Landerneau-Daoulas vise l’autonomie numérique des habitants (29)

À l’origine de l’action numérique du pays de Landerneau-Daoulas, une analyse des besoins sociaux réalisée à l’échelle des 22 communes de la communauté d’agglomération. Parmi les éléments identifiés, une aide au numérique. « Nous nous sommes rendu compte que la fracture numérique n’est pas une question absolument liée à l’âge. Même si notre population est vieillissante, les besoins sont beaucoup plus larges que ceux de la seule population des séniors, d’autant plus que chaque usager doit maintenant passer par l’e-administration », explique Jean-Luc Le Saux, maire de Daoulas et vice-président aux solidarités de la communauté d’agglomération.

Dans le cadre du dispositif de l’Agence nationale de cohésion des territoires, l’agglomération embauche un conseiller numérique en 2021 et crée un service de médiation numérique au sein du pôle Cohésion sociale de l’agglomération, complété en 2023 par un agent France Services. « La médiation numérique souffre d’une représentation simplifiée et l’un des enjeux est de faire passer le message : elle ne concerne pas seulement les personnes âgées ou les publics fragiles. Dans une société numérisée à grande vitesse, la fracture numérique change de visage et tout le monde peut avoir besoin d’un accompagnement numérique à un moment ou un autre », précise Christopher Dewaeghemaecker, conseiller numérique. 

Cette aide au numérique prend diverses formes. L’accompagnement individuel est proposé avec deux créneaux de permanence hebdomadaires sur rendez-vous à la Maison des Services Publics. Saisie d’une déclaration de changement de véhicule, création de moyens d’identification France Connect, déclaration de revenus en ligne… Dans ces rencontres en face-à-face, le conseiller numérique fait souvent « à la place » de la personne, il s’agit alors d’assistance numérique. 

Autonomie

La médiation numérique relève davantage de la formation courte. Mieux naviguer sur internet, gérer les mails : le conseiller donne une méthode d’apprentissage et aide à monter en compétences : il « fait avec ». « À partir d’une corvée administrative, on accompagne la personne dans son savoir-faire pour la conduire vers l’autonomie, via des sujets plus ludiques : communiquer sur un réseau social ou par mail ». À chaque fois que cela est nécessaire, un mandat d’accompagnement est signé car il y a « manipulation de données personnelles sensibles ». L’élu confirme : « Bien sûr, certaines personnes auront toujours besoin d’aide, mais pour la majorité, notre commande est claire : rendre les personnes le plus autonomes possible avec les outils numériques ».

L’agglomération propose aussi les ateliers collectifs : le stage numérique (12 en 2023 dont 11 hors de la ville centre) se déroule sur deux à trois séances de deux heures, à une semaine d’intervalle. Les stagiaires apprennent à gérer leur boîte mail, s’approprier leur smartphone pour mieux communiquer avec, etc.

L’atelier éclair (15 en 2023 dont 13 en dehors de la ville centre) consiste en une séance unique de deux heures sur un sujet précis : apprendre à gérer ses mots de passe, à numériser un document avec son smartphone…

Sur les deux formes d’ateliers collectifs, 88 personnes au total ont été inscrites.

Les points d’information publique se déroulent en soirée et accueillent sans inscription un autre public : les actifs, les parents d’adolescents… Le conseiller y fait une présentation avant un échange informel sur divers sujets : éviter les arnaques en ligne, le cyberharcèlement, le carnet numérique de l’Assurance Maladie… Les quatre points d’information organisés en 2023 ont accueilli 54 personnes.

Des communes engagées

La participation aux ateliers est gratuite et se fait sur inscription, auprès des structures ou par téléphone. Ici intervient aussi le talent du conseiller numérique, qui tisse des relations avec les espaces de vie collective sur le territoire : outre les agents d’accueil des mairies (onze communes sont activement engagées), médiathèques, bibliothèques, associations sont mises à contribution pour diffuser l’information des ateliers : « Depuis début 2024, une convention d’engagement est signée avec les structures pour nous aider sur la communication du planning et la prise d’inscription ». Dans ce cadre, une journée collaborative (avec l’appui du Hub Bretagne) a réuni en 2023 une vingtaine de personnes pour travailler sur l’inter connaissance entre professionnels de l’accès au droit et de la médiation numérique. Fort de cette connaissance, chacun, de l’agent d’accueil à l’opérateur local de service public en passant par le responsable d’association, peut orienter la personne vers le service qui répondra le mieux à son besoin.

Mailler le territoire

« L’engagement des relais est majeur, parce que les habitants ont souvent plus de liens avec les lieux de proximité, comme la mairie, qu’avec l’agglomération, qui reste un peu lointaine pour eux. Nous allons donc au plus près des habitants », explique le conseiller. « Il ne suffit pas de créer un poste de conseiller numérique dans la ville centre pour répondre aux besoins de la population », confirme Jean-Luc Le Saux. L’expérience montre qu’il faut « compter sur un temps long, d’autant plus que ça ne fonctionne pas de la même façon dans une commune de 350 ou de 16 000 habitants ».

Début 2025, des lycées du territoire accueilleront le conseiller numérique car les lycéens, eux aussi, ont besoin d’éducation à l’e-administration.