Une conserverie antigaspi à Bou (45)
Le village de Bou a désormais une conserverie bio et antigaspi, qui fabrique des bocaux de produits frais avec les invendus des agriculteurs locaux. C’est le fruit d’un projet collectif qui regroupe des élus communaux, des citoyens, des producteurs, des artisans transformateurs et des distributeurs.

© DR
En janvier, la conserverie de Bou a organisé les portes ouvertes de sa conserverie dans des locaux flambant neufs. La construction du bâtiment a été portée par la commune. « Études de marché, recherche de subventions, appels d’offres… la démarche a pris du temps », se souvient le maire, Bruno Cœur. La construction a coûté 700 000 euros, financée à plus de 80 % par l’État, la région, le département et des fonds européens, avec un reste à charge de 140 000 euros pour la commune. « Nous avons conçu un bâtiment de 100 m², en extension d’un local communal. Il est aux normes alimentaires, y compris pour la transformation de viande, ce qui laisse la possibilité d’ouvrir la filière à l’élevage. C’est aussi ce qui explique ce prix relativement élevé », rajoute l’élu.
La rencontre d’intérêts communs
Dès 2020, dans son programme municipal, la nouvelle équipe de Bou avait annoncé sa volonté de protéger les espaces agricoles et de valoriser la filière bio. Le village de l’agglomération orléanaise regroupe plus de 1 000 habitants et compte plus de 200 hectares de terres agricoles. Bruno Cœur, maire écologiste, précise : « nous avions alors identifié plusieurs leviers comme celui de créer un atelier de transformation des invendus des producteurs ». Pour lancer son projet, la commune prend contact, début 2021 avec le Groupement des agriculteurs biologiques du Loiret (Gabor).
Parallèlement, l’idée d’une conserverie collective germe dans l’esprit d’une citoyenne, soucieuse de lutter contre le gaspillage alimentaire et de contribuer à développer la filière du bio. Marie-Pierre Hory se rapproche du Gabor en 2021. « J’ai rencontré des agriculteurs et producteurs demandeurs de solutions pour valoriser leurs surplus et invendus. Or, des élus aspiraient à une démarche similaire. Un groupe de réflexion s’est alors monté », explique la jeune femme aujourd’hui à la tête de la conserverie.
Autour de valeurs partagées
De cette rencontre, naît en 2022 l’association ATC 45 - Atelier de Transform’Action Collectif (qui évoluera en société coopérative d’intérêt collectif en 2025). Le principe est clair : acheter les surplus des producteurs bios du Loiret, transformer ces fruits et légumes en bocaux longue conservation, puis les vendre en circuits courts. « Ce concept est en adéquation avec les caractéristiques agricoles du Loiret, qui compte beaucoup de grosses exploitations maraîchères où les excédents de production sont fréquents, explique Marie-Pierre Hory. Pour concrétiser notre projet, il a fallu prouver sa viabilité et trouver des financeurs. » L’association mobilise alors de nombreux producteurs, pour assurer un approvisionnement suffisant. Elle teste et développe ses premières recettes dans un atelier de transformation déjà existant à Férolles, avant d’investir la conserverie flambant neuve de Bou. Si le bâtiment est porté par la commune, ATC 45 apporte l’investissement matériel, essentiellement en occasion et en reconditionné, grâce à des prêts, des aides publiques et un financement participatif. Fin 2024, après six mois de travaux, l’association s’installe sous sa marque Bocaux de Champs.
Un projet de territoire autour de la résilience alimentaire
La conserverie écoule ses bocaux au magasin Biocoop du village voisin, auprès du réseau des associations pour le maintien de l'agriculture paysanne (AMAP) et dans les fermes partenaires ayant un service de vente direct. Marie-Pierre Hory entend bien diversifier les activités de la conserverie : « Nous organisons des ateliers de sensibilisation à l’alimentation durable, au bio, et à la lutte contre le gaspillage. Nous avons pour projet de créer un marché de producteurs sur le parvis de notre conserverie ». Aujourd’hui, la conserverie embauche trois personnes, pour l’achat, la transformation et l’animation.
Quant à la commune, elle travaille sur un accord pour alimenter sa cantine scolaire. « Ce débouché est pertinent dans le cadre de la loi EGALIM, qui introduit un minimum de produits bio au menu des cantines. D’ailleurs les communes voisines de Mardié et Boigny-sur-Bionne sont aussi intéressées pour leurs cantines. » Avec les enseignants et ATC 45, les élus prévoient des séances de sensibilisation auprès des enfants. Ils se sont aussi rapprochés de la banque alimentaire et d’associations caritatives, dans l’idée d’alimenter sainement les plus démunis. « Avec cette conserverie, nous animons un véritable projet de territoire autour de la résilience alimentaire », se réjouit le maire.
La conserverie de Bou en quelques chiffres
- Coût de la construction de la conserverie : 700 000 euros
- Financements : État, région, département, fonds européen
- Reste à charge pour la commune : 140 000 euros
- Durée des travaux : six mois
- Durée totale d’élaboration du projet : quatre ans
Commune de Bou
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