Fouras-les-Bains efface la décharge littorale du Magnou (17)
Face à la pollution chronique générée par une ancienne décharge littorale grignotée par l’érosion marine, Fouras-les-Bains a patiemment construit un large partenariat local pour dépolluer et renaturer le site. Le projet figurait parmi les trois initiatives pilotes soutenues par l’État dans le cadre du Plan national de résorption des décharges littorales annoncé en 2022.
L’ancienne décharge dite du Magnou, située sur le littoral de la commune de Fouras-les-Bains, illustre l’époque révolue, mais encore récente, où l’on jetait couramment ses déchets en pleine nature. Avec le temps, on ne savait plus ce qui dormait sous la couche de terre végétale déposée sur ce site interdit d’accès au public en 1992, ni à quelle période précisément les Fourasins avaient apporté ici toutes sortes de matières. Des photos aériennes d’époque révèlent une activité entre le milieu des années 1960 et 1970, au sein de cet espace mis à disposition par un propriétaire privé.
La Baie d’Yves où se situe Magnou a été touchée par la tempête Xynthia en 2010, et identifiée comme zone à risque d’érosion marine, les autorités locales y ont ainsi prêté davantage attention. Sylvie Marcilly, aujourd’hui présidente du conseil départemental de Charente-Maritime, maire de Fouras-les-Bains à l’époque, se souvient : « les équipes de la commune retiraient régulièrement des déchets sur les plages, et on s’est aperçu que le dépôt était incessant. » Une grande partie des éléments ramassés « ne pouvaient manifestement provenir de la mer, du fait de leur apparence, ajoute de son côté l’adjoint en charge de la protection du littoral et de l’environnement de Fouras-les-Bains, Éric Simonin. En faisant des recherches, on s’est aperçu que le trait de côte avait reculé de 50 mètres sur le site de Magnou et que l’érosion libérait donc des déchets vers la mer. »
Étude et scénarios de réhabilitation
En 2014, la commune de Fouras-les-Bains sollicite la communauté d’agglomération Rochefort Océan (Caro) pour qu’une étude de caractérisation de la décharge et de ses risques environnementaux soit produite. Des scénarios de réhabilitation figurent également au programme de ce travail. Le sous-sol s’éclaire alors : l’ex décharge s’étend sur une surface de plus de 15 000 m², contient 22 000 m³ de déchets et gravats entassés sur une hauteur de plus de 2 mètres au cœur du site. « Trois scénarios d’intervention nous étaient suggérés, poursuit Éric Simonin. Enrayer l’érosion avec une digue de cailloux pour se donner le temps de trouver les moyens d’agir, nettoyer partiellement le dessus de la décharge et endiguer, ou excaver totalement le site. Ce dernier scénario a été préféré, mais il s’élevait à près de 7 millions d’euros… »
Une équipe renforcée
Face à l’ampleur de la tâche qui les attend, les élus de Fouras mobilisent progressivement plusieurs partenaires. Aux côtés de la commune et de la Caro (Gemapi), toutes deux prêtes à cofinancer les travaux, le conseil départemental, compétent en matière d’espaces naturels, se propose en 2019 d’assurer en délégation la maîtrise d’ouvrage du projet de dépollution et de renaturation du site, qu’il financerait également. Le Conservatoire du littoral confirme pour sa part sa volonté d’acquérir, une fois le processus de dépollution confirmé, une majorité des terrains périphériques à la baie. Cette dernière est une réserve naturelle nationale, alors en cours d’extension. Le site de l’ancienne décharge fait partie des projets d’acquisition du Conservatoire (il s’en rendra propriétaire en 2022). Reste à trouver les financements complémentaires pour faire aboutir le projet…
Tri sur place
Trois ans plus tard, en février 2022, la commune de Fouras-les-Bains et ses partenaires accueillent avec satisfaction l’annonce du Plan national de résorption des décharges littorales par le Président de la République à l’occasion du One ocean summit à Brest. La décharge de Magnou figure en effet parmi les trois premiers sites choisis, ce qui lui permet de bénéficier d’un cofinancement de 50 % du montant des travaux. Sur la base d’une étude de faisabilité complémentaire portant sur le volet renaturation, menée par le conseil départemental en 2020, les travaux démarrent alors rapidement.
Fin octobre 2023, ils sont presque terminés et ont illustré une méthode exemplaire. « Le tri des déchets s’est effectué sur place, afin de diriger les matériaux vers les filières ad hoc et réduire ainsi les trajets en camion, explique Éric Simonin. D’autre part, afin de ne pas dégrader les espaces naturels alentour, la zone de tri a pris place sur les zones polluées et été déplacée au fur et à mesure de l’avancement du chantier. Il reste quelques déchets à ramasser manuellement, ce que nous ferons en trois temps, d’ici l’été prochain. »
La renaturation se fonde sur une colonisation spontanée du site. Mais des épisodes de submersion marine pourraient faire évoluer le site « vers des prés-salés et des roselières » détaille le dossier de presse du projet.
Le projet en chiffres
Montant des travaux : 7,1 millions d’euros
Financement :
- Ademe : 3,55 millions d’euros
- Ministère de la transition écologique : 221 600 euros
- Conseil départemental de Charente-Maritime : 1,42 million d’euros
- Conseil régional des Pays de la Loire : 1 228 400 euros
- Communauté d’agglomération de Rochefort Océan : 340 000 euros
- Commune de Fouras-les-Bains : 340 000 euros
Commune de Fouras-les-bains
Nombre d'habitants :
Éric Simonin
Conseil départemental de Charente-Maritime
Sylvie Marcilly
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