La Rochelle redonne vie au marais côtier de Tasdon (17)
En bordure de la ville de La Rochelle, le marais de Tasdon s'asséchait et se refermait progressivement. 3 ans d'études et 2 années de travaux de très grande ampleur ont permis de recréer sur les 84 hectares un fonctionnement hydraulique adapté et une diversité de milieux doux, saumâtres et salés. Le nouveau milieu naturel, recréé de toutes pièces par l'homme, est désormais propice au retour de la faune, notamment oiseaux migrateurs ou nicheurs, et un lieu de promenade prisé des habitants.
Depuis le vieux port de La Rochelle, le marais de Tasdon est à 10 minutes de vélo. Mais jusqu'en 2017, peu d'habitants en connaissaient l'existence. Et pour cause : l'ancien marais salant des années 1935 avait été progressivement remblayé et déconnecté de la mer, notamment pour construire le quartier de Villeneuve-les-Salines. « Quand nous parlions de marais au début du projet, les habitants ne le situaient pas, souligne Hélène Rouquette, directrice nature et paysage, et pilote du projet de renaturation. Pour eux, il y avait les lacs et des terrains vagues. »
« Le point de départ du projet, c'est le constat d'un marais recouvert de plantes invasives, qui s'assèche car il n'a plus de lien avec la mer et où les oiseaux ne nichent plus », indique la directrice. Le service nature et paysage commence par une campagne d'arrachage des plantes invasives mais, très vite, il note qu'il faut engager un projet plus conséquent pour redonner vie au marais, pour qu'il joue à nouveau son rôle écologique de « puits de carbone bleu ». De 2017 à 2019, 3 années d'études permettent de finaliser un schéma de fonctionnement hydraulique, d'obtenir les autorisations administratives (loi sur l'eau, dérogation espèces protégées…) et de boucler un plan de financement de près de 5 millions d'euros (voir encadré). « Au fil du temps, le projet a grossi. Aujourd’hui, il fait référence en France car il concentre tous les sujets de la gestion de l'eau et de la biodiversité en zone côtière », insiste la directrice.
2 ans de travaux pour la biodiversité
Les travaux se sont déroulés en 2020 et 2021. La renaturation du marais de Tasdon est d'abord au service de la biodiversité et recrée toutes les fonctionnalités naturelles d'un marais pour accueillir de nouveau la faune et la flore traditionnelles des marais côtiers. Pour cela, 10 ha de zones humides nouvelles ont été recréées à l'ouest (170.000 m3 de remblais ont été retirés) et reconnectées à l'océan. Le ruisseau de la Moulinette qui traverse le marais a été re-profilé sur 2,5 kilomètres pour retrouver une pente et un lit adaptés. « Nous avons ainsi réussi à recréer une diversité de milieux : prairies sèches, marais d'eau salée, saumâtre ou douce », précise la directrice. Sur les 84 hectares, 30 hectares sont une réserve naturelle, inaccessible à l'homme et 63.000 plantes semi-aquatiques ont été plantées sur l'ensemble du site.
Dans la renaturation de Tasdon, la bonne circulation des eaux est essentielle : 9 ouvrages hydrauliques ont été créés pour interconnecter les différents secteurs. « Désormais, nous avons les moyens de gérer les niveaux d'eau et maintenir le marais le plus longtemps possible en eau, surtout dans la période critique de la nidification des oiseaux, de février à juin », précise la directrice. En définitive, « 5 ans pour transformer un tel site, c'est plutôt court mais nous avions la maîtrise foncière publique de 98 % du site. La réussite du projet s'explique aussi très par une très bonne maîtrise d’œuvre en génie écologique et paysagiste. »
Au-delà du bon fonctionnement du marais, le projet consolide aussi les services rendus par la nature aux habitants : les 10 hectares de zones humides nouvelles sont une capacité supplémentaire de stockage des eaux pluviale (30.000 m3) pour lutter contre les inondations. 12 kilomètres de voies douces, dont 3 km exclusivement réservées aux piétons, ont été aménagés, notamment sur passerelles, pour faire du marais un espace d'agrément. Une tour d’observation du paysage a également été construite et 13 pontons de pêche créés.
Un chantier à la pelleteuse peut être un chantier écologique !
« Tout au long des études puis du chantier, nous avons très largement communiqué avec les habitants » : ateliers au stade études pour connaître leurs attentes, sur la pêche, la mobilité et le paysage, permanences sur site chaque mois, journal de projet tout au long du chantier… « Sur le site, tout est connecté, il n'était jamais facile de répondre simplement aux questions », admet la directrice. De plus, mener un chantier à visée écologique avec d'énormes pelles mécaniques a pu déstabiliser : « C'est dur à faire passer et pourtant, dès la première année des travaux, les oiseaux sont revenus sur le site, preuve qu'on allait bien dans le bon sens ! »
« Au printemps 2021, 9 couples d'échasses ont niché sur le marais, c'est notre grande récompense », s'enthousiasme la directrice. Avocettes, passereaux, bécassines sur le chemin de leur migration, œnanthe de Foucaud (plante ombellifère protégée en Europe) sont aussi ré-apparus. Côté habitants, « on n'aurait jamais imaginé que ce lieu devienne un lieu de promenade en si peu de temps ». La sensibilisation du promeneur est nécessaire pour qu'il respecte bien les milieux : « Le chien sans laisse est notre plus grand ennemi ! » Une vingtaine de panneaux explicatifs rappellent donc la réglementation et vulgarisent le fonctionnement du marais. Trois personnes en insertion vont désormais sillonner le site pour faire la médiation, en complément du relais nature de la Moulinette qui propose des animations pédagogiques aux enfants.
Pour entretenir les prairies sèches, des moutons ont fait leur apparition à l'été 2021. « Nous allons établir un plan de gestion global du site, ajoute la directrice. L'entretien est coûteux et nous aurons besoin de financements extérieurs ». La ville va donc déposer un dossier de réserve naturelle régionale, qui octroie des financements d'entretien. Le suivi des paramètres du nouveau marais est d'ores et déjà prévu et financé sur 10 ans.
Éléments financiers
La renaturation du marais de Tasdon a coûté 4,8 millions d’euros HT. Elle a bénéficié de 1,9 million d’euros de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, de 500.000 € de la région Nouvelle-Aquitaine, 440.000 € de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle, 100.000 € de l’Europe (FEDER) et 96.000 € de la Ville d’Aytré, en partie concernée par le projet. Le solde à charge de la ville de La Rochelle, 1,8 million d’euros, est financé par le Prêt au Secteur Public Local pour vous accompagner dans la transformation écologique et énergétique de votre territoire.
Commune de La Rochelle
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