À Céret, le musée et Pôle Emploi s’allient pour les demandeurs d’emploi (66)

À Céret, dans les Pyrénées-Orientales, un demandeur d’emploi sur deux est au chômage depuis plus d’un an. Le musée d’art moderne et Pôle Emploi Céret ont signé une convention de coopération : à travers la médiation des œuvres, ils aident les bénéficiaires à retrouver estime et confiance en eux.

« Le musée d’art moderne de Céret appartient aux citoyens, explique Michel Coste, maire de Céret et président de la communauté de communes du Vallespir. Il est ancré dans notre territoire depuis 1953, et ses actions en dehors des murs permettent l’accès à la culture à tous, ouvrent la possibilité de partager des émotions et sensations. Parmi les citoyens, les personnes en recherche d’emploi et de réinsertion vivent à l’occasion des médiations, une expérience qui se révèle extrêmement positive dans leur parcours personnel et professionnel. »

Comme souvent, l’expérience très particulière développée à Céret depuis 2017 trouve son origine dans une rencontre, celle entre un responsable d’équipe de Pôle Emploi et le musée, qu’il fréquente assidûment. « Dans l’environnement socio-économique de l’agence, le musée m’a semblé un énorme atout », considère Yves Bertin Ngoma, directeur de Pôle Emploi Céret qui s’est engagé dans la mise en œuvre de ce partenariat.

Impressions et expressions

Les personnes en recherche d’emploi depuis plusieurs années perdent souvent confiance en elles. L’expérience immersive qui leur est proposée compte deux demi-journées passées dans le musée. La première permet de découvrir le lieu et les œuvres et de ressentir des impressions en lien avec cette visite, tandis que la seconde est consacrée à l’expression des points de vue et des émotions qui traversent les uns et les autres. Plusieurs points concourent au succès de l’expérience : « les bénéficiaires partagent cette visite avec leur conseiller Pôle Emploi et le débrief se fait quelques jours plus tard. L’impact est concret, car la relation avec le conseiller se trouve transformée. De face-à-face, le positionnement entre eux devient côte à côte, et cette nouvelle alliance est scellée au service d’une recherche d’emploi plus pertinente », précise le directeur de l’agence. « Nous apportons un soin particulier pour recevoir ces personnes, en petit groupe de cinq ou six, avec deux conseillers Pôle Emploi ou le psychologue du travail. Elles se sentent accueillies de manière privilégiée et nous favorisons un espace de parole qui leur permet de manifester le plus librement possible leurs ressentis », complète Peggy Merchez, responsable du service des publics au musée. Le maire salue cet engagement de l’équipe du musée : « loin de tout élitisme, les professionnels du musée ont compris les enjeux et font preuve d’adaptation à des publics très divers ».

Lever les freins à l’emploi

De fait, ces situations permettent souvent de révéler des freins à la reprise d’activité, que les échanges plus conventionnels dans les locaux de Pôle Emploi n’avaient pas permis de déceler. Ainsi de cette femme licenciée pour des raisons de santé et dont le conseiller a compris qu’elle n’avait pas fait le deuil de son ancienne activité. Forte d’une formation à de nouvelles compétences, elle a retrouvé une activité professionnelle. Ou bien de ce cadre ultra-polyvalent qui a cessé l’éparpillement pour se concentrer sur deux axes de recherche, pour un aboutissement positif ! Ou bien encore, cette jeune femme menant de nombreux entretiens de recrutement sans suite et qui a été embauchée après son expérience au musée : « elle a pris conscience de son nouveau pouvoir de conviction ».

Agilité et ouverture

De la part des agents, ceux de Pôle Emploi autant que ceux que du musée, l’engagement est fort : « une telle démarche implique de changer de cadre de travail, d’envisager son métier dans sa dimension humaine avant tout. Bref, c’est beaucoup d’énergie et d’agilité mises au service des publics ». Pour le personnel du musée, l’expérience est aussi une source de fierté parce qu’ils sentent l’utilité de leur action au sein de ce lieu culturel. Au total, une dizaine d’ateliers par an ont été animés depuis 2017.

La convention de coopération entre les deux structures sera renouvelée prochainement, à l’occasion de l’arrivée d’un nouveau conservateur à la tête du musée. Pour Jean-Roch Dumont Saint Priest, directeur du musée, la poursuite de cette expérience s’impose. Il en résume ainsi les atouts : « Les personnes se sentent légitimes pour venir dans ce lieu et par là même, le musée s’ancre dans son environnement. De plus, l’œuvre d’art, en faisant appel à l’expression des émotions, enrichit la vision du monde, l’ouverture d’esprit. Pour nous, le musée est un lieu de vie du territoire et cette expérience extrêmement féconde symbolise à la fois cet ancrage territorial et la dimension de solidarité à laquelle nous sommes attachés. »

L’expérience a été récompensée en 2019 par le ministère de la Culture, avec le prix Osez le musée.

L’expérience en chiffres

  • 70 bénéficiaires par an
  • 12 000 € : dotation du Prix Osez le musée
  • 1 agent d’accueil au musée
  • 2 conseillers Pôle Emploi

Commune de Céret

Nombre d'habitants :

7753
6 Boulevard Maréchal Joffre
66 400 Céret

Michel Coste

Maire

Musée d'art moderne de Céret

8 Bd Maréchal Joffre
66 400 Céret
contact@musee-ceret.com

Jean-Roch Dumont Saint-Priest

Directeur

Peggy Merchez

Responsable du service des publics

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