nouveau "Turpe", la partie de la facture d'électricité qui finance la distribution de courant (et donc ERDF), alourdit également légèrement les pénalités en cas de dépassement d'un objectif global annuel. La CRE a ainsi fixé un plafond de 68 minutes (hors évènements exceptionnels et problèmes liés au réseau à haute tension) par client pour l'an prochain. Pour chaque minute supplémentaire, ERDF devra payer 4,3 millions d'euros de pénalités (contre 4 millions l'an passé).
Les investissements de modernisation du réseau vont quant à eux continuer à augmenter : ils seront en 2014-2017 d'un milliard d'euros par an en moyenne, contre 700 millions entre 2009 et 2012.
La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui a récemment enterré la hache de guerre avec ERDF, avait à de nombreuses reprises appelé la filiale d'EDF à améliorer son réseau, dont les collectivités locales sont propriétaires. Le ton est désormais beaucoup plus conciliant : "La FNCCR est satisfaite de voir qu'ERDF investit sur les réseaux, après avoir longtemps considéré que la qualité n'était pas un sujet essentiel", a déclaré à l'AFP un porte-parole. Un bon connaisseur du dossier a toutefois appelé à ce qu'ERDF revienne à une publication trimestrielle de la durée de ses coupures.