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Energie - Alimentation électrique : l'UFC-Que choisir dénonce une "extrême disparité" entre départements

Les Français sont de plus en plus inégaux en termes de qualité d'alimentation électrique, constate l'UFC-Que choisir dans une étude récente. Au niveau national, la croissance du temps de coupure semble bien enrayée depuis 2010 alors que de 2002 à 2009, le temps de coupure était passé de 50 à 200 minutes. Mais selon l'étude de l'association de consommateurs, il existe une "extrême disparité" entre départements. "Alors que les Parisiens supportent en moyenne 20 minutes de coupure par an, les habitants du Morbihan en subissent près de dix fois plus : 195 minutes." Moins de la moitié des départements étudiés (43 sur 94) sont en-dessous du temps moyen de coupure national (75 minutes) et seulement un peu plus d'un quart des départements sont en-dessous de l'heure de coupure. Pire, ajoute l'étude, certains départements, parmi lesquels les plus touchés (Morbihan, Loire-Atlantique, Charente-Maritime) voient leur temps de coupure augmenter depuis 4 ans alors qu'une grande partie des territoires connaissent une stabilisation ou une amélioration de leur temps de coupure.

Des installations vieillissantes

L'étude rappelle le lien direct entre la hausse des coupures et la baisse des investissements dans le réseau. De 1992 à 2004, ceux-ci ont diminué de moitié, entraînant un vieillissement prématuré des installations, souligne l'UFC-Que choisir. "Malgré la reprise récente des investissements, ceux-ci restent bien trop faibles pour assurer la qualité du réseau : seulement 826 millions d'euros, alors que le besoin est estimé à 2 milliards d'euros par an d'ici 2020", pointe l'association. Et de s'interroger : "Comment ne pas s'étonner d'un tel chiffre alors que les consommateurs paient déjà 1,9 milliard d'euros au titre de la taxe sur la consommation finale d'électricité, somme collectée par les communes, mais qui n'est pas forcément affectée au réseau électrique ?"
Pour l'UFC-Que choisir, ce sous-investissement dans la qualité du réseau est imputable à la "trop grande faiblesse" des deux mécanismes d'incitation existant en France. Ainsi, "le dispositif de bonus/malus de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) se base principalement sur une moyenne nationale du temps de coupure sans prise en compte des disparités territoriales". Malgré la "fracture territoriale" constatée, ERDF a obtenu un bonus de 7,5 millions d'euros en 2011, dénonce l'association de consommateurs. De même, estime-t-elle, "si ERDF doit compenser financièrement les coupures très longues, le niveau de compensation est aujourd'hui trop faible (moins de 10 euros pour 48 heures de coupure continue) pour l'inciter à améliorer le réseau mais aussi pour indemniser le préjudice subi par les clients". Comparativement, les Italiens ou les Suédois obtiennent des indemnisations "10 à 15 fois supérieures sur un temps comparable", relève-t-elle.

Information et indemnisation

L'UFC-Que Choisir conclut son étude en demandant aux gestionnaires de réseaux "une plus grande transparence sur l'information diffusée, notamment la fréquence des coupures ou la régularité de la tension délivrée". Elle souhaite aussi "la mise en place de mécanismes véritablement incitatifs permettant d'améliorer la qualité d'alimentation et de reconnaître le préjudice réel subi par les consommateurs". Ce dispositif devrait reposer sur deux piliers : "une approche 'multi-indicateurs' de la régulation incitative pour encourager le gestionnaire de réseaux à améliorer la qualité d'alimentation pour l'ensemble des consommateurs" et "une indemnisation réelle et directe du consommateur qui s'appuierait sur un dédommagement progressif en fonction du temps de coupure subi".