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PLF 2023 : Éducation, un budget en hausse pour attirer des enseignants et les retenir

Le budget du ministère de l'Éducation nationale tel qu'il figure dans le projet de loi de finances pour 2023 présente une hausse notable des moyens. L'accent est mis sur les rémunérations des enseignants dans un contexte de crise du recrutement. On note également une première enveloppe de 150 millions pour le fonds d'innovation pédagogique.

Avec 59,6 milliards de crédit, soit une hausse de 6,5% par rapport à 2022, le budget de l'éducation et de la jeunesse du projet de loi de finances pour 2023 propose, selon le ministère de l'Éducation nationale, une "croissance inédite des moyens".

Sur cette hausse de 3,6 milliards, 2,9 milliards sont destinés aux premier et second degrés de l'enseignement public et privé, et particulièrement à une revalorisation des salaires des enseignants qualifiée d'"historique". Celle-ci se traduira par deux mesures phares. D'une part, la revalorisation de l’ensemble des professeurs et le renforcement de l’attractivité du métier – dont le recrutement est en très forte tension depuis plusieurs années –, afin d'assurer une rémunération des nouveaux titulaires à hauteur de 2.000 euros nets et une "redynamisation de la progression de carrière". En 2023, 635 millions d'euros seront consacrés à cet objectif sur la période septembre-décembre. D'autre part, le budget vise à "reconnaître une démarche d’engagement des enseignants en faveur de la transformation du système éducatif". Pour cela, une enveloppe de 300 millions est prévue pour 2023. Elle devrait correspondre, selon le ministère, à une hausse de rémunération d'environ 10% pour les enseignants volontaires.

Chute démographique

Ces augmentations et ce renforcement de l'attractivité du métier d'enseignant, qui ambitionnent de faire légèrement progresser les taux d'encadrement des élèves, s'inscrivent toutefois dans un contexte particulier. Selon le ministère de l'Éducation nationale, il convient en effet de "prendre acte de la chute démographique considérable" à laquelle la France est confrontée. On parle de la perte de 300.000 élèves sur les cinq dernières années. À la rentrée 2023, les diminutions attendues sont de 90.000 élèves dans le premier degré et de 10.000 dans le second degré. En termes d'emplois, ce sont donc 2.000 équivalents temps plein (ETP) qui disparaîtront, une baisse "moins forte que ce qu'une simple règle de trois aurait amenée", précise le ministère, qui estime à 5.000 la baisse des ETP si l'on avait suivi la courbe démographique.

Dans ce contexte, le dédoublement des classes en grande section de maternelle dans les zones d'éducation prioritaire va se poursuivre, de même que le plafonnement à 24 du nombre d'élèves en grande section, CP et CE1.

Au collège, les ressources seront notamment destinées à la montée en puissance des parcours préparatoires au professorat des écoles et aux sections internationales, avec l'ouverture de 43 sections dans des collèges parmi les plus défavorisés.

Le fonds d'innovation pédagogique, une "priorité absolue"

En matière d'encadrement des élèves toujours, le budget 2023 prévoit le recrutement de 4.000 AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) supplémentaires, pour atteindre 82.800 équivalents temps plein, soit environ 140.000 AESH, puisque ces personnels sont rarement employés à temps plein. À ce sujet, le ministère précise qu'il "ouvre le chantier" de l'augmentation du temps de travail des AESH pour tendre vers 35 heures par semaine. En outre, un redéploiement de postes d’enseignants dans les premier et second degrés est prévu afin de créer plus de 300 unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis) supplémentaires à la rentrée 2023.

On note encore dans le projet de budget l'inscription de 150 millions d'euros au titre du fonds d'innovation pédagogique érigé en "priorité absolue" du ministère à partir d'octobre, date de début des concertations dans les écoles, collèges et lycées volontaires (lire notre article du 29 août). Pour rappel, 500 millions sont prévus au titre de ce fonds pour la durée du quinquennat.

Poursuite des expérimentations territoriales

D'autres dispositifs éducatifs se voient renforcés dans le PLF. C'est le cas des Vacances apprenantes, qui se voient attribuer 12 millions d'euros. Ce dispositif mis en place durant la crise sanitaire a connu un "succès réel", explique le ministère. De la même manière, les Cordées de la réussite bénéficieront de 4 millions afin de faire accompagner 220.000 lycéens par des étudiants en 2023.

Au chapitre des expérimentations territoriales, le projet de loi de finances prévoit près de 9 millions d'euros pour les contrats locaux d’accompagnement (CLA), qui pourraient, à terme, prendre la place des actuels réseaux d'éducation prioritaire, et pour les territoires éducatifs ruraux (TER), déclinaisons rurales des cités éducatives qui visent à renforcer les prises en charge des enfants et des jeunes avant, pendant, autour et après le cadre scolaire.

Plus 10% pour le budget alloué à la jeunesse

Concernant la jeunesse, le budget alloué progresse de près de 10% par rapport à la loi de finances 2022, a annoncé le ministère de l'Education nationale. Ainsi, en 2023, "20 millions d'euros supplémentaires seront engagés pour le Service civique pour atteindre un budget total de 519 millions d'euros", détaille le ministère sans préciser à quelle échéance sera atteint le budget total. Le budget 2023 prévoit également une enveloppe de 140 millions d'euros pour le Service national universel (SNU), soit plus de 30 millions d'euros par rapport à 2022, ce qui correspondait à 2.200 euros par jeune et par séjour. 27 millions d'euros sont prévus pour pérenniser le mentorat. En 2021, une enveloppe de 30 millions d’euros était prévue pour déployer ce plan, destiné à atteindre 200.000 mentorés en 2022. Le ministère a également annoncé plus 5,5 millions d'euros pour l’animation en 2023 pour permettre la mise en œuvre du plan pour un renouveau de l’animation en accueils collectifs de mineurs, mis en place suite aux premières assises de l'animation qui avaient eu lieu entre novembre 2021 et janvier 2022. Il prévoit enfin une enveloppe de 4,1 millions d'euros pour la vie associative locale en 2023, estimant que cela représente une augmentation de 47% par rapport à 2022.

On remarque toutefois quelques absences dans ce budget. Ainsi, aucune aide spécifique du ministère de l'Éducation nationale n'est prévue pour accompagner les collectivités territoriales dans la rénovation énergétique des bâtiments scolaires. Pas plus que ne sont prévues d'enveloppes pour deux dispositifs expérimentés au collège cette année et qui devraient être généralisés à la rentrée 2023 : la demi-journée Avenir, consacrée à l'orientation, et les deux heures de sport hebdomadaires supplémentaires. De son côté, la réforme de la voie professionnelle (lire notre article du 13 septembre) ne fait pas non plus l'objet de crédits supplémentaires.