Lormes dynamise la démocratie participative (58)
Lormes « petite ville du futur », le label chapeaute une « aventure collective » entamée depuis plusieurs années, pour redynamiser sa vie économique, sociale et culturelle, créer du lien entre les habitants et en attirer de nouveaux. Une démarche qui ne passe pas inaperçue dans les rues de la commune…
Au sein du parc naturel régional du Morvan, la commune de Lormes, terre agricole, s’étend sur de nombreux hameaux. La densité de population y est faible. Au cœur de la commune, la rue principale qui sinue entre le haut et le bas de la ville commence à retrouver des couleurs, ainsi que des commerces : une nouvelle pharmacie, un bistro dans un ancien garage, les locaux de Territoire zéro chômeur longue durée... Dans le bas, en approchant de la place centrale, deux maisons qui menaçaient de s’effondrer ont été abattues. À la place, un espace vierge, en devenir…Une « halle publique couverte » va y être construite, comme l’explique une frise en couleurs. « C’est la population, qui a été consultée, qui a choisi ce projet pour avoir un lieu de rencontres, de marchés, de spectacles », explique le maire, Christian Paul.
Dans sa mairie, à trois minutes à pied, le maire s’apprête à rejoindre une réunion sur le stationnement en centre bourg. La semaine dernière c’était une réunion sur l’aménagement de l’entrée du bourg. Avec près de 60 participants ! « Cela n’arrête pas ! » reconnaît-il.
Consultation citoyenne
Dans le hall d’accueil, un dépliant « Parlons-en » invite d’ailleurs tous les Lormois et Lormoises à participer à une nouvelle consultation, baptisée « les cahiers de Lormes ». « Les gens en ont pris l’habitude », assure-t-il. Ravi de raconter l’anecdote du club de volley-ball qui, en fin d’entraînement, a choisi de remplir un de ces cahiers…
Chacun est amené à choisir un sujet, sans liste préétablie, et à décrire dans les quatre colonnes suivantes, « ce qui ne fonctionne pas sur la commune », « ce qui fonctionne » et une « proposition d’amélioration ». Ces cahiers étaient à remettre à la mairie d’ici la fin mars 2024. « Le 31 mars, on a ramassé les copies pour regrouper les idées suivant des thématiques : mobilité, couleurs de la ville, sécurité, etc. Puis on va exploiter les propositions au cours de deux réunions publiques. À charge ensuite pour nous de prendre des engagements sur la réalisation des propositions retenues », explique le maire. Le chantier va s’étaler donc sur plusieurs années.
Naissance du label « Petite ville du futur »
Cette étape s’inscrit dans une démarche qui a débuté sur le précédent mandat, en 2016. Et qui se prolonge depuis avec la nouvelle équipe municipale. « C’est un travail au long cours, qui remonte aux années quatre-vingt-dix, quand une nouvelle génération d’élus a décidé de ne pas se résigner au déclin du canton et a commencé par créer un comité de développement local, en 1995 », reprend Christian Paul. L’appui de l’intercommunalité a été moteur, avec le programme « villages du futur » lancé sur cinq EPCI. Lormes a repris le nom pour se l’approprier sous la formule de « petite ville du futur ». Ce programme a permis à chaque commune de disposer de 30 000 euros sur une année pour financer la collaboration d’experts (architectes, designers, paysagistes, développeurs, etc.) et accompagner la réflexion élus habitants sur de nouveaux projets. « Un triangle magique » souffle le maire.
Le dispositif Petite ville de demain est arrivé en renfort de cette démarche. Avec un chef de projet financé par l’État jusqu’en 2026. C’est ainsi que la commune a pu s’attaquer à la question de l’artère principale de Lormes, devenue un « boyau dévitalisé » pour reprendre l’expression du maire. « Ce n’est pas encore gagné mais cela a déjà fortement changé en un an », assure-t-il. La méthode de travail a misé une fois encore sur la participation de la population, en commençant par une déambulation dans la rue, suivie d’un travail en petits groupes dans une salle municipale. « Les petits groupes favorisent le fait que chacun prenne la parole, à la différence d’une grande réunion publique », souligne-t-il. De ces réflexions, les experts tirent à chaque fois une synthèse, qui sert de base aux élus pour décider des projets retenus.
Reconquête du cœur de bourg
« Un tissu urbain trop dense et très dégradé », « une absence d’extérieurs pour les logements présents », « une forte vacance des logements en étage de locaux commerciaux », « une trop faible offre de places de stationnement » De ce diagnostic posé avec les habitants, sont nés plusieurs projets. « Le principe est d’avoir des projets concrets immédiats et d’autres, davantage dans la durée », précise le maire.
Ainsi de la construction récente, par la commune, d’un bâtiment élégant où la grande pharmacie s’est installée. « Ce bâtiment sera quasiment remboursé par les loyers de la pharmacie sur vingt ans », assure la mairie. D’autres sont en cours ou en projet. Comme la halle publique ou, plus haut, une concession d’aménagement sur un îlot. Ou encore la rénovation du petit Casino sur la place, au-dessus duquel deux appartements neufs vont être créés et mis en location d’ici la fin de cette année.
Le « plan guide » qui recense l’ensemble des projets, petits ou grands, est devenu la « bible », mais « une bible révisable, qui écrit ce qu’on pourrait faire en regardant à dix ans », rassure le maire. « Le but n’était pas d’aboutir à une planification à la soviétique mais de créer un élan et d’impliquer les habitants, avec de nouvelles formes de travail en commun », résume Christian Paul. Le village est parsemé de panneaux explicatifs qui balisent ces projets et informent de leur état d’avancement.
La commune multiplie aussi les démarches qui permettent aux anciens comme nouveaux habitants de se rencontrer, et de s’accepter… Comme d’impliquer davantage les résidents secondaires, dont nombreux sont devenus bi résidentiels depuis le Covid. Depuis 2022, 50 nouveaux habitants ont emménagé à Lormes. Leur liste est publiée dans le bulletin municipal annuel. Une nouvelle tradition à laquelle le maire est attaché.
Des dépenses de personnel largement couvertes
Pour la commune, l'essentiel des dépenses liées à ce projet porte sur le salaire de la cheffe mission « Petite ville de demain ». Sur cinq ans, le reste à charges est de 32 348,95 euros, après les subventions de l’agence nationale de cohésion des territoires et de la communauté de communes. La commune finance les panneaux de la halle et la concession d'aménagement pour 502 euros. Comme le glisse le maire : « tout cela va sans compter l'investissement en temps et en énergie de toute une équipe ».
Commune de Lormes
Nombre d'habitants :
Christian Paul
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