Innovation - Les régions invitées à coordonner les pôles de compétitivité

Alors qu'un quatrième appel à projets pour les pôles de compétitivité a été lancé le 1er mars 2007, un séminaire vient de mettre en lumière le "décrochage" territorial de la politique industrielle de la France. Organisée le 9 mars à Angers par Entreprises territoires développement (ETD) avec l'Assemblée des communautés de France (ADCF) et EDF, cette rencontre a permis de souligner l'importance pour les collectivités locales, notamment des agglomérations, de s'impliquer dans le développement des pôles. Les explications de Bertrand Mary, chef de projet développement économique à ETD.

 

Localtis.info : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les collectivités en matière de pôles de compétitivité ?

Bertrand Mary : Au départ, l'Etat avait prévu la création d'une quinzaine de pôles de compétitivité. Finalement, il y en a 67 pour un budget global de 1,5 milliard d'euros, soit un montant par pôle très modeste. Or l'Etat tend à faire des pôles un instrument de la politique industrielle nationale au dépend des logiques d'ancrage territorial. Il néglige les bassins industriels traditionnels et privilégie les gros projets qui sont pilotés par les grands groupes industriels. A l'inverse, pour les collectivités locales, l'objectif est avant tout l'aménagement du territoire et le développement économique local. Il faut réussir à réconcilier ces deux objectifs qui ne sont pas contradictoires. Certaines villes, comme Lyon ou Toulouse, comptent profiter de la visibilité internationale des pôles de compétitivité pour rendre leur territoire attractif.

 

Quel est le rôle des collectivités dans les pôles de compétitivité ?
Les régions, mais aussi les agglomérations, ont une implication très forte dans le développement des pôles. Les exemples présentés lors du séminaire du 9 mars en témoignent. On peut citer Angers Loire Métropole, qui porte un projet de cité internationale sur l'agglomération pour accueillir étudiants et chercheurs étrangers. De son côté, la métropole nantaise vient d'adopter le projet Nantes génération recherche 2015, avec un budget de 200.000 euros par chercheur pour les attirer sur le territoire. Mais dans son dispositif initial, l'Etat n'avait pas prévu cette mobilisation. Maintenant les collectivités comptent alerter le gouvernement sur leur rôle.

 

Quelles sont vos propositions pour faire évoluer la politique des pôles ?
Il y a une réflexion à mener sur la politique globale de l'Etat. Nous souhaitons également qu'il y ait une évaluation de cette politique. A l'heure actuelle, il n'existe aucune transparence sur les financements des pôles. Il faut aussi éviter qu'il y ait une concurrence entre les différents acteurs des pôles. La Picardie et la Champagne-Ardenne, par exemple, qui se partagent le pôle "Industries et agro-Ressources", ont du mal à conduire une politique unique et cohérente. La coordination pourrait être assurée par les régions. Les exemples menés par d'autres pays européens peuvent nous aider à y voir plus clair. Le prochain séminaire, organisé en juin à Grenoble, abordera l'exemple de la politique de soutien aux clusters mis en place par la région de Stuttgart.

 

Propos recueillis par Emilie Zapalski

 

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