À Merris, une extension du cimetière foncièrement vertueuse (59)
Livré en 2019, le cimetière agrandi de Merris donne une large place aux aménagements paysagers. La commune a mis à profit une parcelle contiguë qui s’intègre dans les cheminements piétonniers de la ville, tout en s’adaptant aux nouveaux usages funéraires.
Agrandir et transformer un cimetière en un lieu paysager, dédié à la célébration des défunts mais aussi à des promenades, c’est le pari réussi par la commune de Merris en 2019, qui fait « des envieux chez les villes voisines », souligne Yves Delfolie. Élu maire en 2016, il s’est attelé dès le début de son mandat au projet d’agrandissement du cimetière, amorcé par ses prédécesseurs. Ceux-ci misaient déjà sur un terrain attenant préempté par la commune des années auparavant, qui était loué à un agriculteur. En lui faisant libérer les lieux, la commune disposait d’un foncier de 5 400 m2.
En premier lieu, la municipalité a dessiné une esquisse qui a été soumise à un architecte paysagiste. « Il a étudié notre projet et fait des propositions en respectant les consignes que nous lui avions données : nous voulions éviter des formes trop géométriques au profit de courbes, pour éviter d’avoir l’impression de se trouver dans de grandes allées linéaires », expose le maire. Yves Delfolie qui s’est inspiré du cimetière de Loos, où il s’était rendu pour des obsèques familiales : « J’avais admiré ce lieu avec des allées en courbes et des futaies délimitant les zones tombales ». L’extension était aussi l’occasion d’intégrer les nouvelles pratiques funéraires issues de la crémation : jardin du souvenir, columbarium et cavurnes. Livré en 2019, l’équipement agrandi est un cimetière paysager tout en courbes, constellé de petits îlots séparés par de la verdure ou des plates-bandes végétales et parsemé de bancs, qui permettent de se recueillir ou, tout simplement, de profiter de la sérénité du cadre. Et ce, d’autant plus que le cimetière est intégré à un maillage de parcours piétonniers dans la ville.
Réserve foncière
« Les trois espaces dédiés aux nouvelles pratiques – jardin du souvenir, cavurnes et columbarium — permettent un gain d’espace d’environ 50 % par rapport à la superficie qui aurait été occupée par des tombes », estime Yves Delfolie.
La ville a installé 8 « cavurnes ». Ces petites tombes de 1 m2 qui peuvent accueillir jusqu’à trois urnes n’ont pas eu le succès escompté. En revanche, le columbarium de 12 places est quasiment complet. C’est pourquoi la commune en a commandé un autre, qui comprendra 12 cases.
À proximité du columbarium, une « interface paysagère » composée de plates-bandes arborées ou en pelouse « constitue une réserve foncière dans le cas où nous aurions besoin d’espace supplémentaire pour des tombes », précise le premier édile de Merris.
Pour la commune, l’opération se révèle donc être un projet urbain et paysager sans consommation foncière, à la fois parce que le terrain lui appartient et parce que les pratiques funéraires issues de l’incinération prennent moins de place.
« Béton vert » et ensemencement des graviers
À cette sobriété foncière s’ajoutent des initiatives en faveur de l’environnement : tri des déchets au sein du cimetière et création de parkings en « béton vert » (mélange de bétons et de végétation), ce qui rend les sols perméables. Il a en effet fallu aménager deux parkings : un au sud, là où la parcelle jouxte un lotissement créé en 2016, et un autre au nord, là où seules quatre places de stationnement existaient. Ce n’est pas tout : dans la partie ancienne du cimetière, les grandes allées gravillonnées sont peu à peu enherbées. Les graviers sont ensemencés avec des plantes résistantes, notamment des pâquerettes.
L’expérience est reproductible dans tout territoire, mais Yves Delfolie insiste sur la nécessité de réaliser des études préalables, et en particulier des études hydrogéologiques : « Un cabinet spécialisé a mesuré la quantité d’eau tombée pendant six mois afin d’étudier les variations de la nappe phréatique. Il s’est avéré que nous ne pouvions pas mettre plus de deux cercueils l’un sur l’autre, faute de quoi les tombes risquaient d’être inondées, ce qui aurait pu engendrer des contaminations de l’eau ». Le rapport du bureau d’études a été transmis à l’Agence régionale de santé.
Pour le territoire, la valeur ajoutée est indéniable. La découverte du cimetière donne une bonne image de la commune, qui bénéficie de l’appellation village patrimoine .
Plus vivant, moins triste, le lieu de célébration des défunts n’est plus isolé de la ville, il en fait partie intégrante. Certains posent spontanément des nichoirs dans les arbres. Les habitants se sont approprié le cimetière, amorçant peut-être par là un autre rapport culturel à la mort et aux défunts.
L’extension en quelques chiffres
Depuis l’extension du cimetière, en trois ans :
- 12 tombes installées
- 4 dépôts de cendres au jardin du souvenir
- 8 cavurnes et 12 cases du columbarium occupées
Coût total de l’opération : 329 882 euros HT, avec un reste à charge pour la commune de 151 000 euros, fournis sur trois exercices budgétaires, de 2017 à 2019.
Subventions obtenues :
- État : 27 000 euros – Dotation d’équipement des territoires ruraux
- Département du Nord : 101 000 euros - aide départementale aux villages et bourgs
- Communauté de communes des Flandres intérieures : 50 000 euros - fonds de concours pour les projets structurants
Un nouveau columbarium de 12 cases a été commandé pour 10 000 euros. Les cases sont vendues sous forme de concessions de 15 à 30 ans pour un coût maximal de 250 euros.
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