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Rentrée scolaire : Emmanuel Macron en chef d'équipe

Le ministre de l'Éducation nationale a tenu la traditionnelle conférence de presse d'avant-rentrée scolaire. Il y a notamment évoqué les difficultés de recrutement des enseignants mais aussi des conducteurs de bus scolaires. Avant lui, le président de la République a tenu un discours remarqué à la Sorbonne et annoncé un fonds en faveur de l'innovation pédagogique doté de 500 millions d'euros.

Une fois n'est pas coutume, les annonces gouvernementales concernant la rentrée scolaire de 2022, qui aura lieu jeudi 1er septembre 2022, se sont déroulées en plusieurs séquences distinctes. Et pour mieux souligner l'importance du sujet, le président de la République a même précédé son ministre de l'Éducation nationale.

Déficit d'enseignants…

Pap Ndiaye, lors de sa traditionnelle conférence de presse de rentrée, vendredi 26 août, est revenu sur le "contexte de tension inédit pour le recrutement des professeurs", avant d'assurer que son administration était "en train de recenser les besoins suite aux défections et démissions" et qu'elle allait "continuer de recourir aux listes complémentaires afin de couvrir les besoins". Plus de 4.000 postes étaient en effet non pourvus cette année à l'issue des concours. Sur ce même sujet, le ministre a précisé que le recrutement d'enseignants contractuels – qui représentent 1 à 1,5% dans le primaire et 8 à 9% dans le secondaire – constituait "l'autre enjeu".

Au-delà de la rentrée 2022, la question du recrutement des enseignants va faire l'objet de "réponses pérennes". Parmi celles-ci : la reconnaissance et la valorisation des enseignants, l'amélioration des conditions de travail et de rémunération, afin qu'aucun enseignant ne débute sa carrière "à moins de 2.000 euros nets". "Il nous faut créer un choc d'attractivité qui permettra à l'Éducation nationale de recruter davantage de personnes", a ajouté Pap Ndiaye avant d'annoncer pour l'automne des concertations avec les partenaires sociaux selon le cadrage budgétaire de la loi de finances pour 2023. Et au printemps 2023, un concours exceptionnel de titularisation d'un certain nombre d'enseignants contractuels sera ouvert.

… et de conducteurs de bus scolaires

De façon assez inédite, le ministre de l'Éducation nationale a fait de la question des transports scolaires son deuxième sujet de préoccupation. "De manière un peu voisine au sujet des enseignants, a-t-il commenté, nous sommes confrontés à un déficit de chauffeurs y compris pour les transports scolaires qui sont de la responsabilité des conseils régionaux. Cette crise est en effet plus aiguë cette année." Depuis le début de l'été, un travail étroit a donc été conduit entre les recteurs de régions académiques et les conseils régionaux afin d'assurer à la rentrée scolaire le transport collectif de 1,2 million d'élèves, selon Pap Ndiaye. Ainsi, le 24 août, afin de "construire un plan d'actions partagé", Pap Ndiaye, Olivier Dussopt, ministre du Travail, et Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports, ont reçu, en présence de représentants de Régions de France et du Gart (Groupement des autorités responsables de transport), les fédérations professionnelles concernées. Les trois ministres ont présenté les grandes lignes du "plan d’actions transports scolaires" porté par le gouvernement. Parmi les mesures : la rénovation du CAP conducteur de transports scolaires à compter de la rentrée 2023 "pour entrer dans un mouvement de restauration de l'attractivité de ce métier". Pour sa part, le Gart a rappelé que plus de la moitié des 4 millions d’élèves transportés chaque jour le sont par les réseaux de transport des métropoles, communautés d’agglomérations et communautés de communes et a souhaité que l’UTP (Union des transports publics et ferroviaires) soit associée à la suite des travaux sur ces questions.

Pour sa part, Régions de France, qui estime le déficit de conducteurs à environ 3.750 personnes, a précisé les mesures récemment déployées : adaptation, quand c’est possible, des horaires d’ouverture des classes, réorganisation des circuits, optimisation du remplissage des véhicules ou promotion des "bi-emplois" y compris en mobilisant des agents des collectivités locales. "Ces efforts partagés par le gouvernement, la profession et les collectivités nous permettent d’être raisonnablement optimistes quant au fonctionnement du service public de transport scolaire à la rentrée", a affirmé François Bonneau, président de la commission éducation, formation, emploi de Régions de France, qui aura l’occasion de faire un point de situation lors de la conférence de presse dédiée à la rentrée scolaire le 31 août.

Fournitures scolaires gratuites en 2023 ?

Troisième sujet abordé par Pap Ndiaye : le pouvoir d'achat des familles. Après le renforcement des aides ciblées apporté par la loi du 16 août 2022 portant mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat – hausse de 4% de l'allocation de rentrée scolaire et des bourses de collèges et lycées –, le ministre de l'Éducation nationale a dit souhaiter dès cette rentrée "le renforcement de 50%" des fonds sociaux qui permettent aux établissements d'apporter rapidement une aide aux élèves dont les familles rencontrent des difficultés.

