L’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées met les pollens sous surveillance (65)

Le plan climat-air-énergie territorial (PCAET) impose aux collectivités de prendre des mesures pour atténuer les effets du changement climatique, parmi lesquels la multiplication des pollens allergisants. « En 2022, 30 % de la population mondiale était allergique aux pollens ; en 2050, ce sera 50 % de la population qui sera affectée. Or, Les informations polliniques actuelles ne répondent pas suffisamment aux besoins des personnes allergiques. Face à leur maladie, les personnes allergiques aux pollens ont peu de recours : prendre leur traitement en permanence, même lorsque c’est inutile ou limiter leur exposition, sous réserve de disposer d’une information pertinente », explique Gérard Trémège, président de la communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées (CATLP).

Simon Peyret, référent PCAET à la CATLP explique de fait que « le réchauffement climatique provoque un développement des allergies polliniques. L'augmentation des températures induit en effet des changements profonds dans la flore, avec des espèces locales qui vont fleurir plusieurs fois dans l'année et l'arrivée de nouvelles espèces. Résultat, nous avons plus de pollens, pendant des durées plus longues et ceux-ci sont plus agressifs. Non seulement le nombre de personnes allergiques augmente, mais nous observons aussi de plus en plus d'allergies croisées et des pathologies plus graves. » La collectivité a du reste travaillé avec un allergologue réputé, Jacques Gayraud, pour mener à bien son projet.

Cinq capteurs, 95 % du territoire

Jusqu'à présent, il y avait bien un réseau historique de capteurs mais le capteur le plus proche est situé à plus de 100 kilomètres de la CATLP. Par ailleurs, la donnée était traitée manuellement et transmise dans le meilleur des cas à J+7, ce qui a conduit la collectivité à souhaiter disposer de ses propres capteurs. Elle a opté pour la solution Live Pollen de la start-up Lify Air. « Nous avons dû d'abord vérifier la qualité des capteurs. Une fois rassurés, nous avons contractualisé pour une durée de cinq ans pour l'installation de 5 capteurs », explique Simon Peyret. Les capteurs sont placés sur des bâtiments municipaux, en hauteur pour être exposés aux 4 vents. Les données sont ensuite remontées, via le réseau mobile, pour être traitées par le prestataire. Un capteur couvre un rayon d’environ 2,5 kilomètres. Les cinq capteurs installés surveillent donc près de 95 % du territoire, dont les vallées qui le structurent.

Anticipation et investigation

Désormais, une soixantaine de pollens issus d'arbres, de fleurs ou de graminées sont surveillés en permanence. Les données sont accessibles en temps réel, via l'application mobile gratuite Live pollen. Les personnes peuvent connaître la situation à un moment « t » mais aussi évaluer la progression des pollens et bénéficier de conseils pratiques. « Il y a en fait 2 cas de figure, détaille Simon Peyret. Les personnes qui se savent allergiques peuvent mettre en favoris les pollens auxquels elles sont sensibles et recevoir des alertes pour prendre leur traitement avant même l'arrivée des premiers symptômes. Celles qui se découvrent une allergie peuvent accéder à l’historique des pollens et voir s'il y a une concordance entre la date d'arrivée des symptômes avec celle d'un pollen particulier. »

Professionnels de santé informés

Sans avoir fait de battage particulier, l'application a dénombré plus de 25 000 connexions sur la dernière saison, un chiffre jugé « loin d'être anecdotique ». La collectivité vise cependant aussi les professionnels de santé – médecins, infirmiers, aides-soignants…  – vers qui elle a prévu des actions de communication. Ceux-ci trouveront dans cette application un moyen de mieux accompagner leurs patients souffrant d’affections respiratoires chroniques. La collectivité a par ailleurs découvert que les données collectées servaient aussi de révélateur à la biodiversité. Elle s'avère par exemple beaucoup plus riche dans le centre-ville, où les pesticides ne sont plus du tout utilisés, qu'en périphérie à proximité de zones traitées.