Fameck installe un « jardin de pluie » (57)
Lors de la création d’un nouveau quartier sur d’anciennes terres agricoles traversées par un ruisseau, la commune de Fameck a travaillé avec une paysagiste pour créer des aménagements afin de faciliter l’infiltration de l'eau de pluie. L’objectif est de limiter la saturation des systèmes d'assainissement ainsi que les inondations.
Dans les vallées, l’urbanisation et la présence de terres agricoles qui ont peu de capacité d’infiltration ne font pas bon ménage avec les eaux de pluie… Dans la commune de Fameck (Moselle), le Domaine la Forêt, quartier de 700 logements sur près de 40 hectares sorti de terre entre 2013 et 2017, a donc dû intégrer la gestion des eaux pluviales. La solution trouvée ? La création d’un « jardin de pluie ». C’est-à-dire un ensemble d’aménagements paysagers (noues, fossé végétalisé, bassins en eau ou sec…) qui associe l'eau et le végétal. Ce type d’aménagement apporte différents services écosystémiques, notamment en faveur de la biodiversité ou pour la réduction du phénomène d'îlot de chaleur, selon le Cerema, qui a mis en avant cet exemple dans l’ouvrage Jardins de pluie. Cette approche repose sur le maintien ou la renaturation des sols, afin que l'eau de pluie s'infiltre au plus près de là où elle tombe, dans l’objectif de limiter la saturation des systèmes d'assainissement et déjouer les inondations.
Terres argileuses et ruisseau
Le Domaine de la forêt est une zone d’aménagement concertée composée de maisons individuelles et de petits habitats collectifs. Elle se trouve sur d’anciennes terres agricoles argileuses, entre la ville et la forêt, sur un coteau duquel coule un ruisseau avec de nombreux méandres, La Lenderre. « Au départ, un lotissement classique était prévu, mais il y a eu un problème réglementaire, car nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un ruisseau permanent et non un simple fossé agricole, avec donc des risques d’inondations. J’ai été missionnée par la commune pour faire l’assistance à Maîtrise d’ouvrage avec le promoteur. Nous avons proposé ce jardin de pluie, avec l’idée de donner un rôle central au ruisseau, qui devait être couvert et canalisé. Cela nous a aussi permis de penser autrement le quartier, les liaisons entre les zones urbaines et rurales avec des chemins piétons, la circulation des voitures, la place des jeux pour les enfants. Cela a aussi permis de garder des jardins et des espaces verts collectifs, de conserver des arbres… », explique Claire Alliot, paysagiste.
Des zones tampon
Le ruisseau a donc retrouvé un aspect naturel et sinueux, avec la consolidation des berges par l’installation de branchages de saules et la plantation d’arbres, pour que se développe une ripisylve naturelle de saules ou d'aulnes. Le talweg, le chemin par lequel coulent les eaux des courants naturels, a également été reprofilé. Enfin, des zones tampon ont été créées de chaque côté du cours d'eau, sous la forme d'une succession de paliers avec une très faible pente. Cela permet de réguler le débit du ruisseau : l’eau en excédent est stockée sur les paliers, et n’ira alors pas saturer les systèmes d'assainissement. Ce système de débordement permet d'inonder les paliers les uns après les autres, comme une succession de jardins de pluie.
Un îlot de fraîcheur
Aujourd'hui, le quartier ne rencontre plus de problème d'inondation selon la commune, qui constate plusieurs autres avantages, notamment d’ordre écologique « avec la création de nombreux écosystèmes naturels mais aussi pour le traitement des eaux pluviales ». De plus, « l’aspect naturel constitue un véritable îlot de fraîcheur pour les habitants et impose peu d’entretien aux services de la ville », note Maïm Bouazza, directeur des services techniques de Fameck. Grâce, par exemple, à la mise en place d’une gestion différenciée des espaces verts, avec des zones où les fauches de végétaux herbacés ne sont réalisées que deux fois par an. Les travaux de gestion d’eau pluviale et d’aménagement des espaces verts ont coûté environ 4,1 millions d’euros, pris en charge par l’aménageur. Mais Claire Alliod note que le surcoût de cette autre gestion des eaux, essentiellement en « matière grise », n’est pas élevé, notamment si l’on prend en compte les dépenses ou dégâts évitées et le bien-être des habitants.
Chiffres clefs : le Domaine de la forêt
- 40 hectares pour 700 logements environ
- 1,4 hectares de trame verte
- 4,1 millions d’euros pour les travaux de gestion d’eau pluviale et d’aménagement des espaces
Les différents services possibles d’un jardin de pluie selon le Cerema
- Service support : favorise le cycle naturel de l’eau, met en place des lieux favorables à la biodiversité, participe à la trame verte et bleue urbaine
- Service régulation : diminue l’effet d’îlot de chaleur, freine le débit hydraulique, améliore la qualité de l’eau, réduit les coûts d’assainissement, soutient l’activité agricole périurbaine
- Services culturels : activités récréatives et de loisirs, sensibilisation à la préservation des milieux aquatiques, valorisation du patrimoine culturel et naturel, aménités paysagères, observation de la flore et de la faune.
- Services approvisionnement : alimentation, eau potable, fabrication de fibres…
Plus d’infos, sur la fiche du Cerema consacrée aux jardins de pluie
Commune de Fameck
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