À Arleuf, une ancienne boucherie reconvertie en gîte (58)

En acquérant en 2020 l’ancienne boucherie du centre bourg, la commune d’Arleuf s’est engagée dans un double défi : réhabiliter un bâtiment vacant, tout en proposant une offre de résidence qui réponde à la demande touristique. « Cela faisait une dizaine d’années que le bâtiment n’était plus occupé, après avoir été une boucherie pendant quarante ans, on ne pouvait pas le laisser dans cet état ! », rappelle Jean-Luc Blandin devenu maire en 2020, après avoir été premier adjoint de la commune nivernaise.

L’agence d’attractivité et de développement touristique de la Nièvre, Nièvre Attractive, avait pointé dans un diagnostic territorial une carence en hébergement pour petits groupes, dans ce secteur où le tourisme vert occupe une place importante. Il fallait donc favoriser la diversification de l’offre touristique et la conquête de nouvelles clientèles, tout en évitant que le bâtiment ne devienne une friche urbaine. 

L’équipe municipale lance alors une consultation pour la maîtrise d’œuvre. Une fois l’architecte désigné, toutes les études sont commandées et les premières esquisses du projet dessinées. « Certaines choses ne nous convenaient pas totalement sur les premiers plans, donc nous avons revu tout ça avec l’architecte, jusqu’à obtenir la version définitive », poursuit le maire d’Arleuf. 

Un projet mené à terme malgré les défis budgétaires

Sur la base de cette dernière version, les travaux commencent en 2023 pour faire de l’ancienne boucherie un gîte classé bâtiment basse consommation. Après rénovation, le bâtiment est doté de cinq chambres (2 chambres de 2 personnes et 3 chambres de 3 personnes), pouvant accueillir un total de 13 adultes et un bébé. Le calendrier fut scrupuleusement respecté, comme le souligne Jean-Luc Blandin : « Nous nous étions donné un an pour réaliser les travaux, et ces délais ont été respectés par l’ensemble des artisans qui ont travaillé sur le projet. »

Seule ombre à ce tableau globalement positif, le budget. « Nous avions eu une estimation à 560 000 euros HT de travaux. Quand nous avons ouvert les plis de l’appel d’offres, l’inflation était passée par là, nous étions plutôt dans une fourchette de 800 000 à 820 000 euros HT », explique le maire de la commune. Souci de taille, car les subventions sur lesquelles comptait l’équipe municipale ne suivent pas. « Elles sont calculées sur l’estimation initiale du projet, ajoute le maire. Nous avons donc déclaré presque tous les lots infructueux puis nous avons renégocié pour arriver à une enveloppe globale de 720 000 euros HT. »

Une gestion déléguée avec un loyer progressif

Pendant cette année de travaux, la mairie a planché sur la future gestion du gîte. La décision est rapidement prise. « En prenant la gestion directe, nous allions perdre des subventions du département, sans compter la charge financière que ça aurait fait peser sur le budget de la commune, qui aurait dû recruter une personne pour s’occuper du gîte. Nous avons donc décidé de le mettre en gérance, via un appel à candidature », poursuit Jean-Luc Blandin. Pour attirer les candidats, la mairie a mis en place un loyer progressif. « Gratuit pour les six mois de 2024, 700 euros par mois en 2025 et 900 euros par mois à partir de 2026. » Le gérant, avec ce loyer progressif à reverser à la mairie, a ainsi le temps de démarrer l’activité du gîte.

L’objectif « n’est pas de faire de l’argent », souligne le maire. « Le but est de dynamiser le village, qu’il y ait des retombées sur les commerces autour et de permettre à ceux qui viennent visiter notre région de se loger. »

Des débuts d’activité encourageants

Ouvert en juillet 2024, le gîte du Haut-Morvan a vécu un premier été encourageant, malgré l’absence de communication. « Puis nous avons fait le plein pendant les vacances de Noël. Ça avance petit à petit. Nous avons des réservations jusqu’à la fin de l’année : des réservations à la semaine, au week-end, de randonneurs pédestres ou VTT », explique Bernadette Guinot, gérante du gîte. L’hébergement est labellisé Clés vacances (3 clés) et référencé dans le réseau Accueil Vélo et les Offices de tourisme. « Nous avons fait les demandes de labellisation dès notre arrivée. Cela nous paraissait évident, compte tenu de l’emplacement du gîte », ajoute-t-elle.

Situé dans le Parc naturel régional du Morvan, le gîte est au croisement de nombreux chemins de randonnée pédestre ou vélo, sans compter sa vue panoramique sur le Haut-Folin, point culminant du Morvan, à 901 mètres d’altitude. « C’est un beau projet qui s’est globalement très bien passé, comme nous l’avions imaginé. Ce nouveau gîte dynamise notre commune et permet de proposer des hébergements touristiques dans une région qui en manque », conclut Jean-Luc Blandin.