Déserts médicaux - Embauche directe de médecins : les départements s'y mettent aussi
Confronté - comme nombre d'autres territoires - au problème de la désertification médicale, le conseil départemental de la Saône-et-Loire doit adopter ce 22 juin un "rapport d'intention" sur l'embauche de médecins généralistes, salariés par le département, au sein d'un centre de santé départemental multi-sites. Une initiative justifiée par une situation dégradée en matière d'accès aux soins. La Saône-et-Loire présente en effet une densité de 110,4 médecins généralistes (libéraux ou salariés) pour 100.000 habitants, contre 125,6 pour la région Bourgogne-Franche-Comté et 132,1 au niveau national.
Aller plus loin que "installeunmedecin.com"
Ce n'est certes pas la première fois qu'un département - et notamment la Saône-et-Loire - s'engage dans la lutte contre les déserts médicaux. Depuis quatre ans, le département met en effet en œuvre un dispositif original, à travers son site dédié "installeunmedecin.com". Pour faciliter l'installation des médecins libéraux, celui-ci met à disposition un accompagnement personnalisé à travers un guichet unique : le SIM71 (soutien aux installations médicales).
Celui-ci propose notamment un chèque à l'installation des médecins pour financer une partie des frais d'équipement et une aide au financement de cours de français médical pour les médecins étrangers, des bourses d'études pour les étudiants, mais aussi une aide aux collectivités du département pour financer le recours à un cabinet de recrutement et une subvention pour la construction ou la rénovation de locaux médicaux. SIM71 travaille en étroite liaison avec la plateforme d'appui aux professionnels de santé (Paps), mise en œuvre - comme dans toutes les régions - par l'agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté.
Mais, comme le reconnaît André Accary, le président du conseil départemental, "après quatre années de fonctionnement du dispositif installeunmedecin.com, force est de reconnaître que les incitations financières ne suffisent pas à enrayer le phénomène de désertification médicale".
Mise en place programmée pour janvier 2018
"Refusant la fatalité du déclin des soins de proximité", le département a donc choisi d'aller nettement plus loin, d'autant que, sous l'effet du vieillissement des praticiens, le nombre de cessations d'activité de médecins ne cesse d'augmenter depuis 2014, sans être compensé par des installations. Pour cela, la Saône-et-Loire prévoit d'embaucher directement des médecins généralistes. Ces recrutements passeraient par la création d'un centre de santé départemental et multi-sites. Une initiative que le département présente comme une première en France.
Au stade du "rapport d'intention", de nombreux points restent encore à préciser : nombre de recrutements envisagés (le département évoque une trentaine d'équivalents temps plein), rémunération des praticiens, fonctionnement de la maison de santé départementale... A priori, une dizaine de sites de Saône-et-Loire pourraient bénéficier de la mise en place d'une antenne de la maison de santé départementale et la rémunération de chaque médecin salarié devrait se situer autour de 5.000 euros mensuels pour un contrat de 35 heures hebdomadaires.
"Si nous installons des médecins départementaux dans un secteur géographique, et qu’ensuite, il y a un projet d’installation de libéraux, nous nous retirerons pour nous installer ailleurs", a expliqué André Accary dans une interview au site d'information Pourquoidocteur.fr, ajoutant : "Nous visons une solution complémentaire et non-concurrentielle. C'est tout l’avantage d’un dispositif départemental, qui permet cette souplesse : une commune ne peut pas le faire."
L'ARS et la caisse primaire d'assurance maladie auraient d'ores et déjà donné leur accord à la mise en place du dispositif. La mise en place de la maison de santé départementale est programmée pour janvier 2018. Il restera alors à attendre les candidatures.