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Réforme territoriale - Dette des régions : les fusions, une mauvaise affaire pour Midi-Pyrénées et la Picardie

Le redécoupage des 22 régions de l'Hexagone en 13 nouvelles régions va rebattre les cartes de l'endettement de ces collectivités, à l'avantage ou au détriment des anciennes régions. Selon une étude de l'agence de notation Moody's, les habitants des actuelles régions de Picardie, Midi-Pyrénées et Champagne-Ardenne vont voir l'importance de leur dette régionale grimper en flèche du fait des fusions qui vont intervenir le 1er janvier prochain. A l'inverse, les habitants des régions avec lesquelles elles vont fusionner bénéficieront d'un allègement du poids relatif de leur dette régionale. Ainsi, pour les habitants de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais réunis dans une seule région, la dette atteindra 107% des recettes régionales (un chiffre calculé à partir des données pour 2014 des deux régions), alors que ce ratio était, en 2014, de seulement 67% pour les habitants de Picardie. Avec la fusion, ceux-ci héritent de la dette du Nord-Pas-de-Calais, la deuxième dette régionale la plus élevée par rapport aux recettes courantes (128%).
De son côté, la région Midi-Pyrénées qui bénéficiait l'an dernier du pourcentage d'endettement le plus bas (28% des recettes courantes) va passer à un taux de 70% après sa fusion avec le Languedoc-Roussillon, région dont le taux d'endettement est de 118%. Autre région "perdante" : Champagne-Ardenne, dont l'endettement s'élève à 78% des recettes courantes. Le taux d'endettement de la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne sera bien supérieur (97%).
L'Ile-de-France, dont les limites ne sont pas modifiées par la réforme territoriale, continuera à être la région la plus endettée de France (141% de ses recettes courantes).
La fusion des régions ne permettra pas à celles-ci de réaliser des économies à court terme, estime Moody's. Le mois dernier, son concurrent Standard & Poor's émettait déjà cet avis dans une étude (voir notre article du 23 septembre 2015). Le doute plane donc sur les "importantes économies d'échelle" promises par le gouvernement dans l'étude d'impact de la loi sur la délimitation des régions. Une étude qui, toutefois, ne précisait pas l'horizon de ce résultat.
La réforme aura bien, quand même, des conséquences positives, assure Moody's. Qui évoque une "légère" réduction des écarts de richesse entre les régions et un accès plus facile des régions au marché obligataire, ce dernier leur permettant de diversifier leurs sources de financement.