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L'État plus présent dans le financement de l'éducation en France

L'étude "Repères et références statistiques" de l'éducation pour 2022 confirme certaines tendances de fond et laisse apparaître quelques nouveautés. Le nombre d'écoles primaires publiques continue de chuter, tandis que la part de l'État dans les dépenses d'éducation est à la hausse, au contraire de celle des collectivités.

Chaque année, la publication des services statistiques des ministères de l’Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche "Repères et références statistiques" permet de réaliser un tour d'horizon exhaustif des chiffres-clés et des évolutions chiffrées de tous les aspects des politiques éducatives en France.

Pour l'édition 2022, qui vient d'être mise en ligne, le premier enseignement frappant concerne la population des élèves et étudiants. À la rentrée 2021, on comptabilisait 15,8 millions d’élèves, apprentis et étudiants, soit une quasi-stabilité des effectifs sur un an (15,9 millions en 2020). Les évolutions sont toutefois très disparates selon le niveau et le statut. Les effectifs du premier degré diminuent pour la cinquième année consécutive (-1,3%), toujours en raison de la baisse de la natalité depuis 2010. Ceux des apprentis du secondaire augmentent fortement (+15,7%) tandis que ceux du second degré sous statut scolaire stagnent, avec une hausse dans les formations générales et technologiques (+1%) et une baisse plus marquée dans les formations professionnelles (-1,8%). Enfin, les établissements d’enseignement supérieur enregistrent une augmentation générale de 2,5% de leurs effectifs sur un an, avec, là encore, de forts contrastes : +9% pour les écoles de commerce et -4,9% pour les DUT.

Autres disparités notables : les évolutions d'effectifs selon les territoires. Les hausses les plus fortes sont enregistrées dans les académies de Mayotte (+3,9%) et Paris (+2,8%). Alors que les baisses les plus importantes concernent les académies de Martinique (-2,4%) et de Besançon (-0,8%). Le taux de scolarisation donne pour sa part une indication sur la dynamique démographique des départements. Sans surprise, Paris est en tête, avec 32,3% de sa population scolarisée, tandis que la Creuse ferme la marche avec seulement 14,4% de ses habitants scolarisés.

Toujours moins d'écoles primaires

Coté établissements cette fois, l'érosion continue pour les écoles primaires publiques (alors qu'à l'inverse le nombre de classes ouvertes augmente) : on en comptait 43.904 à la rentrée 2021, contre 44.262 un an plus tôt. Depuis 2010, la baisse atteint 10% et "s’explique en grande partie par des regroupements administratifs d’écoles", selon l'étude. Le secteur privé connaît dans le primaire une légère hausse, portée notamment par le développement soutenu des écoles hors contrat. On dénombrait 5.744 écoles primaires dans le privé à la rentrée 2021, dont 1.071 hors contrat (+5,4% en un an). En termes géographiques, si la moyenne nationale de la part des écoles privées sous contrat est de 9,6% dans le primaire, leur nombre représente 36,9% des écoles de Bretagne et 31% en Pays de la Loire, contre 3,3% dans le Grand Est et 4% en Bourgogne-France-Comté.

Dans le secondaire, le nombre d'établissements publics stagne (8.027 à la rentrée 2021 contre 8.023 un an plus tôt) alors que celui des établissements privés augmente légèrement (4.184 contre 4.156). Là encore, la dynamique des établissements hors contrat, et notamment des collèges (+12%) est à souligner. La part des établissements du secondaires est beaucoup forte que dans le primaire : 27,5% en moyenne nationale. Si les académies de Rennes (44,2% du total) et Nantes (41,1%) sont, sans surprise les plus fournies dans cette catégorie, Auvergne-Rhône-Alpes, avec 32,3% d'établissements privés secondaires, est largement au dessus de la moyenne, tandis que la Corse ferme la marche avec 8,5%.

Enfin, la hausse du nombre de CFA (centres de formations des apprentis) se poursuit rapidement : +20,1% en un an. On note que le secteur privé est largement plus développé que le secteur public : 1.596 établissements contre 168.

Des collèges plus récents que les lycées

À propos des établissements publics toujours, l'étude précise que les bâtiments des collèges sont plus récents : 24% datent d'avant 1970 et 21% d’entre eux ont été construits ou reconstruits depuis 2000. De leur côté, 46% des lycées d'enseignement général et technologique datent d'avant 1970 et seuls 13% d'après 2000.

L'édition 2022 des "Repères et statistiques" contient en outre une série d'indicateurs nouveaux concernant l'équipement numérique des établissements publics. On apprend ainsi qu'il existe en moyenne dans le primaire cinq terminaux informatiques fixes et huit terminaux mobiles pour cent élèves. Au collège, on relève 23 terminaux fixes et 17 terminaux mobiles pour cent élèves. Au lycée général et technologique, la proportion monte à 43 terminaux fixes et 23 terminaux mobiles. Le lycée professionnel étant à cet égard le mieux équipé : 71 terminaux fixes et 26 terminaux mobiles pour cent élèves.

Baisse du financement des collectivités

Enfin, la dépense intérieure d'éducation  est évaluée à 160,6 milliards d’euros en 2020 (contre 160,5 milliards un an plus tôt). En termes de structures de dépenses, on observe, après plusieurs années d'augmentation, que la part du premier degré fléchit légèrement (29,3% du total contre 29,7% un an plus tôt) tout comme celle de second degré (37,8% de la dépense total contre 38,1%). Au contraire, les parts respectives du supérieur, de la formation continue et du secteur extrascolaire sont augmentation.

En matière de dépense intérieure d'éducation, on notera surtout la hausse de la part de l'État, qui reste le premier financeur de l'éducation en France – 56,3% des dépenses en 2020, contre 55% en 2019 – et le tassement de celle des collectivités territoriales : 22,3% en 2020 contre 23,1% un an auparavant.

Le financement de l'État a ainsi atteint 90,4 milliards d'euros en 2020, contre 88,2 milliards en 2019. Celui des collectivités s'établissait à 35,7 milliards en 2020, contre 37 milliards un an plus tôt. Parmi les dépenses des collectivités, l'étude distingue la part dévolue aux écoles maternelles et élémentaires (15,2 milliards) de celle octroyée aux collèges et lycées (10,5 milliards). Les autres principaux financeurs sont les ménages (10,4%) et les entreprises (9,2%),par le biais de la taxe d’apprentissage et le financement de la formation continue.