Vers une reconversion industrielle verte à Lacq-Orthez (64)
Depuis dix ans, la communauté de communes de Lacq-Orthez amorce une transition écologique. Chargé d’une longue histoire industrielle, cet ancien bassin gazier se tourne désormais vers les énergies renouvelables et la chimie verte.
De l’extraction de gaz à la production de larves de mouches ! Dans le bassin de Lacq, les industriels ont bien changé depuis dix ans. Une métamorphose qui s’explique par la politique de reconversion menée par la communauté de communes de Lacq-Orthez (CCLO), en partenariat avec les acteurs publics et privés du développement économique. Explication aux côtés du président de la CCLO, Patrice Laurent, également maire de Mourenx. « Dès le début, dans les années 1950, lorsque le gisement gazier a été découvert à Lacq, les élus savaient qu’il faudrait se diversifier », observe l’édile. Si bien qu’en 1957, l’exploitation gazière démarre, tout en suscitant la création d’un complexe industriel et technologique majeur.
Le village de Mourenx, qui abritait alors quelques centaines d’habitants, en compte soudain près de dix mille. Mais, au cours des années 1990, la situation économique bascule : les grosses usines d’antan ferment. « On a vécu le départ de grandes sociétés et la fin de nombreux emplois, soupire Patrice Laurent. Ce fut d’abord avec Pechiney, une usine d’aluminium avec 1 000 salariés, puis Aquitaine Chimie, devenue Rhône-Poulenc, puis la société Cofaz… Tout cela, sur la plus grosse plateforme industrielle qui comptait des milliers d’emplois. À la fin, il ne restait qu’Air Liquide, avec moins d’une dizaine d’emplois. »
Une stratégie foncière
Peu à peu se dessine le projet de reconversion du site. S’appuyant sur son passé industriel, la CCLO choisit de conserver cette identité, mais elle vise des activités autour des énergies renouvelables et de la chimie verte. La collectivité rachète ainsi les terrains appartenant à Rio Tinto (ex-Pechiney). « Ce sont alors des centaines d’hectares, en grande partie cédés à l’euro symbolique, mais ces terrains s’accompagnent de problématiques de dépollution », se souvient Patrice Laurent. Une partie du site, qui ne peut recevoir des fondations pour de nouvelles constructions, accueillera une production d’électricité photovoltaïque, avec Total Energies. Le reste, en revanche, est destiné à la reconversion. La politique de rachat de terrains se poursuit.
C’est ainsi que le territoire compte aujourd’hui des entreprises comme Sanofi, Arkema, Novéal du groupe l’Oréal, Novasep… Mais aussi des start-up telles que M2i, une entreprise qui fabrique des phéromones permettant de se substituer aux pesticides.
Implantation de nouvelles filières
Autre start-up emblématique de cette reconversion : la société Alpha Chitin et son usine biochimique de chitine et de chitosane, des molécules utiles par exemple dans l’industrie pharmaceutique pour les pansements adaptés aux plaies des personnes diabétiques et produites à partir de larves de mouches, de krill ou encore de champignons. Implantée à Lacq en 2021, cette société a bénéficié du plan France Relance, puis du plan France 2030. Également orienté « développement durable », le groupe Carester a choisi le bassin de Lacq pour installer son projet Caremag. Grâce au recyclage d’aimants, il permet de récupérer des « terres rares », à savoir des métaux utilisés dans la fabrication d’objets de haute technologie, plutôt que de les extraire en Chine ou en Polynésie.
Pour séduire ces pépites, la CCLO a su s’entourer grâce au groupement d’intérêt public Chemparc. Ce GIP réunit en effet l’État, la Région, deux intercommunalités (Lacq-Orthez et Pau Béarn Pyrénées), le Département, des sociétés industrielles et prestataires de services, deux chambres de commerce et d’industrie (Pau Béarn et Bayonne Pays-Basque), des organismes de formation et des organisations syndicales de salariés. De quoi faciliter la logique de « site clé en main pour les industriels, comme l’indique Patrice Laurent. Les études environnementales préalables sont déjà réalisées et, grâce à la présence de la préfecture dans le GIP, le dépôt des dossiers est plus rapide. »
Pari gagnant
D’après l’élu, les gains pour la collectivité sont nombreux. D’une part, les emplois sont presque au niveau de l’époque la plus florissante de l’exploitation gazière. D’autre part, les recettes s’avèrent généreuses : « 500 000 euros par an pendant 25 ans de taxes et de recettes de location du terrain à Total Energies, 250 000 euros pour la vente d’un bâtiment à un laboratoire… » Et de nouvelles candidatures d’entreprises continuent d’affluer.
La reconversion de Lacq-Orthez en quelques chiffres
4 plateformes industrielles se trouvent sur le bassin de Lacq :
- La plateforme Chemstart’up, bâtie à Lacq par la CCLO en 2011 (enrichie de trois extensions, en 2017, 2019 et 2022). Elle accueille 4 entreprises innovantes et 85 chercheurs, spécialisés dans la chimie fine, les nouveaux matériaux et la transition énergétique. La dernière extension, de 3 690 m2, accueille le développement des activités de M2i, CANOE et Arkema.
- La plateforme Mourenx - Noguères - Pardies – Bésingrand accueille quant à elle des projets phares orientés vers la production d’énergies renouvelables, en plus d’une centrale photovoltaïque.
- La plateforme Induslacq, située à Lacq, est classée SEVESO II. Elle accueille 15 entreprises (dont Arkema) sur 224 hectares. Elle amorce une évolution, avec 40 % de la vapeur produite sur place à partir de biomasse renouvelable.
- La plateforme Chem'pôle 64, spécialisée dans la chimie fine, est implantée à Mourenx depuis 1975 sur 64 hectares. Elle est classée SEVESO II. Elle abrite notamment des unités de Lubrizol, Sanofi, Novasep.
200 entreprises
15 laboratoires et 200 chercheurs
7 500 emplois (contre 8 500 en 1980, au pic de la production gazière)
24 % des emplois du territoire de Lacq-Orthez sont industriels (hors services à l’industrie)
Communauté de communes de Lacq-Orthez (CCLO)
Nombre d'habitants :
Nombre de communes :
Patrice Laurent
Sophie Hazera
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