À Flancourt-Crescy en Roumois, pari gagné sur tout la ligne avec le restaurant intergénérationnel (27)

L’équipe municipale de Flancourt-Crescy en Roumois dans l’Eure a réussi son défi : construire en matériaux sains un restaurant qui offre des produits locaux aux écoliers, aux seniors et aux habitants de la commune et des alentours. Atypique et polyvalent, le projet a connu un franc succès dès son ouverture en septembre 2024.

Ce 18 octobre 2024, la salle du Pavillon du Clos moisson de Flancourt-Crescy en Roumois, commune nouvelle de l’Eure, est comble. Les 250 convives, enfants des deux écoles avec des parents déguisés pour Halloween, aux côtés d’habitants de tous âges, ont dégusté des « doigts de Frankenstein » sur un lit de fils d’araignées. La veille, une dizaine de membres d’une association locale s’y retrouvait également. 

Ouvert pour la rentrée 2024-2025, ce restaurant de village est atypique tant il est polyvalent. Il est tout d’abord intergénérationnel et ouvert à tous les habitants, avec des prix à la carte, allant de 3,60 euros à 12,50 euros, le tarifs variant selon le statut : écolier, aîné du village ou de l’extérieur, visiteur...(voir encadré). Les convives n’ont pas besoin de réserver à l’avance et lorsqu’ils arrivent, ils peuvent se servir au self aux côtés des enfants. Seuls les groupes de six personnes et plus, doivent réserver avant 10 heures la veille. Un espace buffet est alors préparé, où les plats les attendent. « Cela évite d’embouteiller le self. Les enfants de la maternelle sont par contre servis à table par les Atsem », observe le maire, Bertrand Pécot. 

Un chef entouré de quatre agents communaux

La viande, les laitages, les légumes et bientôt les légumineuses, proviennent d’une petite dizaine de producteurs située dans un rayon de 20 kilomètres. Tout est préparé dans la cuisine professionnelle, tenue par un chef cuistot entouré de quatre agents communaux, formés pour l’occasion (second de cuisine, plonge, agent polyvalent en salle et entretien). 

Par ailleurs, un minibus communal de neuf places, conduit par un agent de la collectivité, emmène et ramène les convives âgés qui ne disposent pas ou plus de véhicule. Il leur suffit pour cela de laisser un message sur un répondeur avant 10 heures le matin même. « Ils ont le temps de manger tranquillement, de discuter et, s’ils le souhaitent, de jouer sur place jusqu’à 15 h 30. Grâce aux liens que ces personnes ont tissé avec d’autres convives, certaines covoiturent désormais », sourit le maire.

Des matériaux sains, une cuisine professionnelle

Mais ce n’est pas tout. Le bâtiment de 800 m², qui a représenté un investissement de 2,6 millions d’euros (dont presque 80 % financés par des aides publiques) est passif et isolé avec des matériaux sains (laine de bois...). Le toit est couvert de panneaux photovoltaïques dont la production est gérée par le Syndicat Intercommunal de l’électricité et du gaz de l’Eure (Siege 27), par délégation de maîtrise d’ouvrage. Le maire poursuit, « un acousticien nous a accompagnés pour choisir les matériaux et concevoir la salle de restauration de manière à ce qu’elle ne soit pas bruyante. Et c’est très réussi. Nous avions prévu des paravents acoustiques mais nous n’avons pas encore eu besoin de les utiliser. Nous avons aussi fait appel à un cuisiniste pour aménager une cuisine professionnelle et le laboratoire de transformation, indispensable pour travailler les produits locaux qui arrivent non transformés. » 

