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Développement durable - Economie circulaire : comment faire plus et mieux avec moins ?

Les premières Assises de l'économie circulaire se sont tenues le 17 juin à Paris. Réseaux d'élus et collectivités étaient présents pour partager leurs retours d'expérience. Et affiner les stratégies qu'elles sont incitées à impulser au niveau régional, comme l'a fixé la conférence environnementale de septembre dernier.

Co-organisé par l'Ademe et l'Institut de l'économie circulaire, les Assises de l'économie circulaire qui se se sont tenues à Paris le 17 juin sont le premier rendez-vous du genre à se consacrer à ce concept très transversal, non normalisé ni même stabilisé. "Pour commencer, on peut l'aborder sous deux prismes : approche sectorielle par filière ou bien le prisme territorial", distingue Philippe Bodenez, chef de la mission développement industriel durable au ministère de l'Economie. C'est ce second prisme qui nous intéresse. Mais que peuvent faire les élus en matière d'économie circulaire ?

Climat de confiance

"Les collectivités jouent un rôle concret dans la mise en œuvre opérationnelle d'une écologie industrielle et territoriale, qui représente la dimension territoriale de l'économie circulaire", assure Benoît Duret, fondateur d'une entreprise, Mydiane, qui accompagne des territoires et entreprises sur le sujet. Selon lui, "il importe qu'elles l'assument et soient des locomotives dans la mise en réseau des industriels et d'autres acteurs locaux, par exemple les universités, centres techniques et acteurs de l'économie sociale et solidaire". Avant toute démarche, il préconise d'établir "une cartographie des acteurs en présence", souvent nombreux et "aux modes de fonctionnement très différents". Cette "approche par les acteurs", impliquant du diagnostic, une recherche de synergies, l'instauration d'un climat de confiance et de coopération - préalable nécessaire à une saine dynamique de travail – rencontre sur le terrain quelques exemples concrets.
Dans l'Aube, un club d'écologie industrielle très actif a été lancé il y a dix ans par le département et une poignée d'industriels. Et dans les Bouches-du-Rhône, c'est une communauté d'agglomération, celle du Pays d'Aubagne, qui a identifié de grands secteurs et proposé aux entreprises d'une quinzaine de zones d'activités de s'impliquer dans une démarche d'écologie industrielle qui suit son cours. Donc faciliter les synergies : ce rôle qu'ont les collectivités, une note de l'Institut de l'économie circulaire (divulguée en avant-première le 17 juin, en lien avec un travail qui s'achèvera cet été), indique qu'elles devraient mieux l'assumer, en commençant par former leurs agents et "recruter du personnel compétent sur ces sujets techniques de l'écologie industrielle". De cette "montée en compétences" dépendrait, selon cette note, la facilitation des rencontres et "la mise en place de plateformes de projets".

Comptabilité matérielle, un préalable devenant indispensable

Autre conseil de l'expert Benoît Ducret aux élus : s'intéresser au "métabolisme" de leurs territoires. C'est-à-dire au recensement des flux matériels impliqués dans le fonctionnement de leurs territoires, ce qui souvent s'avère le plus pertinent à l'échelon régional. La méthode n'est pas nouvelle mais suscite un intérêt renouvelé et croissant. Cette comptabilité puis étude de flux (de produits alimentaires, de matériaux de construction) est en effet, selon lui, un bon point de départ pour cerner les risques "de pénurie, de pollution, d'opportunité de relocalisation". Et ainsi poser les bases d'une stratégie visant l'efficacité dans l'utilisation des ressources. La Bourgogne, qui vient de passer au peigne fin les flux de matières sur deux années (2012-2013) dans ses quatre départements, est sur ce point une région pionnière. "Demain, ce nouvel outil permettra de suivre et évaluer les effets des politiques décidées aujourd'hui", vante un guide que le ministère de l'Ecologie publie ce mois-ci et qui s'appuie grandement sur l'exemple bourguignon. Outre la production d'"indicateurs intégrés sur l'utilisation des flux de matières", sur lequel cet outil débouche, se pose un défi de gouvernance. Mais le guide est clair : "Conseils régionaux, directions régionales de l'Ademe et d'autres acteurs tels que les Dreal, ont toute la légitimité pour la structurer, par exemple via des comités régionaux dédiés à la gestion des ressources."

Echelon local

Stratégie régionale d'un côté, niveau local de l'autre pour la mise en œuvre opérationnelle... Le maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), Jean-François Caron, qui, en une quinzaine d'année, a fait de cette ancienne ville minière "le support d'un écosystème centré sur les éco-activités et l'économie circulaire" cite, en guise de levier d'action insuffisamment exploré au niveau municipal, celui des politiques achats et appels d'offres. Au sujet du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, où il préside une commission, l'élu indique qu'il s'y développe "un mode projet, avec moins de verticalité, plus de transversalité et des chefs de projet dédiés" à des problématiques relevant de l'économie circulaire.

Discours de la méthode

A la disposition des régions, une étude confiée par l'Ademe et l'Association des régions de France (ARF) à un consortium mené par le cabinet de conseil Auxilia, dont les premiers résultats ont été dévoilés lors des Assises, indique qu'"il y a donc plusieurs sortes de leviers", résume Caroline Valluis. Pour la directrice adjointe d'Auxilia, s'appuyer sur les réseaux existants est "un facteur de succès essentiel". Pour éviter les phénomènes de rejet et s'assurer que le projet s'ancre dans le territoire, elle préconise "d'expérimenter et de communiquer sur des expériences innovantes. Plutôt que de créer de nouvelles fonctions, le parti pris est de capitaliser sur l'existant et la confiance déjà accordée". Par ailleurs, attention à ne pas trop se disperser et se perdre en route, face au "foisonnement d'initiatives et dynamiques locales". "Les régions ont besoin d'un cadre méthodologique et cette étude conduite par Auxilia, qui se poursuit jusqu'au mois d'octobre, peut grandement nous y aider", motive Alain Chabrolle, vice-président (EELV) de la région Rhône-Alpes, délégué à la santé et à l'environnement. Début juillet, l'étude sera portée à la connaissance du maximum d'élus régionaux.

 

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