Territoires - Crise de l'élevage : le gouvernement affine son plan de soutien
Une réunion interministérielle devait se tenir à Matignon ce mardi 28 juillet pour faire avancer le dossier de la commande publique et l'approvisionnement en produits français. Mais le gouvernement, qui jusqu'ici s'est refusé à instaurer un droit de préférence dans les marchés publics, comme le recommandait le président de l'Association des maires de France, marche sur des oeufs. "La France est dans l'Europe, l'agriculture française exporte en Europe. La fermeture des frontières n'est pas du tout la position du gouvernement", a déclaré Stéphane Le Foll, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion à Bercy sur la mise en œuvre du plan de soutien à l'élevage présenté le 22 juillet, en présence de Michel Sapin (Finances) et Emmanuel Macron (Economie). "On mène une négociation pour favoriser les achats d'origine française, cela ne se fait pas en empêchant ce qui est importé (…) On est dans une démarche de négociation pas d'opposition."
La réunion de Bercy, à laquelle participaient des représentants des banques (dont Bpifrance) et un Médiateur du crédit, était destinée à préciser les mesures liées à la restructuration des dettes des éleveurs. Restructuration et pas effacement, comme l'a rappelé Stéphane Le Foll. "On s'appuie sur les cellules d'urgence qui existent depuis le mois de février autour de l'Etat, des centres de gestion et des banques." Ces cellules ont été complétées dans le plan de soutien par la présence des médiateurs du crédit et de Bpifrance. Le plan préconise un allongement du remboursement des dettes de manière à faire baisser les annuités. Pour les jeunes agriculteurs ou les situations les plus délicates a été prévue une facilité supplémentaire : le médiateur pourra proposer de reporter les remboursements de 2015 à la fin du tableau d'amortissement. L'objectif : soulager la trésorerie des éleveurs pour parer à l'urgence. Les coûts seront supportés par Bpifrance qui pourra garantir jusqu'à 500 millions d'euros de crédits bancaires. "Septembre-novembre est une période particulièrement difficile pour les éleveurs", a souligné Michel Sapin, alors que la mobilisation des agriculteurs avait repris mardi matin et s'était déplacée dans le Nord-Est. Le paradoxe : le surendettement de certains éleveurs s'explique aussi par la décision prise en 2009 de reporter leurs annuités pour faire face à la crise économique…
Vers un groupement de commande en Poitou-Charentes
Le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, qui réclamait, lui, un véritable plan de désendettement, est resté sur sa faim après les annonces du gouvernement la semaine dernière. "Nous avons besoin d'un grand plan de désendettement, de moins de normes, de contrats justes et équitables, mais aussi de prix, de prix et encore de prix", insiste le président d'Avril (Sofiprotéol), dans une "lettre aux paysans" datée du 28 juillet, cherchant par là même à resserrer les rangs de la puissante fédération. Rappelons que l'une des nombreuses causes de la crise de l'élevage - au-delà des marges prohibitives de la distribution et de la transformation, du manque de compétitivité des abattoirs, de la concurrence de l'Espagne ou de l'Allemagne, de la fermeture du marché russe, etc. -, c'est aussi le manque de solidarité entre les filières (céréaliers contre éleveurs).
De leur côté, les trois associations d'élus (AMF, ADF et ARF) qui, dans une position commune, avaient demandé vendredi un aménagement du Code des marchés publics pour s'approvisionner localement, étaient toujours en attente, ce mardi, de leur rendez-vous. Le Premier ministre avait assuré qu'elles seraient reçues prochainement par Emmanuel Macron et Marylise Lebranchu (Décentralisation). Ces derniers jours ont vu une mobilisation croissante des élus sur ce terrain. "Si les réponses apportées ces derniers jours par le gouvernement sont nécessaires, elles demeurent largement insuffisantes (…) Aucune perspective d'avenir n'a été destinée pour cette filière. Seules des mesures de très court terme ont été annoncées", déplorait le 24 juillet Pascal Coste, le président de la commission Nouvelle ruralité de l'ADF et président (LR) du conseil départemental de Corrèze, saluant l'initiative du département de la Mayenne s'étant engagé à assurer l'approvisionnement de ses restaurants scolaires soit 100% d'origine française et 50% local. Dans la même veine, la région Poitou-Charentes a annoncé, lundi, vouloir créer un groupement de commandes avec les quatre départements de la Vienne, des Deux-Sèvres, de la Charente et de la Charente-Maritime.