Très haut débit - Fibre optique : Eric Besson veut doubler le nombre de foyers raccordables en 2011
Deux millions de logements raccordés au 31 décembre 2011 : c'est l'objectif fixé par le ministre de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique. En visite ce 3 février dans deux locaux parisiens de raccordement des abonnés de France Télécom et Free à la fibre optique, Eric Besson a souligné qu'il s'agissait "d'une accélération majeure du rythme de déploiement" de la fibre optique jusqu'à l'abonné (Fiber to the Home / FttH) en France.
Un million seulement de logements étaient éligibles aux offres FttH, fin 2010, selon l'observatoire du marché de gros du très haut débit de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Cependant, le problème n'est pas tant que ces logements soient raccordés (ou plus exactement "raccordables") mais que les foyers français s'abonnent effectivement à la fibre. Or, toujours selon l'Arcep (observatoire du marché de détail), le nombre d'abonnements très haut débit n'atteint que 420.000 à la fin du troisième trimestre 2010. Soit un taux de pénétration d'à peine 10%, contre 65% en Norvège, près de 40% en Suède ou encore 30% au Pays-Bas, d'après l'Idate, le cabinet français spécialisé en télécoms, internet et média.
En outre, suivant les explications de l'Arcep, il convient de distinguer, d'une part, la technologie FttH, déployée notamment par France Télécom, SFR et Free, consistant au déploiement de fibre optique jusqu'à l'abonné (seulement 100.000 abonnements). Et, d'autre part, la technologie FttLA (Fiber to the Last Amplifier), déployée par Numericable, consistant au remplacement par de la fibre optique d'une partie des câbles coaxiaux (issus du plan pour la TV) situés sur le domaine public, jusqu'au niveau de la partie terminale restant en câble coaxial (320.000 abonnements).
Par ailleurs, "les engagements de couverture des opérateurs permettent de raccorder 60% des foyers français dans un délai de dix ans", a indiqué le ministre. Evidemment, ces foyers se trouvent presque exclusivement dans les zones les plus denses du territoire. Et Eric Besson de rappeler que pour "accélérer le déploiement dans les zones les moins denses, le gouvernement va engager deux milliards d'euros issus du programme des investissements d'avenir ". La répartition de ces fonds du "grand emprunt" est désormais bien connue : 1 milliard de prêts pour les opérateurs, 750 millions de subventions pour les collectivités et 250 millions pour les technologies alternatives (essentiellement le satellite).
Association d'opérateurs neutres et ouverts
Stéphane Richard, directeur général de France Télécom-Orange a lui aussi rappelé ses engagements : "apporter la fibre optique d'ici 2015 dans 3.600 communes réparties dans 220 agglomérations incluant l'ensemble des grandes villes et des villes moyennes, avec une couverture de 10 millions de foyers en 2015 et 15 millions en 2020, soit 60% des foyers français" (en cohérence avec les chiffres du ministre). Une ambition qui se traduit par une enveloppe d'investissements de 2 milliards d'euros d'ici 2015 (comparable à l'enveloppe des investissements d'avenir). France Télécom-Orange a d'ailleurs répondu à l'appel à manifestations d'intention d'investissements émis par le gouvernement dans le cadre de son programme national Très Haut Débit et clos ce 31 janvier.
Alors quoi de neuf ? Premièrement, Stéphane Richard a expliqué qu'il "associera les autres opérateurs intéressés à ces déploiements en leur proposant toutes les modalités d'accès prévues par la réglementation, notamment des offres de cofinancement". Eric Besson a indiqué de son côté à l'AFP que le gouvernement voyait désormais "d'un bon oeil" la constitution de "sociétés communes entre opérateurs, de façon neutre et ouverte" pour mener à bien les projets d'infrastructures. Une avancée encore bien éloignée du grand réseau de fibre mutualisé mis en œuvre, par exemple, en Australie, et que l'Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel) appelle toujours de ses voeux.
Deuxièmement, le directeur général a répété être "prêt à s'associer à des réseaux d'initiative publique (RIP) conçus en complémentarité, comme c'est par exemple le cas à Laval (Mayenne)". Un exemple de collaboration avec une collectivité encore unique en son genre pour France Télécom, l'opérateur historique ayant jusqu'à présent préféré les contrats de partenariat public privé (PPP en Auvergne ou en Gironde) aux délégations de service public (DSP). Et Stéphane Richard d'insister à nouveau, comme il l'avait fait lors de la signature de la DSP lavalloise, sur sa nouvelle "approche coopérative avec les collectivités locales pour leur apporter des solutions de montée vers le très haut débit (fibre jusqu'aux sous-répartiteurs, satellite...)".
Quant aux autres opérateurs, SFR et Bouygues Telecom ont annoncé, en décembre dernier, leur volonté de co-investir pour développer la fibre dans les grandes villes. Tandis que Free reste fixé sur son objectif de quatre millions de foyers raccordés fin 2012.
Le ministre Besson peut donc être rassuré : les opérateurs ont bien prévu de raccorder plus de deux millions de logements à la fibre avant fin 2011 ! En zone dense bien sûr. Il ne restera plus ensuite qu'à convaincre les abonnés à passer de l'ADSL au FttH. L'actuelle augmentation de la TVA sur les "box" devrait opportunément réduire l'écart des tarifs entre les offres sur ces deux technologies.