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Environnement - Débat sur la transition énergétique : les ONG interpellent le gouvernement

Une vingtaine d'ONG et d'associations environnementales se mobilisent pour que le débat national sur la transition énergétique gagne en ambition et en efficacité.

Le 19 février, une vingtaine d'ONG et d'associations environnementales dont France Nature Environnement (FNE), WWF, le Comité de liaison énergies renouvelables (Cler), Agir pour l'environnement et Ecologie sans frontière ont pris parti en faveur d'un réveil du débat national sur la transition énergétique. En effet, bien que plusieurs d'entre elles participent aux groupes de travail mis en place dans le cadre du Conseil national qui pilote ce débat, elles le trouvent trop mou. D'autres ont choisi de ne pas siéger dans cette instance ou se sont retirées de la table des discussions. C'est le cas de Greenpeace. Jean-François Julliard, directeur général de cette association, en explique la raison : "A part quelques mesures qui vont dans le bon sens, l'avancement du débat ne laisse guère entrevoir de véritable changement. Le débat sur la sortie du nucléaire est évacué et concernant les énergies renouvelables, c'est le règne du flou."
Ces ONG et associations se sont entendues sur une dizaine de mesures "structurantes et indispensables pour une vraie transition énergétique". Elles réclament la "mise en place progressive d'une obligation de travaux pour tous les logements anciens individuels et collectifs dans l'objectif de les porter en moyenne au niveau d'exigences du label BBC", et la mise sur pied d'un "système de financement simple et efficace pour les particuliers souhaitant rénover leurs logements". Estimant qu'il existe d'importantes marges de manœuvre en matière de réduction de la consommation d'électricité, surtout dans le secteur tertiaire, elles préconisent de mettre fin à son gaspillage. Raphaël Claustre, directeur du Cler, estime que dans le bâtiment neuf les avancées sont sérieuses et qu'il faut donc se concentrer sur la rénovation : "Il ne faut pas que le débat échoue sur cet enjeu. Prendre des engagements chiffrés ne suffit plus. Un plan national est en préparation, sur lequel on a pour l'heure peu de retour."
En matière de mobilité, premier contributeur en émissions de gaz à effet de serre, il faut aussi "réorganiser la mobilité des personnes et des biens en privilégiant les circuits de proximité pour diminuer la contrainte en déplacements", ajoute Bruno Genty, président de France Nature Environnement (FNE). L'ensemble des associations s'accorde pour dire qu'il faut "freiner l'usage de la route et de l'avion en abandonnant tout projet aéroportuaire, autoroutier et routier". Et de pointer aussi la nécessité de fournir des financements adéquats pour "sécuriser l'offre de mobilité durable dans les mieux ruraux et périurbains". "Sous prétexte d'austérité, il ne faut pas différer ces investissements. Les coûts ne doivent pas faire peur, l'inaction coûtera encore plus cher", précise Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot pour ce débat.
Côté énergies renouvelables, le groupe conseille d'assurer "sur les vingt ans à venir un financement cohérent et lisible de l'électricité renouvelable, adapté aux baisses de coût". Pour "libérer les initiatives locales", il recommande de renforcer le droit à l'expérimentation et de donner plus de moyens financiers, politiques et réglementaires aux collectivités. Enfin, il suggère de rétablir l'autorité des collectivités sur la gestion des réseaux de distribution de l'électricité et du gaz, "en leur accordant la possibilité de créer une entreprise locale de distribution chargée d'assurer un vrai service public local de l'énergie".