Environ 19 milliards d'euros par an sont nécessaires pour rentabiliser les investissements verts, selon France Stratégie

Dans une note d'analyse publiée ce 7 octobre, France Stratégie estime que des transferts d'environ 19 milliards d'euros par an seraient nécessaires entre 2024 et 2030 pour rentabiliser les investissements dans la transition écologique des secteurs du bâtiment et du transport routier notamment.

"Sur 85 milliards d'euros d'investissement nécessaires" à la transition climatique chaque année entre 2024 et 2030 dans le bâtiment et le transport routier, seul "un tiers" sera "rentable sans intervention publique", selon une note d'analyse de France Stratégie publiée ce 7 octobre. Cette rentabilité, pour les ménages, les entreprises et les collectivités, a été calculée en partant du postulat que "les prix de l'énergie restent à leur niveau de 2024", précise l'étude de l'organisme public.

"Rentabilité notable" des pompes à chaleur en cas d'intervention du secteur public

Pour les secteurs du bâtiment et de la rénovation énergétique, "et en particulier l'isolation thermique", France Stratégie estime que les investissements ne seront "généralement pas rentables (...) sauf intervention significative du secteur public", notamment pour que les ménages puissent changer leurs systèmes de chauffage du fioul ou du gaz par des pompes à chaleur, seul domaine qui "offrirait une rentabilité notable". Dans le secteur du transport routier, les avancées technologiques des véhicules électriques annoncent une rentabilité qui "s'améliorerait dans le temps", selon cette note.

Alors que l'atteinte de la neutralité carbone d'ici 2050 inscrite dans le Pacte vert européen a imposé des efforts de plus en plus soutenus en matière d'investissement pour atteindre la première étape d'objectif climatique pour 2030 d'une réduction de 55% des émissions carbone, le rapport Pisani-Ferry et Mahfouz publié par France Stratégie en mai 2023 à la demande de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne, avait déjà estimé les fonds publics et privés nécessaires à la transition climatique. La somme nécessaire y était évaluée "à 66 milliards d'euros par an d'investissements supplémentaires par rapport à un scénario tendanciel entre 2023 et 2030." "Certains 'investissements verts' généreront des économies d'énergie" mais "d'autres nécessiteront une intervention publique pour devenir viables" et encourager les acteurs à investir plus rapidement, soulignait le rapport qui suggérait que 50% des investissements totaux soient financés par l'État.

Adapter les subventions aux revenus des ménages

Dans sa nouvelle note d'analyse, France Stratégie a calculé que des transferts d'"environ 19 milliards d'euros par an seraient nécessaires entre 2024 et 2030" "pour rendre rentables les investissements non rentables". Un montant nettement supérieur au volume de subventions estimé à environ 8 milliards d'euros dans le budget de l'Etat 2024, sans compter les dispositifs non budgétaires tels que les certificats d'économies d'énergie (CEE), précise France Stratégie. Pour limiter l’impact sur les finances publiques, des incitations réglementaires, des malus sur l’achat d’actifs bruns ou l’usage de taxes carbones pourraient être privilégiés, recommande l'organisme. "Lorsque des subventions sont nécessaires, elles devraient être adaptées aux revenus des ménages pour restreindre les effets d’aubaine et inciter les ménages les plus modestes à participer à la transition", ajoute-t-il. Néanmoins, même si la rentabilité est assurée, relèvent les auteurs de l'étude, "certains ménages font face à des contraintes financières qui les empêchent de réaliser ces investissements". "Beaucoup ne disposent pas de liquidités su­ffisantes et pourraient rencontrer des di­fficultés à accéder au crédit, poursuivent-ils. Par exemple, les remboursements d’un crédit pour l’achat d’une voiture électrique neuve dépasseraient 21% des revenus pour la moitié des ménages français. Les ménages les moins aisés, en particulier, auront donc besoin d’un soutien supplémentaire pour financer ces investissements." Même constat dans le domaine de la rénovation thermique. Cette situation légitime donc selon France Stratégie les dispositifs existants tels que les prêts à taux zéro ou le leasing de voitures électriques.