Innovation - Evaluer les pôles de compétitivité : discours de la méthode
Un an et demi après le lancement des pôles de compétitivité, France compétitivité, le réseau national de soutien aux pôles de compétitivité, a jugé nécessaire de s'interroger sur leur évaluation à l'occasion d'un séminaire organisé le 26 mars au Sénat. Si tout le monde s'accorde pour pointer la lenteur des financements publics ou le manque de relations entre les entreprises à l'intérieur des pôles, il reste à définir une méthode pour lancer de véritables évaluations. Chaque acteur a sa priorité : l'Etat, de son côté, cherche à connaître les apports de chaque pôle aux filières industrielles concernées, les entreprises recherchent le meilleur rapport coût/bénéfice et les régions souhaitent connaître l'impact des pôles sur l'économie de leurs territoires. Difficile dans ces conditions de trouver une méthode qui convienne à tous. La réunion n'a pas débouché sur des propositions concrètes mais elle a permis de mettre en avant les thèmes sur lesquels travailler : la mutualisation des compétences, ou l'effet "club", considéré comme essentiel dans la politique des pôles, la nécessité pour un pôle de mener une politique de projets, la capacité des pôles à s'ouvrir à l'extérieur et à améliorer la compétitivité de la France. Autre point souligné : le rôle de l'Etat et des collectivités locales. Si d'aucuns réclament un Etat "stratège", capable de dresser les grandes lignes de la politique des pôles, d'autres mettent en garde contre une centralisation trop importante qui pourrait freiner leur développement. "Il y a une contradiction entre la logique de territoires et le caractère national de l'Agence de la recherche", a ainsi affirmé Claude Gewerc, président du conseil régional de Picardie. Et d'ajouter, "il faut trouver un meilleur équilibre, en renforçant notamment le rôle des préfets". Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, a de son côté souligné la nécessité d'avoir une vision très large de l'espace des clusters français : "le pôle est un projet par définition sans frontière", a-t-il affirmé, critiquant les débats autour du zonage des pôles. Selon le sénateur de la Vienne, "on peut très bien imaginer qu'une société comme Toyota, originaire du Japon, fasse partie d'un de nos pôles, sous réserve qu'elle crée des emplois sur notre territoire".
Emilie Zapalski