Pluvigner : un habitat social de maisons containers économes en énergie (56)

« Accès au logement, recyclage de matériel maritime, logements à énergie passive… Ce projet coche toutes les cases de nos préoccupations actuelles. » À l’évocation des six « maisons containers » inaugurées en juin dernier au sein d’un lotissement du centre de sa commune, l’enthousiasme de Diane Hingray, maire de Pluvigner, sonne comme une évidence.

À l’origine du projet, la réflexion du groupe LB Habitat, bailleur social breton, sur le pouvoir d’achat des plus modestes. « Aujourd’hui, souligne son directeur général Jean-Michel Vercollier, plus que le loyer, ce sont les prix de l’énergie qui plombent le budget des ménages. »

À l’affût d’innovations locales, LB Habitat repère le travail mené par la PME Doublier Construction, basée à Pluvigner, qui propose des logements à partir de containers maritimes achetés au port du Havre. Des containers « premier voyage » n’ayant pas transporté de produits chimiques.

Coconstruction

Propriétaire de terrains à Pluvigner – d’anciens terrains communaux acquis quelques années plus tôt - le bailleur social contacte courant 2021 la municipalité, qui se montre immédiatement intéressée. La démarche écoresponsable du groupe séduit Diane Hingray. L’accueil des mairies est « parfois plus frileux » : l’habitat en containers fait certes son chemin, mais il effraie encore nombre d’élus, et d’habitants potentiels, pointe Jérémy Bordignon, directeur général adjoint de LB Habitat.

Engagé dans une démarche de coconstruction de ses logements, baptisée « Usages », LB Habitat définit les contours des futures habitations avec la mairie, des habitants locataires et Doublier. Le bardage en bois ? Peint, mais pas en gris, suggère la municipalité : la teinte a été testée sur l’école mais plaît peu. La consommation d’énergie ? LB Habitat souhaite qu’elle soit la plus réduite possible : Doublier, qui proposait des maisons avec poêle à bois, relève le défi du « sans poêle » et affine l’isolation thermique.

Les maisons étant destinées à du logement social en locatif, leurs futurs habitants ne peuvent être consultés en propre, mais pour avoir une idée de leurs besoins, LB Habitat interroge la municipalité sur le profil des habitants de la commune (plutôt de jeunes actifs) et questionne des locataires de son parc immobilier. « L’une d’elles, mal voyante, nous a dit avoir des difficultés à trouver interrupteurs et prises dans son logement - nous avons donc demandé l’installation d’enjoliveurs de prises contrastés », cite en exemple Jérémy Bordignon. Sur ce détail, comme sur l’ensemble du projet, les six maisons sont ainsi adaptées à des personnes souffrant de handicap.

Objectif zéro chauffage

Permis d’aménager et permis de construire sont accordés par la mairie au terme de cette période d’échanges. Et la construction des maisons, sur site, débute en février 2022. Un peu plus longue que les huit mois prévus, contraintes post-Covid obligent, elle s’achève en janvier 2023. Et après quelques aménagements extérieurs, les habitants s’installent au printemps.

Avec leur bardage bois, ces « maisons containers », équivalents T3 ou T4 de 65 ou 85 m2, ne se distinguent en rien de leurs voisines. Non, leur originalité réside dans la quasi-absence de dépenses liées au chauffage, souligne Diane Hingray.

Il y a un ballon thermodynamique pour l’eau chaude. Mais, hormis un chauffage de « confort » dans la salle de bains, il n'y a en effet pas de système traditionnel de chauffage dans ces logements - la VMC double flux permettant un maintien de la température pour éviter les dégâts dus à une baisse importante des températures extérieures.

Le diagnostic de performance énergétique des maisons a abouti à un classement en A, avec un besoin de 43KWhEP/m²/an, ainsi qu’à une émission de gaz à effet de serre également en A pour 2 kgCO²/m²/an.

Le premier hiver dans ces maisons sera bien sûr déterminant pour ce qui concerne les performances énergétiques. LB Habitat poursuit d’ailleurs les échanges avec les habitants, notamment pour tenter d'analyser l'impact de leur mode de vie sur le maintien de la température dans le logement, « car cela pourrait avoir un impact non évalué pour l'instant par les études thermiques », explique Jérémy Bordignon. Lors de la construction, des conduits ont été mis en place, pour l'éventuelle installation d'un poêle, si le besoin s’en faisait sentir. Prochain défi pour le bailleur social : se lancer dans le logement social collectif à partir de containers recyclés. C’est prévu. Et crucial pour l’accès au foncier et la non-artificialisation des sols, souligne Diane Hingray.