À Anzat-le-Luguet, la zone humide renaturée (63)

À Anzat-le-Luguet, les sources du Rayet desservent en eau potable une partie des habitants du Puy-de-Dôme, du Cantal et de la Haute-Loire. Les travaux de renouvellement des conduites ont amené à restaurer une zone humide, en aval de la zone de captage. Grâce à cette renaturation, la commune d'Anzat-le-Luguet mise sur un renouveau local, via des perspectives de tourisme et d'agriculture rendues possibles avec cet aménagement.

Dans le parc naturel des volcans d'Auvergne, le Cézallier est un plateau bien arrosé, dont profite l'Alagnon, affluent de l'Allier qui rejoint ensuite la Loire, alimenté par les sources du Rayet à Anzat-le-Luguet (Puy-de-Dôme). Le Rayet est aussi un site de captage d'eau potable, qui dessert plus de 15 000 abonnés. Pourtant, malgré cette ressource en eau importante, le lieu a été quasiment privé d'eau durant 50 ans ! C'est aujourd'hui chose réparée : « Finalement, on a défait ce qui avait été construit dans une certaine logique pendant des décennies, rappelle le maire de la commune d'Anzat, Emmanuel Correia. Tout drainer a été une catastrophe, aujourd'hui, on restaure le fonctionnement ancien de l'eau ! »

À la fin des années 2010, le syndicat d'eau du Cézallier se lance dans la rénovation de son réseau d'eau potable. « Les conduites dataient des années cinquante et le syndicat voulait aussi valoriser la pression disponible pour produire de l'électricité », indique le maire, membre du syndicat. Contactée pour financer ce projet, l'Agence de l'eau Loire-Bretagne demande que le trop-plein capté - jusqu'à la moitié des 2,5 millions de m3 d'eau prélevés certaines années - soit restitué à proximité de la source et non délesté 13 kilomètres plus bas comme c'était alors le cas. « C'est là que nous avons été sollicités pour proposer une solution de restitution de l'eau qui apporte une plus-value au territoire », indique Émilie Dupuy, responsable du pôle Cantal du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) auvergne. L'association est la partenaire historique du Syndicat de gestion de l'Alagnon (Sigal), qui assure la restauration des cours d'eau sur l'ensemble du bassin-versant. En analysant le site, la technicienne du CEN repère l'existence de zones humides dégradées, juste en aval du site de captage. « Nous avons donc proposé de penser conjointement les deux projets, en dirigeant le trop-plein sur deux points ciblés, près de la zone humide à restaurer ».

Agriculteur, commune et propriétaires : ensemble pour restaurer la zone humide

Propriétaire d'une partie des terrains de la zone humide, la mairie d'Anzat-le-Luguet est convaincue par l'approche. Reste à avoir l'accord des propriétaires d'une autre parcelle concernée et de l'agriculteur exploitant de l'ensemble. « On a eu un alignement des planètes avec un exploitant ouvert au sujet et un maire très porteur », se réjouit la technicienne du CEN. Discuté en 2020, l'ensemble des travaux a ainsi été réalisé en 2021 par le Sigal : « Nous avons comblé les fossés drainant avec les merlons de curage restés sur place, retracé des écoulements pour se rapprocher au plus près du fonctionnement ancien en méandres et remplacé des buses par des ponts cadres », poursuit la technicienne. Quelques aménagements agropastoraux ont complété l'ensemble : passages à gué, clôtures, descentes aménagées pour abreuver les troupeaux. « Nous avons accepté dans un premier temps, de ne pas toucher à la prairie de fauche encore utilisée par l'exploitant : il faut savoir faire parfois des concessions, pour emporter l'adhésion. » L'agriculteur ayant cessé son activité début 2023, le syndicat vient de recréer des méandres pour l'écoulement de l’eau sur cette partie en avril, avant que la mairie ne conventionne avec un nouvel agriculteur pour gérer le site en respectant les aménagements.

Les acteurs du petit et du grand cycle de l'eau se rejoignent

Deux ans après la réalisation, le niveau de l'eau est remonté d'un mètre sur le site, l'eau a recreusé des méandres naturels. Un état des lieux de la flore sera réalisé prochainement, afin de comparer à l'état prétravaux. Il permettra de vérifier si le milieu a bien retrouvé un fonctionnement de zone humide, avec ses capacités notamment à stocker du CO2. « Ce projet est vraiment intéressant car il a permis de faire le lien entre acteurs du petit cycle de l'eau - l'eau potable - et du grand cycle de l'eau - bassins-versants -, souligne la technicienne du CEN. Si on travaille ensemble, on avance plus vite : le lien avec l'eau potable est un levier intéressant car il touche plus directement les habitants. » La restauration des sources du Rayet constitue désormais un site vitrine dans la région : « Nous allons y organiser nos prochaines journées techniques d'échange à l'automne ». Le CEN va également assurer le suivi du site durant 10 ans.

Un projet au bénéfice du développement local

Ce qui est particulièrement intéressant enfin, c'est que cette restauration va au-delà du bénéfice environnemental. « Ici, nous misons sur un développement local ancré sur nos atouts naturels, indique le maire. Le retour de l'eau, c'est un débit plus important pour la cascade d’Apcher, autour de laquelle nous venons de créer une boucle de randonnée qui passe sur une passerelle en bois dans la partie humide. » La mairie souhaite aussi consacrer des parcelles du site à la relance du maraîchage et au développement de plantes sauvages. « C'était autrefois courant ici, où poussent l'arnica, la gentiane… » Pour cela, elle vient d'adhérer à la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) ceinture verte de Clermont Auvergne qui soutient l’installation de maraîchers dans le cadre de son projet alimentaire territorial. La Scic va ainsi prendre en main toutes les études nécessaires pour installer cette future exploitation, qui pourrait aussi devenir un objectif de visite touristique. Le petit village d'Anzat devrait ainsi connaître un certain renouveau, grâce à l'eau !

Le point en quelques chiffres

  • 115 000 € de travaux ont été engagés par le Sigal pour restaurer la zone humide du Rayet. Ils sont subventionnés à 50 % par l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, 30 % par la région Auvergne Rhône Alpes et 20 % par l’Agglo Pays d’Issoire qui a la compétence Gemapi et dont fait partie la commune d'Anzat-le-Luguet.
  • Le programme de rénovation des réseaux d'eau potable engagé par le Syndicat d'eau du Cézallier a lui coûté 8 millions d'euros, mais va bien au-delà de la restitution du trop-plein sur le site des sources du Rayet.

Commune d'Anzat-le-Luguet

Nombre d'habitants :

175
Le Bourg d'Anzat
63 420 Anzat-le-Luguet
anzatleluguet.mairie@wanadoo.fr

Emmanuel Correia

Maire

Conservatoire d'espaces naturels Auvergne

Maison de la nature et de l’environnement, 17 avenue Jean Jaurès
63 200 Mozac

Émilie Dupuy

Responsable du pôle Cantal

Syndicat interdépartemental de gestion de l'Alagnon et ses affluents

6 rue du Docteur Mallet
15 500 Massiac
sigal@sigal-alagnon.fr

David Olagnol

Directeur

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