À Lamontjoie, les apprentis sont les bienvenus (47)

« Nous avons fait le diagnostic avec la Chambre des métiers : les jeunes en recherche de contrat d’apprentissage éprouvent de grosses difficultés à se déplacer dans les territoires ruraux, faute de moyens de transport appropriés. Le coût d’un logement à proximité du lieu d’apprentissage est également un facteur limitant. Ces freins empêchent les artisans et commerçants de Lamontjoie et des communes voisines de recruter les apprentis dont ils ont besoin pour poursuivre leur activité, ou encore la céder à un repreneur quand ils prennent leur retraite », constate Pascal Boutan, maire de Lamontjoie. La commune a donc décidé depuis plusieurs années déjà de développer des actions en faveur du maintien et du retour sur son territoire des artisans et des commerçants. Dans ce but, elle participe au programme départemental Apprentoit, élaboré avec la Chambre des métiers du Lot-et-Garonne pour préserver l’emploi dans la ruralité. Ce programme consiste à construire des logements dédiés aux apprentis en association avec un bailleur social afin de réduire les distances, souvent rédhibitoires, entre le lieu de résidence et le lieu d’apprentissage. Un point central, selon Pascal Boutan. 

Le rôle fondamental du bailleur social

Pour mettre en œuvre le programme Apprentoit, la commune de Lamontjoie a cédé pour un eurosymbolique au bailleur social Ciliopée Habitat* un bâti vétuste, situé en cœur de bourg, dans une bastide du XIIIe siècle. Entièrement restructuré par le bailleur, sous le contrôle et les réquisitions des Architectes des bâtiments de France (ABF), le bâtiment a donné le jour à deux studios d’une vingtaine de mètres carrés, équipés d’une cuisine commune. « Le rôle du bailleur est fondamental. Il a recherché les emprunts, les subventions et complété sur ses fonds propres », explique Baptiste Charrier, conseiller municipal délégué chargé du développement. « Sans lui, nous n’aurions pas pu mener cette opération à bien. » Depuis leur mise en service en 2017, ces studios sont occupés au moins dix mois par an par de jeunes apprentis (qui généralement retournent chez leurs parents l’été). « Si nous avions deux logements supplémentaires, ils seraient aussi occupés », ajoute Baptiste Charrier. 

Un loyer très modéré

La location des deux studios fait l’objet d’un mandat de gestion, confié au Foyer des jeunes travailleurs. Le dispositif est placé sous l’égide de la Chambre des métiers, qui est le cocontractant, avec le bailleur social. Le loyer, aides sociales et charges comprises, ne dépasse pas les 100 euros par mois. Cette opération, résument le maire et son conseiller municipal, réunit trois prérequis indispensables au développement économique : un logement abordable à proximité du lieu d’apprentissage, une mobilité sur de courtes distances et donc peu coûteuse et, le plus souvent, un emploi à la clé. Le bénéfice est évident pour les entreprises, qui peuvent ainsi inscrire leur activité sur le territoire dans la durée. Un succès qui vient s’ajouter à la plus-value patrimoniale apportée par la réhabilitation « très réussie », nous dit le maire, d’un bâti dégradé en cœur de bourg. 

Cette opération complète d’autres actions, comme l’inauguration récente d’une zone artisanale à Lamontjoie, à proximité des axes routiers Agen – Pau et Agen – Condom. « Le logement des apprentis est un maillon du succès de notre politique d’attractivité », estiment les deux édiles. 

*Le bailleur a depuis fusionné avec Domofrance Groupe Action Logement