Episodes cévenols : nouvelle campagne de sensibilisation auprès des habitants de l'arc méditerranéen
Le ministère de la Transition écologique vient de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation dans les 15 départements de l’arc méditerranéen concernés par le risque d’épisodes cévenols, ce phénomène de pluies intenses qui a entraîné de nombreuses catastrophes ces dernières années, la plus récente étant celle qui a frappé l’ouest des Alpes-Maritimes en octobre 2015. L’objectif est d’alerter élus et population sur les bons comportements à adopter en cas de crise majeure.
Difficile d’imaginer qu’après la sécheresse et les incendies de cet été, des pluies diluviennes puissent frapper prochainement le pourtour méditerranéen. Et pourtant, le risque de précipitations intenses, connues depuis longtemps sous le nom d’épisodes cévenols, reste toujours très fort en automne, entraînant ces dernières années de nombreuses catastrophes, des inondations de Nîmes en octobre 1988 et de Vaison-la-Romaine en 1992 à celles ayant frappé l’ouest des Alpes-Maritimes le 3 octobre 2015.
Ces épisodes pluvieux, qui entraînent des précipitations supérieures à 200 mm en un jour, sont liés à des remontées d’air chaud, humide et instable en provenance de Méditerranée qui peuvent générer des orages violents, parfois stationnaires. Plus la température de la mer est élevée, plus l’évaporation est forte et les risques de pluies intenses importants.
15 départements concernés
"Nous souhaitons anticiper le plus possible ces phénomènes qui, avec le changement climatique, sont amenés à se renforcer en termes d’intensité, prévient Marc Mortureux, directeur général de la prévention des risques du ministère de la Transition écologique. Comme ils sont difficiles à prévoir, il est important de se mobiliser en amont et dans la durée." Sitôt arrivé au ministère de la Transition écologique, Nicolas Hulot a décidé en juin de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation auprès des populations des 15 départements exposés, du Roussillon à la Provence en passant par la vallée du Rhône*.
"Avec le ministère de l’Intérieur, nous avons mobilisé les préfets pour qu’ils se préparent et mobilisent à leur tour les services de l’Etat et les maires des communes concernées, en veillant notamment à ce que les plans communaux de sauvegarde soient opérationnels, connus et que des exercices soient faits régulièrement pour se les approprier", détaille Marc Mortureux. Depuis le 25 août, une campagne média grand public a démarré sous la forme de spots radio, d’insertions dans la presse quotidienne régionale et de messages sur les réseaux sociaux. Elle se déroulera jusqu’à fin octobre. Objectif : présenter les huit bons comportements à adopter face au danger et inviter chacun à préparer un kit de sécurité pour pouvoir vivre de manière autonome pendant trois jours en cas d’inondation et de coupure des réseaux d’eau courante, d’électricité et de téléphone. Les habitants sont invités à s’abriter, à se tenir informés et à rester à l’écoute des consignes des autorités, à ne pas prendre leur voiture et à reporter leurs déplacements, à se soucier de leurs voisins et des personnes vulnérables, à s’éloigner des cours d’eau, à ne pas descendre dans les sous-sols et à ne pas aller chercher leurs enfants à l’école, les établissements scolaires étant tenus d’assurer leur sécurité.
A la rentrée, les rectorats, en liaison avec les préfectures, vont d’ailleurs organiser des exercices et des animations dans les établissements des différentes académies concernées pour sensibiliser les jeunes et les préparer à affronter une crise. La campagne menée l’an dernier auprès de la communauté éducative (700 collèges dans 4 académies) a ainsi permis de toucher un million de personnes, estime-t-on au ministère.
Un nouveau service proposé par Vigicrues
Autre volet nécessaire pour développer une véritable culture du risque : la vigilance et la prévention. Via son site Vigicrues, le service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi) publie au moins deux fois par jour, 24h/24 et 7 jours/7 une carte de vigilance permettant aux autorités locales, notamment les préfets et les maires, mais aussi au grand public de se mettre en situation de réagir de manière appropriée en cas de danger. Au niveau national, Vigicrues couvre 22.000 kilomètres de cours d’eau aux abords desquels se trouve 75% de la population exposée au risque d’inondation. Depuis mars dernier, les 10.000 communes les plus à risque – celles dont les bassins versants sont à réaction rapide – peuvent s’abonner gratuitement sous différentes formes (mails, SMS, appels téléphoniques) à un nouveau service "Vigicrues flash". Grâce à l’utilisation de radars de Météo France alimentant un système de modélisation, les collectivités peuvent être alertées en aval et en temps réel d’un risque fort de débordements.
36 Papi labellisés
En termes de prévention, sur les 20 territoires de l'arc méditerranéen à risque important d'inondations identifiés au titre de la directive européenne inondation, "30 stratégies locales de gestion des risques d'inondation sont en cours d'élaboration ou, pour certaines, déjà finalisées conjointement entre les services de l'Etat et les parties prenantes des territoires concernés", indique le ministère de la Transition écologique. Et les collectivités s'engagent de plus en plus dans des programmes d'actions de prévention des inondations (Papi) qui leur permettent, via le Fonds Barnier, de bénéficier d'un accompagnement financier pour les travaux à engager. 36 Papi ou Papi d'intention sont aujourd'hui labellisés dans l'arc méditerranéen et d'autres sont en préparation. La compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi) dévolue aux EPCI à partir du 1er janvier 2018 va dans le bon sens, estime Marc Mortureux, car selon lui "dans beaucoup d'endroits, on voit que des efforts sont faits pour intégrer la prévention des inondations dans les politiques d'aménagement".
*Alpes de Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aveyron, Aude, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud, Haute-Corse, Drôme, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse