Fin du cuivre : plus de 150 communes retirées du lot 3

Avec le lot 3 et 2,44 millions de locaux concernés, la fermeture du cuivre entre dans sa phase d'industrialisation. 153 communes ne respectant pas les critères – dont le plein accord des maires ou du RIP concerné – ont cependant été retirées de la sélection initiale d'Orange. Et si la concertation se passe bien globalement selon l'Avicca, les tensions demeurent sur la zone très dense.

Orange a publié le 10 janvier 2024 la liste définitive des communes du lot 3, appelées à rejoindre celles qui se sont engagées dans le décommissionnement du réseau cuivre. Avec 2.145 communes, représentant 2,44 millions de locaux, la fermeture du cuivre entre bel et bien en phase d'industrialisation. Pour mémoire, les lots 1 et 2 représentaient respectivement 162 et 827 communes, soit 216.000 et 973.000 locaux. Dans les communes du lot 3, l'arrêt commercial du cuivre sera effectif fin janvier 2026, la fermeture technique du réseau intervenant un an après.

Plus de 300 réunions de concertation

On notera que les ambitions d'Orange ont été revues à la baisse avec 157 communes (230.000 locaux) en moins par rapport à ce que l'opérateur prévoyait avant le lancement de la concertation. On rappellera que le choix des communes est le résultat de négociations entre Orange, les opérateurs d'infrastructures, les opérateurs commerciaux, les gestionnaires de réseaux d'initiative public (RIP) et les maires des communes concernées à partir d'une liste de critères définis par l'Arcep, le régulateur faisant figure d'arbitre ultime. La concertation, relève l'Avicca dans sa publication, "s'est objectivement bien déroulée" même si elle a nécessité "plus de 300 réunions" locales et nationales pour aboutir à cette sélection. L'association estime que le refus de "certains RIP" à vouloir entrer dans le processus est imputable aux "dégâts persistants causés aux réseaux fibre par les quatre opérateurs commerciaux via leurs raccordements en mode Stoc".

Ça coince sur les zones très denses

Si la négociation sur les zones RIP, Amii et Amel s'est globalement bien déroulée, il n'en va pas de même pour la zone très dense (ZTD) du fait de la persistance d'une mauvaise couverture FTTH. L'Avicca s'interroge du reste sur le sort des 320.000 locaux de la ZTD qui ne seront pas raccordés au terme de l'accord conclu entre Orange et le gouvernement (voir notre article du 7 novembre 2023). Elle souligne aussi la lenteur des déploiements FTTH dans les communes ZTD sélectionnées par Orange avec des taux qui atteignent au mieux 2% de progression sur un an. Elle déplore enfin l'absence de bilan des expérimentations menées à Rennes et Vanves au titre de la ZTD. Rappelant l'attachement des associations d'élus à la complétude FTTH comme préalable à la fermeture du cuivre, l'association estime "qu'en l'état, s'obstiner à engager la fermeture du cuivre en ZTD relève de l'aventurisme".

Pas de bascule massive vers la fibre

Le défaut de complétude dans les déploiements n'est cependant pas le seul élément inquiétant dans ce dossier. Il faut aussi que les clients basculent massivement du cuivre vers la fibre. Et à cet égard les chiffres publiés par l'Arcep le 12 janvier ne sont pas totalement rassurants. Au troisième trimestre 2023, on comptait encore 9,5 millions d'abonnés au cuivre (ADSL, VDSL…) pour 20,6 millions d'abonnés à la fibre. Et si cela représente 700.000 abonnés en moins par rapport au second trimestre, le chiffre stagne de trimestre en trimestre. La ruée vers la fibre se fait attendre, notamment de la part des entreprises qui sont encore nombreuses à s'accrocher au cuivre comme ont pu le constater les communes ayant achevé la transition.

Les communes du lot trois

74% des communes du lot 3 ont plus de 98% de couverture FTTH, une cinquantaine de communes ayant un taux inférieur à 90% dont une à moins de 50%. Le nombre de communes impliquées par département est très variable, allant de plus de 100 communes pour la Mayenne et le Lot, à une seule pour la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, le Finistère ou l'Ille-et-Vilaine. Dans ce troisième lot, Orange est l'opérateur qui gère l'infrastructure dans une commune sur cinq mais cette proportion dépasse 50% quand on s'intéresse au nombre de locaux. Tous les opérateurs d'infrastructures – Altitude infra, SFR, Axione, TDF, Orange concessions, régies… – sont cependant représentés.

On notera qu'à ce stade, sur les trois lots et expérimentations lancés, une dizaine de départements n'ont toujours aucune commune impliquée dans la fermeture du cuivre. À l'inverse, le Pas-de-Calais, l'Aisne, la Somme, la Moselle et la Seine-Maritime sont massivement investis avec 700 à 800 communes parties prenantes.