Au chapitre du pouvoir d'achat des familles, on retiendra aussi de cette séquence gouvernementale consacrée à la rentrée scolaire l'annonce, ou plutôt l'annonce d'un souhait : celui d'Olivier Klein, ministre délégué chargé de la ville, qui a déclaré, vendredi 26 août sur France info, qu'il souhaitait un "trousseau" de fournitures scolaires gratuit pour les enfants des familles les plus en difficulté, notamment dans les quartiers de la politique de la ville et les cités éducatives, à la rentrée 2023.

Le trousseau de fournitures concernerait a minima l'enseignement primaire et pourrait, selon le ministre, être défini avec les parents et les enseignants. Pour le financer, Olivier Klein a évoqué des achats groupés des collectivités mais surtout une aide du ministère de la Ville en leur faveur, comme c'est déjà le cas à Clichy-sous-Bois, commune dont il est le maire. "Ce que le ministère de la Ville a pu faire pour Clichy-sous-Bois, il peut le faire pour d'autres", a-t-il précisé. Il se donne toute l'année scolaire pour faire aboutir ce dossier en collaboration avec Pap Ndiaye.

Sport, bâti scolaire et mixité sociale

Parmi les autres points-clés évoqués par Pap Ndiaye, on retiendra encore la poursuite du dédoublement des classes en éducation prioritaire, notamment en grande section de maternelle afin que 100% des classes concernées soient dédoublées à la rentrée 2024, ainsi que le plafonnement de la quasi-totalité des classes de grande section, CP et CE1 à 24 élèves. Par ailleurs, deux heures de sport supplémentaires par semaine seront instaurées dans les collèges volontaires. Dès cette rentrée, 140 collèges répartis sur tout le territoire s'y engagent déjà. On relève encore la mise en place à partir de la classe de 5e d'une demi-journée hebdomadaire baptisée "avenir" et consacrée à l'orientation, mais aussi l'évolution à venir d'une partie du bâti scolaire "en lien et dialogue étroit avec les collectivités". Ces mêmes collectivités seront également intéressées d'apprendre que la mixité sociale dans les établissements sera renforcée par l'implantation de filières d'excellence dans des établissements de l'éducation prioritaire et dans les établissements en général, "à l'instar de ce qui s'est fait à Paris et Toulouse" (lire notre article du 22 février 2021), et que 4.000 AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) supplémentaires ont été recrutés pour la rentrée.

"Révolution copernicienne"

Un chiffre a enfin attiré l'attention : les 500 millions d'euros du fonds consacré à l'innovation pédagogique. À qui profitera ce fonds ? La réponse – et l'annonce de sa mise en place – était venue la veille du président de la République lui-même. Intervenant en ouverture de la réunion de rentrée des recteurs, jeudi 25 août à la Sorbonne, Emmanuel Macron a dévoilé ce fonds d'innovation pédagogique, comme une synthèse de sa vision d'une école libérée de ses traditionnelles pesanteurs.

Ce fonds – présenté comme une "extension du plan Marseille en grand" – visera à définir des projets pédagogiques adaptés à la réalité de chaque établissement "au plus près du terrain". Dès septembre, les établissements, sur la base du volontariat, lanceront des concertations avec toutes leurs parties prenantes : chef d'établissement, enseignants, parents d'élèves mais aussi élus locaux. Ces réflexions aboutiront à la finalisation d'un projet pédagogique innovant en décembre, et les financements seront "déboursés au plus vite" selon des "procédures simples", a encore précisé le président de la République. Pour lui, la réponse doit venir du terrain et les recteurs, auxquels il s'adressait, ne devront que jouer le rôle de "facilitateurs".

Évoquant à plusieurs reprises une "révolution copernicienne", Emmanuel Macron a ajouté qu'il y aurait "des projets qui ne marcheront pas, des écoles qui ne voudront pas faire de projets, des projets qui échoueront, ce n'est pas grave du tout". De son côté, Pap Ndiaye a commenté cette annonce en affirmant : "Nous restons une éducation nationale, mais il faut accepter un peu d'air, de flexibilité."

Les grandes lignes de ce que sera ce fonds d'innovation pédagogique ne sont pas sans rappeler l'appel à manifestation d'intérêt en faveur de l'innovation dans la forme scolaire, lui-même doté de 250 millions d'euros (lire notre article du 17 décembre 2021). Selon nos informations, ces deux démarches s'inscrivent bien dans une démarche commune. Néanmoins, les arbitrages concernant notamment une fusion de ces enveloppes budgétaires n'ont pas encore été arrêtés entre le ministère de l'Éducation nationale et le SGPI (secrétariat général pour l'Investissement, placé sous l'autorité du Premier ministre).

 

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