Plan façades : Saint-Étienne redore le blason de son centre-ville (42)

Dans le cadre d’un plan d’action lancé par la municipalité fin 2021, quatre immeubles stéphanois ont déjà été ravalés et vingt-cinq autres vont l’être sous peu. La ville assure un accompagnement financier mais aussi technique des copropriétaires, afin de valoriser son patrimoine.

« Le plan a été conçu pour profiter au plus grand nombre. Aussi, son périmètre couvre tout le centre-ville, qui est inclus dans un site patrimonial remarquable », explique Laurence Ricciardi, conseillère municipale de Saint-Étienne, déléguée à l’urbanisme. La réfection des façades consiste principalement en leur ravalement côté rue, et même côté cour, si l’immeuble est traversant. Elle peut aussi concerner la seule reprise d’ornements, de moulures, de statues, de ferronnerie...

Les premiers résultats du plan lancé en 2021 sont probants : à ce jour, les travaux ont été achevés et vérifiés par les services de la ville dans quatre immeubles. Par ailleurs, pour 25 autres dossiers déposés, les travaux sont en cours ou programmés (en phase de déclaration préalable). Les subventions sont versées à la fin, sur facture acquittée. Leur niveau est très variable : de 5 000 à 10 000 euros pour des petits immeubles, à des sommes bien plus substantielles pour des édifices de grande envergure. La ville a alloué une enveloppe totale de 2 millions d’euros pour le plan façades sur la période 2021-2026.

Redonner une identité architecturale

Dans la continuité du premier plan façades (2014-2020), qui n’octroyait que des subventions, la ville a mis en place un accompagnement par une chargée de mission spécialisée, premier point de contact des syndics et des propriétaires. Elle gère les rendez-vous avec l’architecte conseil de la ville et l’architecte des Bâtiments de France (ABF), qui donnent des préconisations en lien avec la typologie de l’immeuble, son lieu d’implantation, le patrimoine stéphanois… Ainsi, Saint-Etienne est doté de nombreux édifices en grès houiller : les ABF conseillent de refaire apparaître cette pierre pour la laisser respirer et redonner une identité architecturale. L’idée est de guider les propriétaires vers des travaux pérennes, de qualité et respectueux du patrimoine. Par ailleurs, une convention a été signée avec la Fondation du patrimoine pour obtenir un accompagnement technique supplémentaire et accorder une déduction fiscale aux copropriétaires réalisant les travaux.

Le temps des chantiers varie beaucoup, là aussi, en fonction de la taille du bien. « En mono propriété, cela peut aller très vite, relate Laurence Ricciardi. Mais pour les grandes copropriétés, il faut trouver les entreprises, établir des devis et aborder le budget lors des assemblées générales - auxquelles assiste la chargée de mission. Entre la réflexion et la fin des travaux, il peut s’écouler deux à trois ans. Ce temps, long et incompressible pour les grandes copropriétés, est le seul bémol de cette opération. »

Des partenariats pour surmonter les obstacles

En 2022, la ville a multiplié les rencontres et les concertations avec différents partenaires : l’Unis (organisation professionnelle des métiers de l’immobilier), l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), la Fédération française du bâtiment (FFB), les entreprises locales (façadiers, peintres, menuisiers, métalliers…). « Ces partenariats créent de la fluidité et permettent de dénouer des dossiers compliqués, argue Laurence Ricciardi. En cas de point de blocage entre une copropriété et les recommandations de l’ABF, des réunions sont organisées avec l'ensemble des parties, en vue de trouver une solution convenant à tous. Aller au contact des habitants demande du temps et de l’énergie, mais c’est la condition sine qua non de la réussite d’une telle expérience. »

Au cours des derniers mois, le plan façades stéphanois a instauré un nouveau règlement : les ravalements deviennent obligatoires pour les immeubles dégradés de l’hypercentre. Les propriétaires des 60 premiers immeubles identifiés ont récemment reçu un courrier réglementaire les invitant à prendre contact avec les services de la ville. Autre nouveauté : la nécessité d’une harmonie depuis le pied d’immeuble jusqu’au toit. Aussi la subvention n’est-elle octroyée que si les rez-de-chaussée vacants ne sont pas oubliés et sont conformes à l’ensemble - qu’ils soient destinés à devenir un commerce, un bureau ou un logement.

Un cercle vertueux pour l’économie locale

Aujourd’hui, après des années de paupérisation et de fuite des populations du centre-ville, Saint-Étienne regagne des habitants. Quant à l’activité commerciale, elle repart à la hausse : le solde entre ouvertures et fermetures de commerces est positif. « Toutes les actions déployées, dont le plan façades, contribuent à redynamiser le centre-ville », se réjouit la conseillère municipale. Et de conclure : « C’est un cercle vertueux pour notre territoire, pour ce qui concerne le patrimoine mais aussi l’économie ! »

Deux plans façades en chiffres

  • Un premier plan façades a été mis en place de 2014 à 2020, attribuant des subventions à hauteur de 300 000 euros par an
  • Avec le deuxième plan façades (2021-2026), les subventions s’élèvent à 480 000 euros par an. Objectif global : près de 300 interventions dont 124 ravalements et 75 mises en conformité de devantures (notamment pour les rez-de-chaussée vacants)
  • Début 2023, après un an de mise en œuvre, on dénombrait 12 dossiers déposés entre janvier et décembre 2022, donnant lieu à 4 ravalements réalisés et 25 autres dossiers de travaux programmés au premier semestre 2023. De plus, 70 visites en pied d’immeuble ont été réalisées avec la chargée de mission et 80 visites pour des ravalements volontaires (à la demande des syndics)
  • Pour un euro d’argent public, 4 euros sont investis au bénéfice des entreprises locales de BTP
  • Le ravalement est rendu obligatoire pour les immeubles dégradés dans l’hypercentre : 60 édifices ont été identifiés et leurs propriétaires contactés par courrier

Commune de Saint-Étienne

Nombre d'habitants :

174082
place de l’Hôtel de Ville
42 100 Saint-Étienne

Laurence Ricciardi

Conseillère municipale, en charge de l’urbanisme

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