Emmanuel Macron lance la réforme de l'enseignement professionnel
Le président de la République a lancé la réforme de l'enseignement professionnel dont il souhaite accentuer l'ancrage local et auprès des entreprises pour mieux insérer les jeunes dans le monde du travail. Que ce soit en matière d'orientation ou de refonte de la carte des formations, les conseils régionaux auront un rôle majeur à jouer.
Après s'être adressé aux recteurs d'académie avant la rentrée des classes (lire notre article du 29 août), Emmanuel Macron s'est de nouveau mis en première ligne en matière d'éducation. Mardi 13 septembre 2022, lors d'un déplacement aux Sables-d'Olonne, le président de la République a présenté la réforme de l'enseignement professionnel qu'il appelle de ses vœux. Une réforme dans laquelle les régions tiendront un rôle important.
Si Emmanuel Macron a choisi cette rentrée pour lancer cette réforme, c'est pour une question de temps : ce "chantier essentiel" devrait en effet durer tout le quinquennat. Essentiel, ce chantier l'est aux yeux du président de la République car les 630.000 jeunes concernés par la voie professionnelle, soit un tiers des lycéens français, éprouvent plus de difficultés que les autres à s'insérer dans le monde du travail.
En finir avec le choix par défaut
Cette réforme de l'enseignement professionnel s'articulera autour de trois objectifs : en finir avec une orientation "subie", "mieux insérer" les lycéens professionnels, mais aussi améliorer les poursuites d'études de ces derniers dans l'enseignement supérieur.
Pour travailler le premier axe, l'Élysée compte sur les journées hebdomadaires "Avenir" consacrées à l'orientation qui vont être mises en place à partir de la classe de 5e. Organisées en concertation entre l'Éducation nationale, les régions et les entreprises, elles permettront de mettre en contact les collégiens avec ces dernières. "Orienter n'est pas un gros mot, a affirmé Emmanuel Macron aux Sables-d'Olonne. Si on s'organise bien, le lycée professionnel peut être le fruit d'un choix. Et la région joue un rôle-clé car elle rentre dans l'école."
Fermer les formations qui n'insèrent pas
"Trop peu de nos lycéens accèdent à des emplois ou des formations post-bac choisis", a également rappelé le président de la République devant les élèves du lycée Tabarly. En effet, deux ans après l'obtention de leur diplôme, seuls 41% des titulaires d'un CAP et 53% des titulaires d'un bac professionnel ont un emploi. Pour mieux insérer, l'Élysée entend une nouvelle fois jouer la carte du local en rénovant la carte des formations avec des parcours en adéquation avec les besoins des territoires. Ici encore, la concertation "main dans la main" entre régions, rectorats et entreprises sera au cœur de la réforme. Le cap est donc fixé : "Il faudra assumer ensemble de fermer [les formations] qui n’insèrent pas, et développer celles qui marchent. En créer aussi de nouvelles tournées vers les secteurs qui recrutent, adapter les diplômes aux nouvelles compétences requises en faisant preuve d'agilité." Emmanuel Macron s'est à cet égard inspiré de l'exemple du lycée Tabarly et de son environnement maritime : "Les formations qui sont ouvertes, ici en Vendée, correspondent à vos besoins."
Plus 50% de temps de stages
Pour préparer les jeunes à la recherche d'emploi avant la fin de leurs études, le président de la République désire en outre développant les temps de stages d’au moins 50% à partir de la rentrée 2023 et les rémunérer : "C'est un investissement de la nation. On ne peut pas demander aux entreprises de rémunérer les stages." Quant à "réarrimer" les lycées professionnels avec le monde du travail, cela passe par plus d’autonomie et de moyens pour les lycées professionnels afin d'innover. Parmi les pistes : recruter davantage de professeurs associés issus des entreprises.
Enfin, pour atteindre l'objectif visant à améliorer les poursuites d'études – alors que sur 64% des bacheliers professionnels qui candidatent à un BTS, seuls 35% y sont admis –, les lycées professionnels pourraient notamment développer des formations complémentaires d’initiative locale de niveau bac pour mieux intégrer un BTS. Dans la même logique, l'enseignement de matières générales comme les mathématiques et le français serait également renforcé. Sur ce thème, Emmanuel Macron a "revendiqué" d'associer savoirs fondamentaux et apprentissage d'un métier : "Ce serait une drôle d'école que celle qui déboucherait sur l'inactivité."
"Rendre la lycée professionnel plus fort", tel est donc l'ambition du chef de l'État. Dans les prochains mois, "un énorme travail de concertation va partir du terrain". Et des expérimentations pourraient avoir lieu rapidement dans certaines régions.