Le Chaunois tisse le réseau de l’insertion (02)

En novembre 2024, une soixantaine de personnes éligibles à un parcours d’insertion (Pass Iae) ont été conviées au premier Rallye de l’insertion du Chaunois, dans l’Aisne. Le principe : sur une journée, faire visiter les neuf structures d’insertion du territoire, afin que les personnes découvrent les différentes possibilités de travail et puissent échanger avec les salariés déjà en insertion. Sur les trente-quatre personnes participantes à la journée, vingt-six se sont présentées à la session de recrutement organisée deux semaines plus tard. La communauté d’agglomération Chauny Tergnier La Fère porte elle-même un chantier d’insertion de quinze postes, dans le secteur de l'entretien et de la rénovation de bâtiments publics. « Sur notre chantier, j’ai recruté quatre personnes à la suite du Rallye », témoigne le chargé de projet insertion et accompagnateur socioprofessionnel de la communauté d'agglomération Chauny-Tergnier-la Fère, Vincent Fernandez. En tout, onze personnes ont été recrutées dans les structures du collectif Dynamiq’emploi sur les 34 qui ont participé au rallye. Ce rallye réalisé en bus avait l’avantage de lever l’un des premiers freins que rencontrent les personnes en recherche d’emploi : celui de la mobilité. « Nous sommes sur un territoire rural où le permis et la voiture sont quasiment indispensables pour travailler, avec une offre d’emploi surtout orientée vers les métiers du service à la personne, du commerce et de la maintenance industrielle, poursuit Vincent Fernandez. Le département de l’Aisne est très touché par le chômage, toujours au-dessus de la moyenne nationale et régionale. »

Un partenariat entre neuf structures d’insertion

Le Rallye est la première action réalisée sous la bannière « Dynamiq’emploi », le nom du collectif formé début 2024 par les structures d’insertion du territoire : cinq ateliers et chantiers d’insertion, deux agences de travail temporaire d’insertion et deux associations intermédiaires, dont Défi services. Sandrine Ferreira, responsable d’agence à Défi Services, en est l’une des initiatrices de ce collectif : « Les structures de l’insertion par l’activité économique ont le même public et réalisent le même travail de fond. Ce groupement nous permet de gagner en efficacité et en temps. Cela présente aussi l’intérêt pour les personnes de ne pas avoir à répéter leur parcours à plusieurs accompagnants. » La convention Dynamiq’emploi compte ainsi trois axes de travail : promouvoir l’insertion sur le territoire, fluidifier le parcours des personnes en facilitant le passage d’une structure à l’autre, et mutualiser des actions, telles que le Rallye ou encore des formations communes pour les salariés en insertion.

Renforcer les liens avec les autres acteurs de l’emploi et de la formation

Maintenant que le collectif Dynamiq’Emploi est constitué, ses membres s’attachent à resserrer les liens partenariaux avec les acteurs en amont et en aval, comme la Mission locale, Cap emploi, des organismes de formation ou encore des structures d’hébergement. « Ces acteurs peuvent repérer les personnes éligibles au Pass Iae et les orienter vers nous. L’objectif est un parcours sans rupture, en 24 mois, pour lever tous les freins à l’emploi : mobilité, logement, maîtrise de la langue, confiance en soi, santé, qualifications… », poursuit Sandrine Ferreira. Par exemple, Dynamiq’emploi a mis en place un partenariat avec l’association d’hébergement social Accueil & Promotion : l’association accompagne maintenant les personnes qu’elle loge jusque sur les chantiers d’insertion, pour la première immersion. « Ces liens nous permettent de toucher les publics les plus éloignés de l’emploi, complète Vincent Fernandez. Nos contrats d’insertion de 21 heures minimum représentent un pas difficile à franchir pour certaines personnes. Elles peuvent commencer par un stage pour vérifier si elles se sentent prêtes. »

Objectif : l’emploi durable

Le collectif Dynamiq’emploi s’attache aussi à constituer un réseau d’employeurs qui acceptent de proposer des mises en situation en vue d’un emploi durable. Une rencontre est organisée chaque trimestre entre les salariés en insertion et des acteurs de l’emploi local. « Parfois, ce premier contact suffit aux personnes pour se sentir capables de passer la porte d’une agence de travail temporaire, témoigne Vincent Fernandez. Nous mettons aussi un point d’honneur à faire des visites d’entreprises. Du côté des employeurs potentiels comme des personnes en insertion, cela permet de susciter l’envie et de changer les représentations. » Exemple : après une visite du technicentre SNCF en juin 2024, un salarié en contrat d’insertion a signé un contrat de professionnalisation en CDI avec la SNCF, début 2025. « Entre les deux, il a eu un job dating, un recrutement par simulation via un dispositif de France Travail, et un entretien d’embauche préparé bien en amont. C’est long mais on y arrive ! » résume Vincent Fernandez.

Perspectives

Après les premiers mois, le bilan du collectif est très positif. « Certains partenaires de l’emploi souhaitent être inclus dans nos actions. Sur notre territoire, où France Travail anime depuis longtemps le réseau des acteurs de l’emploi, les liens sont forts et les personnes impliquées. Le collectif Dynamiq’emploi n’est pas constitué juridiquement. Ce fonctionnement informel pourrait trouver ses limites, notamment si nous voulions monter une action avec une demande de financement. La Direction Départementale de l’Emploi du Travail et des Solidarités nous a déjà suggéré d’y réfléchir. Ce sera peut-être l’étape suivante », rajoute Sandrine Ferreira. Et Vincent Fernandez de conclure : « Nathalie Lobjois, chargée de développement de l’emploi dans les territoires sur les bassins de Laon et Chauny à la DDETS nous soutient dans toutes nos actions et nous pousse à innover en permanence pour lever les freins à l’emploi et accompagner au mieux les personnes en insertion. »