Les élèves de Saorge déjeunent au restaurant (06)

Saorge fait partie d’un regroupement scolaire : une classe de 19 élèves, divisée en niveaux (maternelle, CP, CE1) est installée dans le village, avec un directeur d'école et une ATSEM ; à quelques kilomètres de là, une autre classe de 12 élèves est installée à Fontan. Longtemps, la restauration scolaire pour les élèves de Saorge était dispensée à l’Ehpad du village. Accueillis dans une salle spécifique, les enfants mangeaient, comme les résidents, les plateaux-repas de l’hôpital de Breil-sur-Roya. Aux moments festifs, ils préparaient un spectacle, pour le plus grand plaisir des personnes âgées. Une manière de faire vivre le lien intergénérationnel.

Tempête Alex

Mais la crise sanitaire liée au Covid est passée par là et les enfants ont dû être installés dans un espace de la salle des fêtes pour prendre leurs repas, apportés par une personne de l’hôpital, tandis que la commune a employé une personne deux heures par jour pour le réchauffage des repas et le service de vaisselle. Mais cette organisation se heurte très vite à un autre cataclysme : la tempête Alex, en octobre 2020, isole complètement Saorge. « Pour stocker les vivres livrés par hélicoptère, nous avions besoin de cette salle », explique Brigitte Bresc, maire depuis 2014. Après le choc, dans le temps de la reconstruction, comment organiser le déjeuner des élèves ? Alors même que les trois restaurants installés au village risquaient la fermeture, du fait de l’absence soudaine d’axes de communication. Une fermeture d’autant plus problématique que Saorge est classé parmi Les Plus Beaux Villages de France.

Une écotable

« Nous avons consulté les restaurateurs et passé un contrat annuel reconductible avec l’un d’entre eux, parce que les lieux s’y prêtaient et que le projet l’intéressait », précise Brigitte Bresc. La Petite épicerie à Saorge est un restaurant « de qualité », reconnu par le collège culinaire de France, labellisé écotable : il propose des repas à l’ardoise, préparés sur place chaque jour selon la disponibilité des produits bios, locaux et de saison. « Tout est fait maison et chaque produit a une traçabilité claire, ce qui contribue à éduquer les enfants, à leur transmettre le goût des produits, à les conduire à prendre soin d’eux. »

Les restaurateurs, arrivés au village peu de temps avant le Covid, apprécient de contribuer à cette éducation au goût des enfants, sans compter l’apport commercial qui participe au maintien de leur activité. Côté parents, nombreux à être sensibles à la préservation de la planète, ils apprécient aussi cette cuisine savoureuse, unique dans le monde scolaire. Enfin, pour ce qui concerne les enfants, « la totalité des élèves est inscrite. Alors que certains pourraient déjeuner chez eux, tous les élèves veulent déjeuner avec leur classe. » 

L’expérience, pleinement réussie, a donc été reconduite. Seul bémol, explique la maire du village : le prix. Le repas coûte 7,50 euros, la commune prenant en charge 1,50 euro, plus les repas des deux accompagnatrices, soit un budget annuel situé entre 5 000 et 7 000 euros. « Tout va bien, tant que les familles peuvent continuer à payer et que les restaurateurs réussissent à maintenir ce prix », précise la maire du village.