Handicap - Dix ans après, les groupes d'entraide mutuelle se sont bien installés dans le paysage
La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) publie, comme chaque année, un bilan d'activité des groupes d'entraide mutuelle (GEM). Ces structures originales et peu connues ont été créées par la loi Handicap du 11 février 2005 et leur cahier des charges a été précisé par un arrêté de juillet 2011 (voir notre article ci-contre du 28 juillet 2011). Le bilan qui vient d'être mis en ligne sur le site de la CNSA - même s'il est officiellement daté d'octobre 2014 - porte sur l'exercice 2013.
Un dispositif qui continue de monter en charge
Structures atypiques, les GEM "sont des dispositifs de prévention et de compensation de la restriction de la participation à la vie sociale, organisés sous forme associative". Ils accueillent des personnes aux troubles de santé similaires, qui les mettent en situation de fragilité. Leur fonctionnement repose sur le concept anglo-saxon de la "pair aidance" (aide entre pairs) : "en regroupant des personnes ayant des difficultés communes, ils valorisent le soutien mutuel et facilitent le lien social, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du GEM".
Les GEM sont soutenus par un "parrain" et des animateurs, professionnels salariés ou bénévoles, viennent en appui de leurs membres dans la gestion quotidienne, tout en n'ayant pas la fonction classique du travailleur social (de même que les GEM ne sont pas des structures médicosociales au sens de l'article L.312-1 du Code de l'action sociale et des familles).
Le bilan 2013 montre qu'après une relative stabilisation en 2012, le dispositif continue de monter en puissance, puisque sept nouveaux GEM ont été créés, aboutissant ainsi à un total de 373 groupes financés par les agences régionales de santé (ARS). Depuis dix ans, le nombre des GEM a été multiplié par trois et leur financement par six. En termes de publics, 89% des groupes accueillent des personnes en souffrance psychique et 11% des personnes cérébrolésées. Le financement moyen a été, en 2013, de 72.372 euros par GEM.
En termes d'activité, la fréquentation des GEM s'est accrue, avec une fréquentation moyenne de 68,4 personnes par groupe, soit une hausse de 4% par rapport à l'année précédente.
52% des GEM ont conventionné avec la commune d'implantation
Le bilan établi par la CNSA relève également une inscription forte des GEM dans leur environnement, avec "une progression significative des conventions de partenariat depuis 2009". Ainsi "80% des GEM ont une convention de partenariat avec le milieu associatif et 75% avec les acteurs de l'offre de soins et de l'accompagnement. 52% des GEM ont conventionné avec leur commune d'implantation et 48% ont un partenariat avec les acteurs de l'insertion sociale et professionnelle. Enfin, près de 17% des GEM ont un partenariat avec la MDPH [maison départementale des personnes handicapées, ndlr], soit une augmentation de 4% par rapport à 2012".
En termes de financement, 90% des ressources sont apportées par les ARS. Enfin, en termes de statut, 89% des GEM sont constitués en association d'usagers et 94% ont signé une convention de parrainage (+7% par rapport à 2012).
Cette réussite de structures à la fois originales et discrètes n'est pas exempte d'un certain nombre de difficultés. La CNSA relève ainsi que le plafond de la subvention des GEM n'a pas été revu à la hausse depuis leur création en 2005. Le Comité interministériel du handicap du 25 septembre 2013 a toutefois prévu deux mesures relatives aux GEM. La première concerne la mise sur pied d'un groupe de travail rassemblant tous les acteurs concernés et chargé de réfléchir à une révision du cahier des charges de 2011. La seconde consiste en une mission confiée à l'Ancreai (le réseau national des Creai) en vue "de disposer, presque dix ans après leur création, d'un regard extérieur sur l'impact des GEM pour les usagers les fréquentant, mais aussi pour leurs partenaires, dans une réflexion générale sur l'inscription des GEM dans un territoire donné". A ce jour, les résultats et les suites de ces deux chantiers ne sont pas encore connus.