Qualité et proximité de l’alimentation et lien social

C’est un ensemble de constats et de prises de conscience qui a amené l’équipe municipale à penser ce projet hybride. « Les cantines des deux écoles, construites dans les années 1950, étaient devenues désuètes et sous-dimensionnées, il fallait trouver une solution », poursuit l’édile. « Aussi, un prestataire livrait les repas alors que les fermes du territoire pouvaient fournir une partie des produits. Par ailleurs, durant le Covid, lorsque nous nous rendions chez les personnes âgées isolées nous enquérir de leur santé, beaucoup nous répondaient que grâce à nos visites, elles voyaient plus de monde pendant la crise sanitaire qu’habituellement. » Le projet s’affine donc pour répondre à ces différents enjeux, ce qui n’est pas sans difficultés. À la fois restaurant et cantine, il sort des sentiers battus, notamment pour ce qui concerne la réglementation sanitaire. « Par exemple, ça n’a pas été simple de demander l’autorisation de fabriquer les steaks hachés et de transformer les œufs frais sur place. Mais les partenaires, et notamment la préfecture, ont suivi. Et le premier coup de pelle a pu être donné durant l’été 2023 sur un de nos terrains communaux », continue le maire.

Les producteurs, sensibilisés à la démarche par l’équipe municipale, sont alors invités à répondre à l’un des deux appels d’offres, spécifique à l’approvisionnement local, le second marché portant sur les produits plus lointains. Parallèlement, quatre agents communaux volontaires voient dans le restaurant intergénérationnel l’opportunité de se former et d’exercer un métier valorisant, au contact des habitants. 

Une capacité de 1 000 repas par jour

Quelques semaines après l’ouverture, le Pavillon du Clos Moisson répond à tous les objectifs visés par l’équipe municipale : disposer d’un bâtiment aux normes, rompre l’isolement des aînés, recréer des liens intergénérationnels entre les convives et proposer à tous des repas de qualité, constitués de produits qui font vivre les agriculteurs du secteur. « Certains enfants se mettent à goûter des légumes qu’ils n’ont pas l’habitude de manger chez eux. Et aussi, nous avions prévu dans la salle, un espace davantage réservé aux enfants et un autre pour les adultes. Finalement, ils mangent souvent aux mêmes tables », se félicite le maire. « Ce lieu est vivant comme les brasseries autrefois. » 

Prochaines étapes : la vente à prix réduit d’aliments préparés mais non consommés le midi ou encore, la livraison à d’autres écoles, puisque la capacité de la cuisine est de 1 000 repas/jour. « Nous réfléchissons aussi à l’organisation d’ateliers cuisine ouverts aux parents, grands-parents et enfants. » 

Un tarif différencié selon les convives

Représentant un investissement pour la municipalité de 2,6 millions d’euros, le restaurant intergénérationnel a été soutenu à hauteur de 77 %, notamment par le département de l’Eure (780 000 euros), l’État (800 000 euros), le programme Leader (22 000 euros), la Carsat (22 000 euros) et la MSA (10 000 euros). 

Le prix des repas pour les enfants est de 3,50 euros, grâce à une aide de la municipalité. Il est facturé 6,50 euros pour les retraités de la commune (la Carsat participant à hauteur de 3 euros) et 9,50 euros pour ceux habitent les communes limitrophes. Ce prix est aussi appliqué aux non-retraités de la commune et s’ils habitent ailleurs, le repas leur coûte à 12,50 euros. Les repas occasionnels sont facturés 15 euros. 

Le fonctionnement du restaurant

Le Pavillon du Clos Moisson est ouvert les lundi, mardi, jeudi et vendredi et pendant les périodes scolaires de 11 h 45 à 15 h 30. Tout le monde peut y déjeuner, une inscription est néanmoins demandée. La réservation des groupes de plus de six personnes se fait la veille avant 10 heures et celle du bus, le matin avant 10 heures (via un répondeur). 

Commune de Flancourt-Crescy en Roumois

Nombre d'habitants :

1586
1 place Roger Leclerc
27 310 Flancourt-Crescy en Roumois
mairie@flancourt-crescy-en-roumois.fr

Bertrand Pécot

Maire

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